Alain Finkielkraut : sa théorie du complot sur #balancetonporc ne passe pas

Publié le Mardi 21 Novembre 2017
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Alain Finkielkraut : pourquoi sa théorie du complot sur #balancetonporc ne passe pas
Alain Finkielkraut : pourquoi sa théorie du complot sur #balancetonporc ne passe pas
Dans un récent entretien accordé au Figaro, Alain Finkielkraut s'est exprimé sur le hashtag #balancetonporc. Se déclarant écoeuré, le philosophe estime que les plaintes pour harcèlements et agressions sexuelles déposées par des milliers de femmes dans le monde ont surtout pour objectif d'éviter de parler... de l'islam.
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On croirait lire un article du Gorafi. Pourtant, ce n'est pas le site d'info satirique mais Le Figaro qui a publié lundi 20 novembre un entretien avec le philosophe Alain Finkielkraut. Au coeur de l'entrevue ? L'affaire Harvey Weinstein et la répercussion mondiale du hashtag #balancetonporc, qui a permis aux femmes de libérer la parole en dénonçant de nombreux cas de harcèlement sexuel et d'agressions sexuelles. Jusqu'ici, tout va bien. Mais les choses se gâtent dès la première question du journaliste Vincent Tremolet de Villiers à Alain Finkielkraut : "Avez-vous été surpris par ce tableau terrible et ce phénomène médiatique impressionnant ?". Pour le philosophe, le mot "surpris" est "faible". "J'ai eu un haut-le-coeur", a-t-il affirmé. Un sentiment de dégoût par égard pour les femmes victimes ? Si seulement.

"On nous tympanise jour et nuit avec les valeurs, or le mot de "balance" et la pratique qu'il induit sont contraires à toutes les valeurs de la civilisation. La fin ne justifie pas les moyens, l'émancipation ne saurait en passer par la délation", poursuit le philosophe. "L'émancipation par la délation", voilà à quoi se résume la parole des femmes qui se disent victimes d'agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel pour Alain Finkielkraut.

"Une excuse pour noyer le poisson de l'islam"

Mais le "meilleur" reste encore à venir. Pour le philosophe, la vraie polémique autour du hastag #balancetonporc ne serait qu'une excuse pour "noyer le poisson de l'islam". Oui, vous avez bien lu. "L'un des objectifs de la campagne #balancetonporc était de noyer le poisson de l'islam: oubliée Cologne, oubliée la Chapelle Pajol... (...) et puis patatras, les noyeurs de poisson attrapent, bien malgré eux, un très gros poisson islamiste qu'ils ne peuvent pas rejeter à la mer. Car Tariq Ramadan n'est pas seulement accusé de harcèlement, mais de viol et de coups et blessures", a développé ce dernier.

Donc, si on résume la pensée du philosophe, des milliers de femmes à travers le monde n'auraient rien trouvé de mieux que de raconter qu'elles avaient subi des violences sexuelles- et les médias les auraient encouragées dans leur démarche- dans le seul but de passer le sujet de l'islam sous silence.

Sur Twitter, les réactions n'ont pas tardé à fuser. De nombreux.ses internautes peinent à prendre les propos du philosophe au sérieux : "Merci à Alain Finkielkraut de nous donner la force de rire en ces temps troublés", tweete l'un. "En Suède, 8 000 femmes (musiciennes, actrices, magistrates, politiques) ont été victimes de harcèlement sexuel mais ça n'émeut pas Finkielkraut, les Suédois ne sont pas musulmans...", commente un autre.

Des personnalités féministes ont également réagi sur le même réseau social, à l'instar de Caroline De Haas, cheffe d'entreprise et militante, et de l'illustratrice Pénélope Bagieu (auteure de la BD Les Culottées) : "Ah on vous a bien bernés hein ! Des milliers de femmes rient sous cape en se frottant les mains, tout en noyant le poisson de l'islam, ce qui demande beaucoup d'adresse", ironise l'artiste.

Si Alain Finkielkraut ne s'est jamais démarqué par son féminisme- il a même écopé du qualitatif de "néoréactionnaire" à plusieurs reprises- il atteint donc cette fois des sommets. D'ailleurs interrogé un peu plus tard à propos de la PMA pour toutes par Vincent Tremolet de Villiers, le philosophe a répondu : "La disparition de l'homme devient un droit de la femme". "Est-il encore sérieux de parler d'ordre patriarcal" ?, s'est-t-il interrogé (en bon philosophe) au premier degrés. Voilà, ça aussi, c'est fait.