4 points franchement problématiques dans le discours aux catholiques d'Emmanuel Macron

Publié le Mercredi 11 Avril 2018
Emmanuel Chirache
Emmanuel Chirache
Invité au collège des Bernardins pour la Conférence des évêques de France, Emmanuel Macron a prononcé un discours parfois très ambigu. Retour sur les phrases qui ont fait polémique.
À lire aussi

Lors de son discours prononcé au collège des Bernardins devant un parterre de 400 évêques ce lundi (9 avril), le président de la République a affirmé vouloir "réparer" les liens et rétablir un dialogue entre l'Eglise et l'Etat. Il exhorte même les catholiques à s'engager politiquement. Des propos difficiles à comprendre pour de nombreux défenseurs de la laïcité et autres traumatisés de la Manif pour tous.

Représentant de l'Etat, Emmanuel Macron se doit de respecter la constitution. Or, celle-ci est très claire depuis la loi du 9 décembre 1905 : elle ne reconnaît aucune religion, même si elle en accepte le libre exercice. " Article 2 : "La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. [...]" Le président de la République se doit donc d'être totalement neutre face aux religions. La suite du discours dessine d'ailleurs parfaitement l'idée d'un état français "d'origine catholique" excluant ainsi juifs, musulmans, athées ou encore orthodoxes de l'équation. "Je suis convaincu que les liens les plus indestructibles entre la nation française et le catholicisme se sont forgés dans ces moments où est vérifiée la valeur réelle des hommes et des femmes."

Amnésie quand tu nous tiens. Emmanuel Macron était pourtant ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique dans le gouvernement Valls II pendant l'adoption du Mariage pour tous et il était aux premières loges quand la Manif pour tous a circulé dans les rues, mocassins à glands aux pieds et pull aux épaules, pour sommer le gouvernement d'interdire aux couples homosexuels de se marier. Sans parler des slogans, pancartes et discours homophobes qu'ils ont tenus pendant toute cette période particulièrement violente.

Difficile de croire à de la maladresse, tant ce discours parfaitement écrit drague les électeurs catholiques. Dans ces propos, Emmanuel Macron met donc la famille au coeur des valeurs catholiques en qualifiant les gays, les lesbiennes, les trans et leur famille de "complexe" et "contradictoire". Encore une fois, ces hommes, femmes et non binaires sont considérés comment étant à la marge, des anomalies à traiter. Le fondateur du Refuge, Nicolas Noguier, a réagi à ces propos directement sur Twitter : "Je comprends mieux votre réticence à vous engager clairement contre les thérapies de conversion, cher Emmanuel Macron. Rencontrer les représentants des cultes rentre dans le principe de laïcité mais faire de tels éloges au mépris de la souffrance de milliers d'adolescents me choque."

Sur Twitter, l'association Gaylib a vivement interpellé le président sur ces propos : "On dit familles homoparentales déjà pour commencer ; "accompagne" vous pensez à quoi, qui au juste : à la prière du 15 août 2012 contre le mariage pour tous ? Aux thérapies pour guérir l'homosexualité ? Aux évêques et prêtres défilant avec la Manif Pour Tous contre nos droits et libertés?"

Malgré les prises de position plus libérales du Pape François, il est tout de même difficile d'oublier les luttes liberticides : les thérapies de conversion, l'exclusion des familles homoparentales des paroisses, l'acharnement anti-IVG... Le président n'en a fait aucune mention, il aurait pu à tout moment émettre des réserves, inviter au progressisme. Il ne l'a pas fait.

Les dossiers