8 astuces beauté hautement dangereuses qui ont marqué l'histoire

Publié le Vendredi 10 Février 2017
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
8 astuces beauté hautement dangereuses qui ont marqué l'histoire
8 astuces beauté hautement dangereuses qui ont marqué l'histoire
De l'Antiquité de Cléopâtre à la Belle Époque, les femmes ont dû se plier à des diktats de beauté aussi étonnants que dangereux pour leur santé. Petit retour sur huit tendances beauté qui ont (hélas) marqué l'histoire des cosmétiques.
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De l'arsenic pour une peau de bébé

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Poison hautement toxique et cancérogène, l'arsenic a pendant longtemps été utilisé dans les cosmétiques. Jusqu'au début du XXe siècle, il était un élément essentiel des lotions et autres baumes que les dames de la bonne société utilisaient pour entretenir leur teint diaphane. On lui prêtait d'ailleurs des propriétés exceptionnelles. Ce prospectus datant de 1901 assure en effet que pour un dollar seulement, ce savon à l'arsenic fera disparaître taches de rousseur, boutons d'acné, rides et cernes.

Du radium pour blanchir le teint

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Au début du XXe siècle, les propriétés du radium sont encore en grande partie méconnues des scientifiques, qui l'utilisent pour brûler les tumeurs cancéreuses ou soigner les maladies de peau. Les fabricants de cosmétiques fleurent vite le filon : ils proposent alors aux femmes (et aux hommes aussi) de multiples produits à base de radium : pommades, crèmes, poudres, mais aussi pastilles, suppositoires et – plus étonnants – sous-vêtements. Ils ignorent alors qu'une exposition prolongée au radium peut s'avérer mortelle. Son utilisation, ainsi que celle du thorium, a perduré jusqu'au milieu du siècle. En 1948, la marque Tho-radia spécialiste des cosmétiques radioactives avait même choisi comme ambassadrice la Miss France Jacqueline Donny.

Du pain brûlé pour un oeil charbonneux

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Lorsqu'elle n'avaient pas sous la main de crayon pour intensifier leur regard, les housewives des années 50 pouvaient compter sur les plans B dispensés par le magazine Harper's Bazaar. Aux grands maux les grands remèdes : pour avoir un oeil smoky pour pas un sou, la rubrique Laid Girl conseillait aux lectrices de l'époque d'utiliser la cendre du pain laissé trop longtemps dans le toaster. Bonjour les conjonctivites.

Du khôl à la sulfure de plomb

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Produit cosmétique phare de l'Égypte Antique, le khôl qu'hommes, femmes et enfants utilisaient pour sublimer leur regard était loin d'être inoffensif. S'il était très efficace pour lutter contre les infections dues à l'humidité au vent, et protégeait leurs yeux de la réfraction de la lumière du désert, il pouvait aussi causer de violents maux de tête, des vomissements et des troubles abdominaux graves. Composé d'un mélange de plomb sous forme de galène, de soufre et de gras animal, voire de bois brûlé ou de bitume, il est probablement à l'origine de nombreux cas de saturnisme (empoisonnement au plomb) dans l'Égypte Antique.

Du goudron pour allonger les cils

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Dans les années 1930, de nombreuses marques utilisaient une teinture à base de goudron et de charbon pour donner une teinte plus intense aux cils. Parmi elles, la marque Lash Lure qui devint tristement célèbre pour avoir rendue aveugle une de ses clientes. Celle-ci s'est retrouvée incapable d'ouvrir les yeux après avoir utilisé leur fameux mascara.

Des soins à l'opium

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L'ère victorienne n'a pas été particulièrement celle de l'épanouissement des femmes. La reine Victoria, pas franchement connue pour sa joie de vivre, avait interdit à quiconque de porter une once de maquillage, sous peine d'être frappée du sceau de l'infamie. Les femmes (hormis les comédiennes) prises en flagrant délit de port de rouge à lèvres étaient ainsi reléguées au rang de fille de petite vertu. Ce qui n'empêchait pas les sujettes de Sa Majesté d'entretenir leur teint avec des produits qui, aujourd'hui, seraient évidemment interdits. La plupart de leurs potions contenaient des substances hautement toxiques telles que de la poudre de radium, de l'ammoniac et de l'opium. Comme à l'époque de la reine Elisabeth, elles blanchissaient leur teint avec de la pommade de céruse (un mélange de vinaigre blanc et de plomb) qui, à termes, empoisonne leur organisme et provoque un vieillissement accéléré des cellules.

De l'eau démaquillante au pigeon

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On n'a rarement vu décoction aussi dégoûtante que celle que Marie-Antoinette utilisait chaque jour pour l'éclat de son teint. Élaborée par son parfumeur attitré Jean-Louis Fargeon, son Eau cosmétique de Pigeon nous ferait aujourd'hui passer l'envie de nous laver le visage. Sa composition est détaillée dans le précis L'Art du Parfumeur, paru en 1801 : "Prenez deux pigeons vidés et coupés par morceaux (...) quatre onces de noyaux de pêches, douze blancs d'oeufs [...], mettez ces matières à macérer pendant douze heures dans quatre livres de lait de chèvre frais tiré. Ensuite, il faut les exposer au soleil pendant trois jours, les mettre après dans la cave pendant environ quinze jours, après lequel temps vous filtrerez l'eau".

Un masque au boeuf contre les rides

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Les femmes de l'époque n'avaient pas peur de se mettre de drôles de produits sur le visage pour garder une peau de pêche. Dans son Manuel des dames (1833), la femme de lettres Élisabeth Celnart rapporte qu'il était commun de "se laver le soir le visage avec du sang de volaille. On sait, par exemple du beau teint des bouchers, combien la vapeur du sang est favorable à la peau [...]." La courtisane Lola Montès écrit elle que l'application de "minces tranches de boeuf cru" fait des prodiges contre les rides "et donne une fraîcheur juvénile et de l'éclat au teint."