C'est l'une des conséquences directes du grand mouvement de protestation qui secoue actuellement l'Iran. Jeudi 28 décembre, le chef de la police de Téhéran Hossein Rahimi a annoncé un assouplissement du code vestimentaire auquel devaient se plier les Iraniennes depuis la révolution islamique de 1979. "Ceux qui ne respectent pas le code vestimentaire islamique ne seront plus emmenés dans des centres de détention, et aucune action judiciaire ne sera intentée contre eux", a ainsi déclaré Hossein Rahimi, cité par le quotidien réformateur Sharq.
Les femmes d'Iran n'auront cependant pas le loisir de s'habiller comme elles le désirent. En effet, malgré leur assouplissement, les règles vestimentaires strictes (interdiction de dévoiler ses bras ou ses cheveux) restent en vigueur. En cas d'infraction constatée par la police des moeurs, les femmes seront dans l'obligation de suivre une formation pour apprendre à s'habiller "décemment". Elles pourront toujours faire l'objet de poursuites en cas de récidive.
Depuis leur arrivée au pouvoir en 1979 avec la révolution islamique, les autorités chiites ont mis en place une police religieuse appelée Gasht e Ershad ("Police de la Vertu" en persan). Cette dernière a notamment pour mission d'arrêter les femmes qui ne sont pas voilées de la tête aux pieds et les Iraniens vêtus à la mode "occidentale".
Malgré un relâchement relatif des règles vestimentaires depuis l'arrivée au pouvoir du modéré Hassan Rohani, l'État veille toujours à ce que les femmes restent voilées, notamment en voiture. Jusqu'en novembre 2014, les Iraniennes qui étaient jugées "mal voilées" en public étaient soumises à une amende de la part de la "police de la vertu".
En avril 2016, le chef de la police de la capitale iranienne avait même annoncé le déploiement dans toute la ville de 7 000 indics, des femmes et des hommes habillés en civils pour lutter contre "l'immoralité" des Iraniens. Ils étaient notamment chargés de surveiller tout "mauvais port du voile, les nuisances sonores, le harcèlement des femmes et le non-respect du port du voile dans les voitures".
La décision d'assouplir les règles vestimentaires en vigueur depuis plus de 45 ans n'a rien de fortuit. En effet, depuis plusieurs mois, les autorités font face à une défiance de plus en plus grande de la jeunesse iranienne contre le conservatisme des autorités religieuses. Cet été, suite à la réélection d'Hassan Rohani à la tête du pays, est né le mouvement My Stealthy Freedom ("Ma liberté furtive") réclamant pour les femmes la liberté de ne pas porter le voile. Des milliers de clichés montrant des Iraniennes vêtues d'un hijab blanc ont ainsi envahi les réseaux sociaux. La plus emblématique des militantes du mouvement est sans doute cette jeune manifestante tête nue et brandissant son voile sur un bâton, photographiée le 27 décembre dernier dans les rues de Téhéran. Le cliché a fait depuis le tour du monde. D'après la journaliste iranienne habitant aux États-Unis Masih Alinejad , la jeune femme a ensuite été arrêtée, de même que "le groupe de jeunes gens qui la soutenaient".