Au Tchad, le viol collectif de la jeune Zouhoura enflamme le pays

Publié le Jeudi 25 Février 2016
Marie Chaumière
Par Marie Chaumière Journaliste
Zouhoura en interview sur France 24
Zouhoura en interview sur France 24
Le viol collectif de Zouhoura, une jeune Tchadienne de 16 ans par les fils de généraux proches du pouvoir présidentiel a suscité un large mouvement de protestation dans le pays.
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Le viol d'une jeune Tchadienne a soulevé un vent de colère dans le pays à l'approche des prochaines élections présidentielles. Choquée par le sort de cette jeune fille de 16 ans qui a été agressées sexuellement par des hommes, qui ont depuis été identifiés comme les fils de généraux proches du président tchadien Idriss Déby, la jeunesse du pays est en effet en train de se dresser contre le pouvoir.

Alors que l'omerta règne généralement au sujet des agressions sexuelles, la jeune Zouhoura a brisé le silence en racontant à sa famille comment elle avait été violée par cinq hommes. Pour se venger, ceux-ci n'ont pas hésité à poster des photos de la jeune femme nue et en larmes sur les réseaux sociaux. Arrêtés après la diffusion de ces images, ils ont été immédiatement écroués, ainsi que quatre autres hommes soupçonnés de complicité. Ils sont désormais détenus dans une prison sécurisée située dans le désert et le président tchadien a a promis qu'ils seraient punis pour leur crime.

Choquée par ce fait divers sordide et par la proximité de certains coupables avec le pouvoir, la jeunesse tchadienne est descendue dans la rue dans la ville de N'Djamena pour dénoncer ce drame sordide. Un mouvement de protestation qui s'est répandu dans le pays après la mort de deux lycéens par balles et l'arrestation de manifestants au cours des derniers jours. La Convention tchadienne pour la défense des droits de l'Homme (CTDDH) s'est ainsi dite "préoccupée par l'arrestation gratuite et arbitraire de 17 élèves ayant manifesté leur mécontentement contre l'acte abject commis par les rejetons des hauts responsables du pouvoir et l'assassinat du jeune Abbachou", tué lors de la manifestation à N'Djamena.

Bien que le régime ait coupé l'accès aux réseaux sociaux pour empêcher la jeunesse du pays de s'exprimer, celle-ci ne désarme pas et continue d'organiser des manifestations à travers le pays. Alors que les élections présidentielles approchent à grands pas, ce mouvement de la jeunesse tchadienne peut-il faire vaciller Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990 et d'ores et déjà candidat à sa succession ?