Ces femmes qui arrêtent d'avoir leurs règles pour poursuivre leur carrière

Publié le Vendredi 21 Août 2015
Jack Parker
Par Jack Parker Rédadtrice
Choisir entre avoir ses règles et mener sa carrière
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Se débarrasser de leurs règles pour faciliter leur ascension professionnelle, c'est le choix qu'ont fait ces trois femmes interviewées par le "Daily Mail".
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Vos règles pourraient-elles nuire à votre carrière ? C'est la conclusion à laquelle sont arrivées trois femmes interviewées par le Daily Mail - selon elles, leurs menstruations n'étaient pas qu'une galère mensuelle mais également, et surtout, un véritable obstacle à leur ascension professionnelle. Pour y remédier, elles ont trouvé une solution toute simple : supprimer leurs règles à l'aide de différentes méthodes contraceptives.

Choisir entre règles et carrière

C'est le cas d'Alanna Allen, 29 ans, qui a commencé sa carrière en tant que coiffeuse et s'occupe aujourd'hui de cinq salons de coiffure. Comme elle le confie au site du Daily Mail, elle n'a pas eu ses règles depuis sept ans et a recours à des hormones pour s'assurer qu'elles ne viennent jamais lui gâcher la vie.

"J'ai commencé à prendre la pilule vers 20 ans mais je trouvais ça agaçant de devoir la prendre chaque jour à la même heure. De plus, je saignais quand même, et j'avais des crampes et mal aux reins, ce qui n'est pas vraiment pratique quand on est coiffeuse et qu'on est debout toute la journée. Je prenais des anti-douleurs et je devais parfois poser des jours de congés. Pas vraiment idéal quand on veut faire avancer sa carrière."

Elle a donc trouvé une autre solution : les progestatifs injectables.

"Des amies m'avaient parlé des injections et je me suis dit que ça valait le coup d'essayer. J'ai pris un peu de poids et j'avais quelques maux de têtes, mais mes règles se sont arrêtées. Ça rend mon boulot beaucoup plus facile. Maintenant, quand des femmes de mon salon se plaignent de crampes menstruelles, je leur recommande les injections."

Si dans le cas d'Alanna, que son domaine oblige à pratiquer la station debout prolongée, on peut effectivement comprendre l'intérêt d'interrompre ses règles, il y a des professions dans lesquelles ça reste plus facile à gérer. Lorsqu'on travaille dans un bureau toute la journée par exemple, si les douleurs ne sont pas trop difficiles à dompter, il y a des chances pour que ce soit beaucoup plus facile à vivre.

Et pourtant, même dans un environnement plus sédentaire qui permet de passer le plus clair de sa journée assise, certaines femmes font le même choix qu'Alanna - comme Morgan Spicer, 27 ans, qui est graphiste dans une agence de pub dont le personnel est majoritairement masculin.

Terrifiée à l'idée de voir ses règles lui gâcher des opportunités professionnelles en débarquant par exemple en plein milieu d'une réunion, elle a elle aussi décidé de les interrompre complètement.

"Ça me gênait vraiment et ma gynécologue m'a proposé d'essayer une pilule micro-dosée appelée Cerazette qui pouvait interrompre mes règles."

Composée exclusivement de progestatifs, la pilule Cerazette, comme les autres pilules de même type, peuvent effectivement supprimer les règles chez les femmes qui la prennent - mais d'autres peuvent au contraire les avoir en continu ou de façon très irrégulière. Mais pour Morgan, la solution a fonctionné et ses règles ont disparu - ce qui l'a fortement soulagée :

"Mes règles nuisaient vraiment à ma philosophie de travail. Je devais prendre des jours de congés tous les mois tellement j'avais mal. Je travaillais dans un environnement 100% masculin et il m'arrivait parfois de ressentir des crampes pendant les réunions et de me dire 'Oh non, je vais avoir mes règles' ce qui me forçait à sortir. C'était une crainte constante. Maintenant ça ne me stresse plus. Je dois beaucoup voyager avec mon boulot, parfois jusqu'au Costa Rica, et l'absence de règles me permet d'aller et venir sans me soucier d'être préparée dans un train ou un avion. Et quand je travaille dans un environnement masculin, je me sens plus à leur niveau."

Une solution un peu trop radicale ?

Et c'est là que l'argument coince un peu. S'il est effectivement compréhensible que des femmes choisissent de se débarrasser de leurs règles pour être plus efficaces au travail, la solution de la suppression totale des menstruations apparaît comme une réponse un peu radicale à un problème qui pourrait être réglé autrement. L'argument des douleurs si fortes qu'elles nous forcent parfois à prendre des jours de congés est totalement recevable - on se passerait effectivement bien de ces absences qui sont souvent vues d'un mauvais oeil de la part des collègues, surtout masculins.

Et c'est tout le problème : les désagréments liés aux règles sont souvent vus comme des marques de faiblesse, des "faux problèmes" parfois exagérés, et sont parfois utilisés comme arguments pour s'opposer à l'embauche d'une femme à certains postes. Ces désagréments ne sont pas reconnus comme légitimes et les solutions sont assez rares : il faut se gaver d'anti-douleurs ou supprimer ses règles.

Pas de juste milieu, pas de solution durable pour mieux vivre ses règles (qui sont, rappelons-le, également un signe de bonne santé et peuvent avoir une présence tout à fait rassurante), soit on souffre, soit on se gave d'hormones (qui ne sont pas sans danger et qui viennent souvent avec leur lot d'effets secondaires pénibles) pour les supprimer. D'ailleurs, on nous apprend très tôt qu'il s'agit de notre fardeau personnel - qui naît avec un utérus doit s'attendre à souffrir tous les mois.

Pourtant, les médecins le disent : souffrir pendant ses règles n'est pas normal. On nous éduque en nous répétant que ça l'est, mais il serait grand temps de désapprendre cette notion absurde. C'est d'ailleurs à cause d'une telle mentalité que de très nombreuses femmes souffrant d'endométriose ne s'en rendent compte que tardivement (souvent au moment de procréer), voire jamais.

Il faut donc choisir entre douleurs et hormones.

Quant à l'argument des domaines professionnels dominés par une présence masculine, là encore la solution serait plutôt dans l'éducation que dans la suppression. Au lieu d'enfoncer encore plus loin les règles dans la case tabou, il vaudrait mieux ouvrir le dialogue et accepter enfin qu'elles font partie du quotidien d'un grand nombre de personnes et que nous sommes tous plus ou moins concernés, que nous soyons réglés ou non.

Il faudrait pousser les hommes à se défaire du préjugé selon lequel les femmes perdraient totalement le contrôle de leurs humeurs et de leur corps pendant leurs règles et seraient incapables de bosser aussi efficacement pendant cette période - mais également légitimer les soucis physiques qui y sont liés. L'endométriose est une maladie trop peu reconnue que l'on cache et que l'on juge parce qu'on a tous appris à prendre sur soi pendant ses règles et à faire comme si de rien n'était alors qu'il n'est pas normal d'en arriver à de telles extrémités.

Si on ouvrait un peu plus souvent la discussion sur le sujet des règles, peut-être qu'on pourrait enfin trouver un terrain d'entente et arrêter de se planquer et d'être paralysée par la trouille à l'idée de les avoir au boulot, surtout face à des hommes.