Visitez le musée du harcèlement de rue

Publié le Jeudi 03 Mai 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Le Jocond "joyau de malaisance"
Le Jocond "joyau de malaisance"
Rire du harcèlement pour le dénoncer, c'est possible. Une campagne lancée par la ville de Lausanne, en Suisse, nous propose une petite visite dans un musée imaginaire du harcèlement de rue.
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Quand on s'en donne les moyens, une communication contre le harcèlement peut être très réussie et même très drôle. La ville de Lausanne, en Suisse, vient de sortir une vidéo jouissive sur l'ouverture "au plus vite" d'un musée du harcèlement de rue. Elle s'est associée à l'agence de communication Messieurs.ch et à l'humoriste Yann Marguet que l'on suit lors d'une visite guidée où "la main aux fesses" et "la caresse des cheveux non sollicitée" sont devenues des statues pour décrire "le comportement primitif du harcèlement de rue". La mairie de la ville suisse souhaite "faire réfléchir et susciter la discussion sur le respect des femmes en particulier, mais aussi des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI)".

Le guide humoriste nous montre un tableau pour expliquer de la façon la plus simple possible le consentement : "Je te dis non et au final se sera oui !" où un cube doit absolument rentrer dans une forme ronde avec un marteau. L'autrice française Française Catherine Millet en prend pour son grade sur un mur de citations ridicules avec son désormais muséifié "J'ai beaucoup de compassion pour les frotteurs". Sa phrase est épinglée sur ce mur de la honte au côté du "grab them by the pussy" de Donald Trump ("Je les attrape par la ch***") ou du "on peut pas s'occupé des femmes ki ont des vrais problèmes ??" -fautes incluses- d'un anonyme sur Facebook. Le bijou de la collection du musée du harcèlement de rue, le "joyau de malaisance", c'est Le Jocond de Léonore de Vince "qui doit sa renommée à son regard qui ne semble jamais quitter sa proie".

La région Ile-de-France, la RATP et la SNCF pourrait s'inspirer de cette opération très réussie de Lausanne. En mars, elles avaient lancé une campagne comparant les harceleurs et les perpétrateurs d'agressions sexuelles à des animaux et pas à des "monsieur-tout-le-monde". Une opération ratée qui avait fait réagir les féministes sur les réseaux sociaux. Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat française chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, a félicité Lausanne pour cette "campagne percutante".

Dans le même registre, on se rappelle des excellents clips d'It's On Us pour dénoncer le blâme qui est jeté sur les victimes d'agressions avec des phrases du type : "Elle l'a bien cherché tu as vu comment elle était habillée", phrase que l'on retrouve dans le musée imaginaire suisse.

L'un des messages de la vidéo de la ville de Lausanne ? C'est aussi que chacun peut réagir et aider face à ces agressions. La visite guidée de ce musée que l'on espère ouvert très rapidement pour de vrai se termine par un miroir où chacun se regarde intitulé "celles et ceux qui ont dit stop".