"Hé Mademoiselle" : le court-métrage d'animation qui met K.O. le harcèlement de rue

Publié le Vendredi 01 Avril 2016
Anaïs Orieul
Par Anaïs Orieul Journaliste
"Hé Mademoiselle" : un court-métrage d'animation pour sensibiliser au problème du harcèlement de rue
"Hé Mademoiselle" : un court-métrage d'animation pour sensibiliser au problème du harcèlement de rue
Le harcèlement de rue à la sauce Walt Disney, c'est plus ou moins ce que propose le court-métrage d'animation intitulé "Hé Mademoiselle". Réalisé par cinq étudiants de l'ESMA, ce petit film pop et musical dénonce avec ironie le quotidien de millions de femmes, et fait déjà le buzz sur YouTube.
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C'est un court-métrage en apparence léger mais qui traite un sujet qui l'est beaucoup moins. Dans "Hé Mademoiselle", un petit film d'animation façon Walt Disney, une jeune femme nommée Zoé tente de poursuivre son chemin dans les rues de Paris tout en poussant la chansonnette. Mais à l'inverse de Cendrillon ou Blanche-Neige, ce ne sont pas de gentils oiseaux qui l'attendent à chaque coin de rue mais plutôt de gros lourdingues. Sifflements, compliments qui n'en sont pas vraiment, insultes et même attouchements, la demoiselle en question doit faire face à un harcèlement de rue de plus en plus oppressant à mesure que le film avance, mais spoiler alert, Zoé se rapproche plutôt de Mulan que des princesses alanguies et finit donc par flanquer une bonne raclée à ses harceleurs.

Pop, drôle mais franchement sarcastique, ce court-métrage a été réalisé par cinq étudiants de l'ESMA (Ecole Supérieure des Métiers Artistiques) dans le cadre de leur projet de fin d'études. Posté sur YouTube il y a quelques jours seulement, il culmine déjà à plus de 210 000 vues et fait le buzz sur les réseaux sociaux. Il faut dire que le sujet est plus que jamais d'actualité. A une époque où 100% des Françaises se sont déjà fait harceler dans les transports en commun et où l'Allemagne est obligée de mettre en place des wagons de train réservés aux femmes, le harcèlement de rue se pose comme un véritable problème de société.

Interrogé par Le Figaro, l'un des cinq étudiants ayant participé à ce projet, Victor Dulon, a expliqué que c'est le harcèlement de rue subit chaque jour par les deux filles de leur groupe qui les avait poussés à s'intéresser de près à ce véritable fléau. Il ajoute : "C'est un sujet méconnu du grand public, surtout masculin. L'objectif était donc de sensibiliser ceux qui ne le subissent pas". Et pour sensibiliser les hommes sans passer pour des donneurs de leçon, les cinq amis ont donc choisi de miser sur le côté comédie musicale, afin "d'enrober et de colorer" le sujet.

Des réactions violentes et des insultes

En s'attaquant à cette thématique, les étudiants de l'ESMA ont suscité énormément de réactions, et pas toujours positives. Du manque de mixité chez les personnages au physique de l'héroïne, accusée de véhiculer des standards de beauté impossible à atteindre, tout ou presque y est passé. Si l'étudiant estime qu'il y a eu incompréhension, on regrettera tout de même la scène finale du court-métrage, nous montrant une Zoé rentrée chez elle après avoir mis K.O. les lourds de service mais obligée de subir la question de son mec "Quand est-ce qu'on mange ?" Une chute malheureusement assez clichée qui renforce les stéréotypes de genre plutôt que de les déconstruire. Mais pour les étudiants, le but était avant tout de toucher "la corde sensible de la relation entre les hommes et les femmes, des inconnus qui vivent dans le même espace public de la ville". Un espace public, qui comme le montre si bien ce petit film, est loin d'être hospitalier pour 50% de la population...

Auréolé du grand prix du jury du festival étudiant Polycule de Bruxelles, le court-métrage d'animation "Hé Mademoiselle", a également été sélectionné au festival de courts-métrages et nouveaux talents Cinemator de Carros. Le public russe pourra également le retrouver au Multivision film festival de Saint-Pétersbourg.