#HimToo, le hashtag polémique qui "défend" les hommes face à #MeToo

Publié le Lundi 15 Octobre 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Brett Kavanaugh
Brett Kavanaugh
Le mot-clé #HimToo ("Lui aussi") est arrivé sur le devant de la scène avec l'affaire du juge Brett Kavanaugh aux Etats-Unis. Ceux et celles qui l'utilisent veulent défendre des hommes qu'ils et elles pensent être en danger.
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Le tweet d'Alyssa Milano qui a fait exploser le mouvement #MeToo a un an ce lundi 15 octobre. C'est l'heure des bilans. Et comme dans chaque mouvement de cet ampleur, il y a des avancées et des reflux qui s'en suivent.

Certains hommes ont aujourd'hui peur. Peur de quoi ? Sûrement peur de perdre une partie de leurs privilèges. Donald Trump a par exemple déclaré au moment de l'affaire Kavanaugh, ce juge américain accusé de tentative de viol, que nous serions en train de vivre "une époque vraiment terrifiante pour les jeunes hommes en Amérique, vous pouvez être coupable de quelque chose dont vous n'êtes pas coupable".

Alors des hommes (et des femmes) ont réutilisé un hashtag #HimToo ("Lui aussi"). Un mot-clé défendant les hommes qui seraient "la cible" des femmes.

Parmi ces messages, la mère d'un militaire s'est fendu d'un tweet depuis supprimé, où elle poste la photo de son fils et détaille tous ses diplômes et honneurs avant d'ajouter : "C'est mon fils [...] C'est un gentleman qui traite les femmes avec respect. Mais il n'a aucun rendez-vous galant à cause du climat ambiant, plein de fausses accusations sexuelles portées par des féministes radicales prêtes à tout. Je vote. #LuiAussi"

"Je vote" parce que début novembre se tiendront les élections de mi-mandat aux États-Unis. Les électeur·trices voteront pour des sièges de représentant·es mais également de gouverneur·euses. Les accusations contre Brett Kavanaugh, juge très conservateur nommé par Donald Trump, ont soudé un électorat républicain et conservateur.

Les internautes se sont alors emparés de la photo de cette dame pour en faire un mème. Un mème est un contenu (une photo, une vidéo, un texte) qui est repris et détourné à l'infini sur internet. On a par exemple pu trouver celui de l'humoriste Luna Malbroux qui écrit : "C'est mon fils. C'est un gentleman qui traite les femmes avec respect. Il a peur de sortir avec quelqu'un en ce moment à cause du climat actuel. Sérieusement, à cause du climat actuel, ses futurs enfants ne pourront pas survivre. Je vote. #HimToo"

Une professeure tweete : "C'est mon fils. Il a terminé premier au championnat de judo de Leningrad en 1976 et a consacré sa carrière à la promotion de la loi et de l'ordre. Il ne sortira plus en solo à cause de fausses accusations d'empoisonnement à la dioxine, au polonium et à Novichok. Je vote, comme 113% de mes amis. #HimToo ".

Celui-ci s'amuse de la phrase de cette "maman-poule" avec une image du dessin animé Bob l'éponge : "C'est MON fils. Il est diplômé #1 de l'école de navigation de plaisance. Il a reçu 374 prix consécutifs de l'employé du mois. IL ÉTAIT NUMÉRO UN. C'est un gentleman qui respecte les femmes. Il ne sortira pas en solo à cause du climat actuel de recettes de galettes de crabe volées. JE VOTE #HimToo"

Ou encore : "C'est mon soleil. Il ne sortira pas avec des filles parce qu'il s'agit d'une masse géante de gaz incandescent et est donc trop chaud pour être manipulé. #HimToo"

Le fils de "BlueStarNavyMom", Pieter Hanson, atteint par la polémique, a répondu à sa mère pour se défendre : "C'était ma mère. Parfois, les gens que nous aimons font des choses qui nous blessent sans nous en rendre compte. Faisons demi-tour. Je respecte et je crois les femmes. Je n'ai jamais soutenu et ne soutiendrai jamais #HimToo. Je suis un fier vétéran de la Marine, propriétaire de chat et un allié. Twitter, votre jeu de mèmes est hors sujet."


Mettant à mal le hashtag #HimToo, une étude du ministère de la Justice américaine citée par l'AFP rappelle que les fausses accusations de violences sexuelles sont rares, "de 2 à 10% des plaintes selon les définitions retenues". Cette étude mentionne également qu'une victime de viol sur dix est un homme. Les hommes américains auraient donc plus de chance d'être victime d'agression sexuelle que d'accusations mensongères.

En France, les accusations mensongères sont rares et on estime au contraire que seulement une victime sur douze fait des démarches pour porter plainte. 3,9 % des hommes ont été victimes de violences sexuelles selon des chiffres du secrétariat d'État à l'égalité homme femme.