Hôtesse : les dessous pas si glamour du job

Publié le Lundi 20 Avril 2015
En France, l'hôtessariat attire de plus en plus de jeunes femmes en quête d'un job étudiant.
En France, l'hôtessariat attire de plus en plus de jeunes femmes en quête d'un job étudiant.
En matière d'emploi étudiant, l'hôtessariat attire de nombreuses jeunes femmes à la recherche d'une activité pour financer projets ou études. Mais le domaine, qui recouvre des réalités très variées, cache parfois des inconvénients. Jouer les hôtesses après les cours, est-ce le bon plan ?
À lire aussi

Florence Doré, Trinity, Mahola, Pierre Cardin... A Paris, plusieurs dizaines d'agences d'accueil se partagent le marché de l'hôtessariat. Elles emploient plus de 1000 hôtesses, dont environ un tiers d'étudiantes. Une activité bien utile pour ces dernières qui y voient le moyen de commencer à gagner leur vie par un travail qui peut sembler peu contraignant.

C'est le cas de Marine, Léa et Julie. À côté de leurs études de droit et de commerce, les trois jeunes femmes ont opté pour un job dans l'hôtessariat. "Des horaires flexibles et un travail plutôt facile", s'accordent-elles à dire pour résumer leur activité.

Mais le domaine possède aussi son revers de la médaille. Rythme, heures supplémentaires, salaires variables... Voici les chiffres-clés de l'hôtessariat par celles qui l'ont vécu :

Côté horaires, de nombreuses jeunes femmes qui se lancent dans l'activité déplorent que ces derniers ne soient pas toujours fidèles à ceux inscrits sur les contrats. Certaines n'hésitent d'ailleurs pas à manifester leur mécontentement sur les réseaux sociaux.

L'avis de nos trois jeunes témoins est sur ce point plus tempéré. "On est censé arriver 30 minutes en avance, c'est la demi-heure de politesse, c'est inscrit dans notre contrat", rappelle Léa, 18 ans. Et sur certains événements, Marine, tout juste la vingtaine, précise que c'est le départ des invités qui définit la fin du travail : "Donc parfois il y a des heures supplémentaires, sauf qu'elles ne sont pas comptées".

Pas de paiement donc, et un rythme de travail qui peut favoriser les fatigues chroniques : "Au Salon de l'Agriculture, pendant 10 jours, je faisais 8h-19h. Le temps de rentrer chez moi, j'avais juste le temps de dormir", confie Léa.

Aux horaires parfois compliqués vient d'ajouter un autre problème, auquel les hôtesses sont souvent confrontées : les tenues attribuées aux jeunes femmes par les agences. Le site Capital.fr en parlait déjà en 2011 à travers une enquête sur "Les dessous pas très glamours des hôtesses" : les tenues légères en plein hiver sont critiquées par les principales concernées. Léa y a eu droit cette année : "C'était en février, donc il faisait super froid. Ils ne nous mettaient pas de chauffage, bien qu'habillées en petite veste et petit tailleur. J'ai chopé la crève d'ailleurs."

"C'est vous la vache ?"

Bien souvent, les hôtesses préfèrent travailler sur des événements propices au rassemblement d'un public mixte, pour éviter d'être les cibles de remarques indécentes. Salon de l'Auto ou de l'aéronautique, souvent plus fréquentés par les hommes, sont en effet des lieux où les remarques déplacées vont bon train. Sur le physique d'abord, sur le métier ensuite, jugé par beaucoup comme dévalorisant.

Toujours avec le sourire, les hôtesses encaissent les remarques sexistes et machistes à longueur de journée. "Au Salon de l'Agriculture, on recevait des remarques très lourdes. 'C'est vous la vache ?' me demandait-on", raconte Léa.

Julie, 22 ans, partage cet avis. Comme beaucoup de ses consoeurs, elle reste debout pendant des heures, talons aux pieds, dans de multiples salons pour financer ses études de droit. Le métier lui plaît, même si les remarques salaces sont parfois nombreuses : "Les gens nous considèrent comme des objets. Si certains propos sont un peu 'lourds', d'autres sont totalement déplacés. Et, contrairement à ce que l'on peut penser, ce ne sont pas les plus jeunes qui sont les plus médisants".

"On passe pour des connes"

Si ces hôtesses ont toutes choisi ce métier, leurs proches ne cautionnent pas toujours leur décision. "Quand je rentre chez moi, je ne parle pas de ma journée de travail avec mon petit copain. Il aimerait que j'arrête de faire ce métier. Quand je suis sur un salon, il ne vient jamais me voir", raconte Julie.

Outre les regards parfois malicieux des visiteurs, s'ajoute celui, peu flatteur, des donneurs de leçon. Pour Léa, les hôtesses sont vues comme des "cruches" : "Les gens pensent qu'on n'a même pas notre bac, ce n'est pas un vrai métier pour eux. On passe pour des connes. On est très dévalorisées". Paradoxe puisque la condition sine qua non pour travailler dans nombre de ces agences est d'obtenir le précieux sésame. Preuve en est que les apparences sont parfois trompeuses.

Pierre Barbin et Arnaud Blanc

Dossier réalisé en partenariat avec les étudiants de l'Institut européen de journalisme.

Plus d'actu sur : L'emploi et les femmes en 2015

Sport professionnel : les femmes tentent de reprendre leurs droits
"J'ai choisi de travailler chez moi pour m'occuper de mes enfants"
Une directrice des services pénitentiaires raconte : "Je n'ai jamais eu de mal à me faire respecter"