Fun Radio fait des sondages kikoolol sur le viol, vous trouvez ça normal ?

Publié le Jeudi 25 Octobre 2018
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste
Capture d'écran Twitter
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Dans un sondage publié sur Twitter le 23 octobre, la radio Fun Radio a lancé une question à ses abonné·es qui véhicule la culture du viol sans le nommer. Le tweet a évidemment fait un tollé.
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"Charlotte ne supporte pas que son mec lui fasse l'amour la nuit quand elle dort ? Vous trouvez cela normal ?". Fun Radio fait des sondages sur le viol, vous trouvez ça normal ?

L'émission Lovin' Fun de Fun Radio, diffusée chaque soir de 22h à minuit, est l'une des émission historiques de la station. Les animateurs Karel, Alice et "le doc Pavageau" y répondent aux questions de couple et de sexe d'un public jeune.

Sauf qu'en diffusant ce tweet hallucinant ce mardi 23 octobre, l'émission a dérapé. Car ce sondage oublie de nommer explicitement de quoi il retourne : Charlotte se fait violer. Pour rappel, un viol, c'est : "Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise". C'est un crime et il est (normalement) passible de la cour d'assises.

Les résultats font d'ailleurs peur puisque 49 % des auditeur·trices de ce sondage considère que c'est "normal".

Cette enquête présentée de manière très légère a été dénoncée par plusieurs associations comme le Groupe F ou par la porte-parole d'Osez le féminisme, Raphaëlle Remy-Leleu, mais également par la secrétaire d'Etat à l'égalité Marlène Schiappa.

Pour répondre à la polémique, la radio a fini par supprimer le tweet et par s'expliquer sur Twitter et par un communiqué.

"Nous avons justement abordé ce sujet. Ce n'est pas parce qu'on est en couple que nos corps sont à la disposition de l'autre !! Le consentement est nécessaire, même dans une relation amoureuse ! D'autant plus lorsque la personne dort, et n'est pas en mesure de dire NON."


En effet, lors de son émission de mardi, une auditrice, Gwen 19 ans, a appelé pour raconter son histoire. Son copain depuis plusieurs mois lui a éjaculé sur le visage alors qu'elle lui avait clairement dit non.

Les trois animateur·trices avaient pris sa défense alors qu'elle posait la question : "J'aimerais savoir si c'est moi qui suis tarée, ou si j'ai raison de m'énerver". Le docteur Pavageau lui avait répondu qu'il faut "être d'accord tous les deux, il faut que les deux soient consentants".

Dans son communiqué, Fun radio explique que le fil rouge de la semaine dans Lovin'Fun était le consentement sexuel, en partenariat avec la plateforme gouvernementale onsexprime.fr : "Une de ces questions, posée mardi soir, fait aujourd'hui réagir. Il s'agit précisément de l'objectif de cette action de prévention qui relaie vers la plateforme digitale dédiée à ces sujets -onsexprime.fr".

Même si cela partait d'une bonne intention, la formulation reste inacceptable.

Suite à des chiffres parus cette semaine, publiés par Santé Public France, il ressort que 8 % des jeunes filles ont déjà eu à faire à des rapport forcés. La question du consentement est donc centrale dans l'éducation à la sexualité des adolescent·es. A ce sujet deux récentes campagnes ont été lancées, dont une d'onsexprime.fr qui a été lancée justement cette semaine, avec une série de podcasts.