"Suffrajitsu" : comment les suffragettes ont utilisé les arts martiaux pour obtenir le droit de vote

Publié le Mercredi 18 Novembre 2015
Ariane Hermelin
Par Ariane Hermelin Journaliste Terrafemina
Journaliste société passée par le documentaire et les débats en ligne sur feu Newsring.fr.
La couverture de la bande dessinée "Suffrajitsu"
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Saviez-vous que les suffragettes anglaises avaient eu recours aux arts martiaux pour obtenir le droit de vote des femmes en Angleterre ? Cet aspect méconnu de leur combat fait l'objet d'une bande dessinée ainsi que d'un article sur le site de la BBC à l'occasion de la sortie du film "Les Suffragettes" ce 18 novembre.
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On a du mal à l'imaginer, mais les suffragettes qui se sont battues en Angleterre avant la Première guerre mondiale pour le droit de vote des femmes pratiquaient, pour certaines, les arts martiaux. C'est après une échauffourée avec la police lors d'une marche le 18 novembre 1910 qui coûta la vie à deux femmes que les militantes féministes décidèrent de renoncer aux actions pacifistes pour défendre leurs idées, comme le raconte un article sur le site de la BBC dans le cadre de la sortie du film Les Suffragettes.

Dans cette optique, elles s'initièrent au jiu-jitsu en suivant les cours prodigués par Edith Garrud, qui tenait une école d'arts martiaux avec son époux à Londres à cette époque, et qui commenca à leur dispenser des cours spéciaux.

"A cette époque, plus que de la police, il s'agissait surtout de se défendre des tentatives d'agression sur scène par des personnes en colère dans le public", explique à la BBC Tony Wolf, auteur de Suffrajitsu, une trilogie de romans graphiques sur le sujet. Celle-ci emprunte d'ailleurs son titre au sobriquet donné par la presse anglaise à Edith Garrud et ses élèves dans une série d'articles moqueurs publiés à l'époque en Angleterre.

Afin de protéger Emmeline Pankhurst, fondatrice de la Women's Social and Political Union et figure de proue du mouvement, les suffragettes montèrent une équipe de 30 gardes du corps féminines munies de matraques dissimulées sous leurs robes longues. Elles se firent notamment remarquer lors d'un discours de la militante à Glasgow en 1914, où elles se retrouvèrent aux prises avec une cinquantaine de policiers sur scène, devant 4 000 spectateurs.

Edith Garrud et ses étudiantes continuèrent à se battre pour l'obtention du droit de vote jusqu'à ce qu'une plus grande cause les accapare au moment où la Première guerre mondiale éclata. Sur les recommandations d'Emmeline Pankhurst, les suffragettes se en effet mirent au service de l'effort de guerre. Finalement, en 1918, plus de huit millions d'Anglaises obtinrent le droit de vote. Ce n'est cependant qu'en 1928 que le droit de vote fut accordé aux femmes de plus de 21 ans.

Au fil du temps, l'histoire d'Edith Garrud et de ses cours de jiu-jitsu fut éclipsée et cet épisode de la lutte des suffragettes ne figure pas dans les livres d'Histoire, ni n'est abordé dans le film qui sort sur le mouvement. Helena Bonham Carter, qui joue dans le film Les Suffragettes (sorti au cinéma ce 18 novembre) a cependant tenu à rendre hommage à cette femme de l'ombre. "C'était une femme incroyable qui ne se battait pas en utilisant sa force mais son talent", a -t-elle déclaré.