Quand le "ghosting" s'invite au boulot

Publié le Jeudi 26 Juillet 2018
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Quand le ghosting s'invite au boulot
Quand le ghosting s'invite au boulot
Éliminer une personne de sa vie en coupant tout contact avec elle du jour au lendemain. Tel est le principe du "ghosting", phénomène de société particulièrement courant dans les relations amoureuses, mais que l'on retrouve de plus en plus au sein de la sphère professionnelle.
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Vous avez déjà probablement entendu parler du "ghosting", cette tendance cruelle qui consiste à laisser une personne sans nouvelle du jour au lendemain en l'effaçant brutalement de tous ses contacts. Si ce phénomène de société est principalement connu pour sévir au sein des relations amoureuses, il fait cependant rage dans d'autres domaines. Y compris dans le monde de l'entreprise.

Au travail, le ghosting peut prendre plusieurs formes : souvent, elle provient des employeurs ou des services RH d'une entreprise, qui ne prennent pas la peine de recontacter les candidats non sélectionnés pour un poste à la suite d'un entretien. Dans ce cas de figure, le principe reste le même que dans les relations amoureuses : opter pour le silence et disparaître sans crier gare afin de faire comprendre à la personne que l'on est pas intéréssé.e.

Longtemps restée "impunie", cette pratique des entreprises est de plus en plus dénoncée par les candidats, qui n'hésitent plus à partager leur mauvaise expérience sur les réseaux sociaux en citant le nom de l'entreprise. L'absence de réponse est en effet de moins en moins tolérée au sein de la sphère professionnelle. Inutile d'avoir une licence en psycho pour évaluer l'ampleur des dommages psychologiques causés aux candidats ou aux employés victimes de ghosting : frustration, remise en question, altération de la confiance en soi...

Le phénomène du "no show"

Mais les recruteurs ne sont plus les seuls à disparaître sans laisser de traces. En témoigne le phénomène du "no show", largement relayé par les médias ces derniers mois. Comme la traduction francophone de ce terme ("ne pas se montrer") l'indique, le "no show" désigne le fait de postuler pour un emploi mais de ne pas se présenter à l'entretien.

Une conséquence de l'hyper-sollicitation numérique qui s'observe également dans la sphère privée, comme la tendance à "participer" à de nombreux événements sur Facebook mais sans y assister pour autant ou encore le fait de réserver dans un restaurant ou un hôtel puis de changer ses plans sans prévenir l'établissement.

Le ghosting sur le lieu de travail !? Deux poids, deux mesures. Si les employeurs ne vous informent pas qu'ils ont embauché un autre candidat ou qu'ils peuvent vous mettre à pied n'importe quand, pourquoi les employés n'auraient-ils pas le droit de ne pas se présenter le premier jour de travail ou de démissionner sans préavis ?

Selon Chip Cutter, rédacteur en chef de Linkedin, les professionnels arrivés sur le marché du travail il y a dix ans se retrouvent désormais confrontés à une situation qu'ils n'ont jamais connue auparavant : "celle de jongler avec des offres d'emploi multiples et ne pas savoir exactement comment en refuser certaines", développe t-il pour le site Bustle.

D'après l'expert, pour un candidat qui a envisagé tous les scénarios possibles, ne jamais répondre ou donner une explication peut sembler la façon la plus facile de s'en sortir pour refuser une offre de travail ou démissionner de son poste. Il est par exemple de plus en plus fréquent que les employés désertent leur lieu de travail ou choisissent de ne pas présenter à un entretien d'embauche.

Les entreprises ne sont donc plus épargnées par ce phénomène de désengagement. Cela pourrait changer la donne et sensibiliser les managers et les recruteurs à bannir la pratique du ghosting, du moins on l'espère.