Grossophobie ordinaire : 5 phrases que les rondes ne veulent plus entendre

Publié le Mardi 25 Août 2015
Olga Volfson
Par Olga Volfson rédacteur
Marre du racisme anti-gros !
Marre du racisme anti-gros !
La grossophobie ne se manifeste pas uniquement par des insultes ou des injonctions directes. Cette discrimination est si ancrée dans notre société en quête de minceur qu'elle se fait parfois bien plus sournoise, enrobée d'une bienveillance toxique. Voici 5 de ces phrases grossophobes à ne plus jamais prononcer.
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Aujourd'hui, le féminisme est indissociable de la pensée "body positive" ou "fat positive". Qui, partant des discriminations faites aux grosses (car ce sont les plus touchées par les injonctions sociétales sur le physique), veut tout simplement que chacune puisse vivre en paix dans son corps, quel qu'il soit.

Inutile sans doute de vous rappeler qu'utiliser le mot "grosse" comme injure, ou ne le placer que dans un contexte négatif, ce n'est ni fait ni à faire. À moins de vouloir à tout prix soutenir le contrôle patriarcal du corps de la femme, qui est l'une des dominations sexistes les plus violentes. À vous de voir.

Pour les personnes souhaitant s'affranchir du reste de leurs réflexes grossophobes moins évidents à déceler, afin de créer des conversations et des relations plus saines avec autrui, il est toujours temps de revoir ses habitudes. Pour ce faire, nous avons décrypté 5 phrases passives-agressives typiques que les rondes ne veulent plus entendre, et à raison.

" C'est dangereux pour ta santé "

A bas les rabat-joie !
A bas les rabat-joie !

À moins d'être médecin (et encore), cette phrase est la première à bannir de votre vocabulaire lorsque vous vous adressez à une personne ronde, en surpoids ou obèse. Pourquoi ? Parce que ladite personne vit dans ce corps tous les jours et qu'elle sait bien mieux que vous quelles sont les conséquence sur son état de santé. Santé mentale y compris, vu le harcèlement qu'elles subissent la plupart du temps, autant de la part de leurs proches que de parfaits inconnus dans la rue.
Cette prétendue inquiétude est souvent une porte d'entrée "légitime" pour reprocher son apparence à quelqu'un hors des normes sans se montrer ouvertement grossophobe. Mais cette vieille ruse ne trompe plus personne : il est temps de passer à autre chose, et de lâcher la grappe des personnes concernées qui savent très bien ce qu'elles font, qu'elles souhaitent mincir ou non. Ces choix, ou non choix (coucou le facteur génétique), ne vous concernent pas. Point.

" Mais non, tu n'es pas grosse, tu es... "

"Tu n'es pas grosse, tu es..."
"Tu n'es pas grosse, tu es..."

Autre grand classique du répertoire "fat phobic" qui s'ignore : le déni de la corpulence d'autrui pour masquer la manière négative dont on le perçoit. "Non non, tu n'es pas grosse, tu es voluptueuse/bien en chair/appétissante/généreuse un peu plus épaisse que la moyenne/normale/belle/canon" et autres variantes ne sont que le reflet d'un malaise qui vous est propre. Car vous savez que voir les choses ainsi est discriminant.

Pire encore, ce type de propos véhicule une fois de plus l'idée, fort binaire, que "grosseur" et "beauté" sont par nature antithétiques. Ce qui est une affirmation dangereuse, et tout simplement fausse. Nous sommes gros, beaux et encore bien d'autres choses. Une fois de plus : ne ramenez pas tout à notre silhouette. Merci.



"Tu es jolie pour une ronde !"

Oui, on est autorisée à se sentir sexy quand on est ronde.
Oui, on est autorisée à se sentir sexy quand on est ronde.

Alors là, c'est carrément affirmer haut et fort que quoi qu'il arrive, toutes les grosses sont moches. Du coup, dans ce contexte, cette phrase semble être le plus exceptionnel des compliments. Une fleur qu'on nous fait à nous, misérable boudin qui ne fait pas suffisamment d'effort pour rentrer dans le moule. On devrait être reconnaissantes, presque. Sauf que c'est insultant, et très oppressif.

Non, encore une fois, comme dit plus haut, la beauté et la rondeur ne sont pas des principes opposés et incompatibles. Et faire des "compliments" passifs-agressifs de cet acabit est d'un sexisme répugnant. Ne les acceptons plus, ni dans nos bouches, ni dans nos oreilles !



"Je n'ai rien contre les rondes/grosses mais..."

Si tu n'aimes pas mon physique, je m'en contrefiche !
Si tu n'aimes pas mon physique, je m'en contrefiche !

Mais quoi ? "Mais l'obésité quand même, c'est dégueulasse" ? "Mais franchement, elles ne ressemblent à rien, ces grosses truies", "Mais je ne vois pas qui pourrai bien les trouver attirants ces gros tas...", "Mais un bon vieux régime, ça ne leur ferait pas de mal " ?

La première partie de la phrase ne vous dédouane en aucun cas de la violence des propos suivant le "mais". Quitte à dire des horreurs intolérantes pareilles, au moins, assumez votre propre grossophobie. Ce sera toujours un peu mieux que de tenir un discours hypocrite aussi ras des pâquerettes...

"Je préfère les femmes plus rondes"

Graou
Graou

Grand bien vous fasse. Vraiment. Mais gardez-le pour vous, ou du moins ayez un peu plus de subtilité pour l'amener. Car recréer des "normes" en fonction de vos fantasmes, c'est tout aussi sexiste et grossophobe que de rejeter une personne "en surpoids" pour ce qu'elle est.

Dire que l'on préfère les femmes rondes, c'est ramener celles-ci, une fois de plus, à leur éternel statut de "grosse et c'est tout". Mais c'est aussi insister sur l'idée qu'il ne puisse y avoir qu'un seul "idéal" de beauté, soit mince, soit enrobé. Nos corps sont tous différents et tous beaux à leur manière mais surtout, nous ne sommes pas que notre enveloppe charnelle. Cessons de nous résumer les un(e)s les autres à cela !

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