8 choses hallucinantes qui sont longtemps restées interdites aux femmes

Publié le Mardi 24 Novembre 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Parce que rien n'est acquis, et pour leur dire merci, retour sur huit interdictions que les ont eu à combattre.
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L'émancipation féminine ne s'est pas faite en un jour. Si aujourd'hui, nous avons le droit de voter, de travailler, d'être indépendantes et maîtresses de nos corps, c'est parce que d'autres femmes avant nous (et des hommes aussi parfois) ont oeuvré pour l'égalité entre les sexes. Parce que rien n'est acquis, et pour leur dire merci, retour sur huit interdictions que les femmes ont eu à combattre.
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Porter un pantalon

Eh oui, si au XIXe siècle, les femmes résidant à Paris voulaient sortir dans la rue sans se prendre une prune, c'était en jupe ou rien. En 1800, une ordonnance du préfet de police "concernant le travestissement des femmes" précise en effet que "toute femme désirant s'habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l'autorisation". Derrière cette aberrante interdiction, une volonté. Celle de "limiter l'accès des femmes à certaines fonctions ou métiers en les empêchant de se parer à l'image des hommes", comme le rappelait le sénateur Alain Houpert (UMP), qui s'émouvait il y a deux ans que le texte soit toujours en vigueur.

Cette interdiction de porter le pantalon a été partiellement levée par deux circulaires de 1892 et 1909 mais seulement "si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d'un cheval". Il a fallu attendre 2013 (oui oui, vous avez bien lu) pour que le Sénat ne lève l'interdiction sous prétexte que celle-ci est "incompatible avec les principes d'égalité entre les femmes et les hommes qui sont inscrits dans la Constitution".

Avoir la même éducation que les garçons

Si à l'époque, les garçons avaient le droit d'apprendre l'histoire, la géographie ou les mathématiques qui les préparaient à la vie professionnelle, les petites filles ont longtemps dû se contenter de "travaux d'aiguille" pour leur enseigner à devenir de parfaites femmes au foyer. Tout juste avaient-elles le droit d'apprendre à lire, à écrire et à compter dans les couvents et congrégations en charge de l'éducation des jeunes filles. Il a fallu attendre 1881 et les lois scolaires de Jules Ferry pour que les filles jouissent de la même éducation que les garçons et 1924 pour qu'elles aient le droit de passer le baccalauréat.

Participer aux Jeux olympiques

Lorsqu'en 1896 sont organisés à Athènes les premiers Jeux olympiques de l'ère moderne, aucune femme ne compte parmi les athlètes sélectionnés. Les femmes prennent part pour la première fois aux Jeux en 1900, à Paris. Sur un total de 997 athlètes, 22 femmes concourent dans cinq sports : le tennis, la voile, le croquet, l'équitation et le golf.

Depuis, heureusement, le Comité international olympique (CIO) s'est engagé pour l'égalité des sexes dans le sport. Il est écrit dans la Charte olympique, chapitre 1, règle 2.7, que le rôle du CIO "est d'encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport, à tous les niveaux et dans toutes les structures, dans le but de mettre en oeuvre le principe d'égalité entre hommes et femmes." Aux Jeux de Londres en 2012, les femmes représentent 44% des athlètes. Les JO de Londres sont aussi, avec l'ajout de la boxe féminine au programme olympique, les premiers jeux où les femmes concourent dans tous les sports au programme.

Jouer au football

Si les femmes n'ont jamais été officiellement interdites de ballon rond, l'histoire du football féminin a tout de même été sacrément marquée par le sexisme, les hommes voyant d'un mauvais oeil le fait qu'elles s'approprient un sport considéré comme "viril". Pourtant, les femmes jouent au foot en Écosse et en Angleterre depuis le XIXe siècle. En France, il faut attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que le premier championnat national voie le jour. Fervent adversaire du foot féminin, le journaliste Henri Desgrange écrivait en 1925 : "Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public : oui d'accord. Mais qu'elles se donnent en spectacle, à certains jours de fêtes, où sera convié le public, qu'elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n'est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable !"

Au niveau mondial, la première Coupe du monde féminine est jouée dès en 1970, même s'il s'agit d'une compétition non officielle. Ce n'est qu'en 1984 que l'UEFA et en 1991 que la FIFA mettent en place des championnats européen et mondial de foot féminin.

Voter

Que les femmes obtiennent enfin le droit de vote en 1944 n'a pas été une mince affaire, beaucoup d'hommes politiques proches de De Gaulle s'y opposant. Parmi eux, le président de l'Assemblée nationale Paul Giacobbi, qui craint que le pouvoir ne bascule chez l'opposition en raison du grand nombre d'électrices. Beaucoup d'hommes font aussi part de leur crainte de voir les femmes obtenir le même droit qu'eux. Certains pensent même qu'elles vont avoir besoin d'une "instruction" pour voter correctement...

Ouvrir un compte bancaire

Jusqu'au milieu des années 60, si une femme voulait ouvrir un compte en banque, elle devait obligatoirement obtenir le consentement de son époux. En tant que "chef de famille", c'est à lui seul de tenir les comptes de la maisonnée. La loi du 13 juillet 1965 sur les régimes matrimoniaux met fin à cette incapacité de la femme mariée : elle peut désormais ouvrir un compte en banque et signer des chèques sans l'autorisation de son mari.

Travailler sans l'autorisation de leur mari

C'est aussi en 1965 que les femmes mariées peuvent exercer une profession sans l'autorisation de leur mari. Avant de crier victoire, on vous rappelle tout de même qu'aujourd'hui encore, les femmes gagnent en moyenne 1 943 euros net par mois à plein-temps, dans le privé ou le public, contre 2 399 euros pour les hommes, soit un écart de... 19%.

Choisir de devenir mères

En France, les femmes ont dû batailler longtemps pour choisir la façon dont elles disposent de leur corps et maîtriser leur fécondité. La première avancée a lieu en 1967 lorsqu'est votée la loi Neuwirth, qui autorise (avec d'importantes réserves) la contraception pour les filles de plus de 21 ans. Toutefois, les décrets d'application de cette loi ne sont publiés qu'en 1972. C'est la naissance du MLF en 1970 et la constitution d'un féminisme militant et structuré va accélérer le processus.

Soutenue par le MLAC (Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception) constitué de militants et de médecins, Simone Veil, alors ministre de la Santé, monte à la tribune de l'Assemblée nationale en novembre 1974 pour présenter son projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse. Jusqu'ici considéré comme un crime, le recours à l'avortement est finalement dépénalisé le 17 janvier 1975 au terme d'âpres débats dans l'hémicycle, où seules neuf députées faisaient face à 481 hommes.