La créatrice du mouvement #MeToo répond sur l'affaire Asia Argento

Publié le Mardi 21 Août 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Tarana Burke le 12 novembre 2017
Tarana Burke le 12 novembre 2017
Tarana Burke qui a lancé #MeToo est revenue dans une série de messages sur Twitter sur l'affaire Asia Argento. Elle rappelle à l'ordre ceux et celles qui souhaitent décrédibiliser le mouvement.
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Asia Argento est l'une des victimes du producteur Harvey Weinstein et figure de proue du mouvement #MeToo. Mais le New York Times a révélé dimanche 19 août que l'actrice italienne avait signé un accord en avril dernier avec le chanteur et acteur Jimmy Bennett, qui l'accuse d'agression sexuelle.

L'occasion était trop belle pour les détracteurs du mouvement. Mais Tarana Burke, à l'initiative du mouvement #MeToo fondée il y a plus de dix ans, revient sur l'affaire Asia Argento dans une série de messages postés sur le réseau social Twitter lundi 20 août. Cette militante afro-féministe New-Yorkaise met les point sur les i et défend le fait que la lutte contre les violences sexuelles et sexistes ne doit pas se focaliser seulement sur des individus mais doit combattre le mal de façon plus large.

Elle déclare : "J'ai dit à maintes reprises que le #metooMVMT [Mouvement #MeToo] est pour nous tous, y compris pour ces jeunes hommes courageux qui s'avancent maintenant. Il continuera d'être ébranlant lorsque nous entendrons les noms de certaines de nos personnes favorites liées à la violence sexuelle, à moins que nous ne renoncions à parler des individus et commencer à parler de pouvoir."

Pour Tarana Burke, le mouvement doit s'attaquer à un système de pouvoir qui permet ce genre de violences : "La violence sexuelle est une question de pouvoir et de privilège. Cela ne change pas si l'auteur est votre actrice, activiste ou professeur préféré, quel que soit le sexe. Et nous ne changerons pas la culture à moins de changer sérieusement ces mauvais discours."

Tarana Burke, comme de nombreuses militantes et militants de ce mouvement, rappelle depuis le début des révélations sur l'accord entre Asia Argento et Jimmy Bennett, que chacun et chacune peut témoigner de ce qu'il ou elle a vécu : "J'espère qu'à mesure que d'autres personnes, en particulier des hommes, se présenteront, nous nous préparerons à de dures conversations sur le pouvoir et l'humanité, ainsi que sur les privilèges et les souffrances que cela induit. Cette question porte moins sur ces crimes et leur punition que sur les blessures et la réduction des blessures."

La militante ne baisse pas les bras et reste optimiste sur la suite de l'histoire mais demande à chacun·e de déconstruire ses idées préconçues : "Un changement peut se produire. Ce mouvement ouvre ces possibilités. Mais, cela ne peut se produire qu'après avoir ouvert toute la boîte de Pandore et être vraiment à l'aise avec la réalité désagréable qu'il n'y a pas une seule façon d'être un agresseur."

Comme le martèle Tarana Burke, Asia Argento n'est pas ce qu'on attend d'une victime parfaite. "Il n'y a pas de survivant modèle. Nous sommes des humains imparfaits et nous devons tous être responsables pour notre comportement individuel."

La militante pourfend ceux qui voudront comme des vautours se jeter sur cette affaire : "Les gens utiliseront ces nouvelles récentes pour essayer de discréditer ce mouvement - que cela ne se produise pas. C'est la raison d'être du Mouvement."