Comment libérer la parole, mais sans ouvrir la bouche ? En adoptant le geste de Judith Godrèche, largement relayé, qui est venu bousculer cette 77e édition du Festival de Cannes. A savoir : les deux mains croisées, et simplement posées sur la bouche. Un signe hérité des manifestations féministes.
Et qui n'est pas déployé dans n'importe quel contexte. En plein mouvement #MeTooCinema, Judith Godrèche vient présenter son court-métrage, au titre tout aussi évocateur : Moi aussi. Une oeuvre intime et politique projetée dans le cadre de la cérémonie d'ouverture de la compétition "Un Certain regard". C'est pour cette raison que la comédienne et cinéaste est venue monter les marches le 15 mai.
Et qu'elle, et son équipe, se sont à l'unisson pris la main, avant de la poser sur la bouche. Ou comment associer soutien aux victimes de violences sexistes et sexuelles, et dénonciation de l'impunité des agresseurs...
Et cela n'a pas manqué de faire réagir ! Sur place, le journaliste Paul Larrouturou constate que Judith Godrèche est "acclamée par des femmes, en larmes, qui lui crient : merci !". Des clameurs qui font écho aux hourras et applaudissements décochés par les très nombreuses manifestantes lors de la Marche du 8 mars. Ce à quoi la principale concernée avait réagi : "Merci. J'espère être à la hauteur de tant de générosité".
Pour le journaliste, bien plus qu'un symbole précédant une projection, c'est un véritable "signe de ralliement". A l'image des slogans déployés lors des mobilisations féministes. Sur le tapis rouge, Judith Godrèche pouvait aussi compter sur une consoeur comédienne, et pas des moindres, sa propre fille, Tess Barthélémy, que les fans de sa géniale minisérie Arte autobio, Icon of French Cinema, connaissent déjà bien.
Le nom de Judith Godrèche retentit au sein de la Croisette. L'actrice exige notamment l'éviction du patron du CNC, Dominique Boutonnat, accusé d'agressions sexuelles et mis en examen pour agression sexuelle par son filleul. Elle porte sur elle des convictions que des artistes phares de cette édition, telles que Juliette Binoche, Greta Gerwig (la présidente du Festival) et Camille Cottin sout venues saluer et applaudir.