Il existe un temple dédié aux seins au Japon

Publié le Lundi 24 Octobre 2016
Hélène Musca
Par Hélène Musca Rédacteur
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Jison-in, un temple japonais dédié aux seins
Jison-in, un temple japonais dédié aux seins
A Jison-in, un temple bouddhiste japonais, on honore les femmes... en célébrant leurs poitrines. Petit zoom sur un lieu sacré chargé d'histoire, de religion et de seins.
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De prime abord, le temple Jison-in, à Kudoyama, a tout ce qu'il y a de plus conventionnel. Situé à quelques kilomètres du mont le plus sacré du Japon, Koyasan, c'est un chef d'oeuvre d'architecture bouddhiste qui semble parfaitement ordinaire... à l'exception, peut-être, des centaines de paires de seins qui y trônent. Bienvenue dans un temple insolite où l'on honore les femmes- et leurs attributs.

Au nom des seins

Jison-in : un chef d'oeuvre d'architecture bouddhiste... et un lieu de culte des seins
Jison-in : un chef d'oeuvre d'architecture bouddhiste... et un lieu de culte des seins

Des milliers de touristes viennent chaque année à Jison-in afin de visiter ce temple et de prier pour la bonne santé de leurs épouses, de leurs, mères, de leurs soeurs ou de leurs filles. Et à chaque fois, ils laissent en offrande une représentation de seins. Dans le temple, il y en a partout, de toutes les formes, tailles et matières. Certains sont en plastique, mais on trouve surtout des seins faits en tissus et rembourrés avec de la mousse, les tétons étant représentés par de petites perles cousues, ou des poitrines sculptées dans du bois, peintes et accrochées sur des plaques. Parfois, les visiteurs ont délaissé la 3D et ont simplement offert des peintures ou des dessins sur des planches de bois. Si cette multitude de seins pendus partout dans le temple a quelque chose de déconcertant, il n'y a rien de pornographique ou de déplacé là-dessous.

Selon le moine en chef, Annen, à la tête du temple de Jison-in depuis plus de quarante ans, c'est une tradition qui a démarré il y a plusieurs années, lorsqu'un docteur, venu prier pour la rémission de l'une de ses patientes atteinte d'un grave cancer des seins, a demandé aux moines s'il pouvait laisser en offrande une représentation de buste féminin.

Jison-in et les femmes : une longue tradition

Des seins en tissus et en mousse comme offrande
Des seins en tissus et en mousse comme offrande

Cette inhabituelle requête a fait parler d'elle, et rapidement, d'autres visiteurs se sont mis à amener des répliques de cette offrande lorsqu'ils priaient pour des femmes. "Les seins représentent la naissance, donc les gens les utilisent pour demander que les grossesses se déroulent bien, que les femmes soient protégées d'un cancer ou même qu'elles produisent du lait en abondance pour pouvoir bien nourrir leurs bébés", a expliqué Annen à CNN. Depuis, le temple est devenu réputé pour les questions de santé féminine : on y vient pour rendre hommage aux femmes et demander leur protection, et on peut désormais acheter son offrande en forme de seins sur place.

Les offrandes de seins vendues sur place
Les offrandes de seins vendues sur place

Mais Jison-in avait toujours été étroitement lié à la figure maternelle, bien avant même qu'on prenne l'habitude de les honorer en amenant des seins. A l'origine, le temple a été fondé par un moine bouddhiste japonais du nom de Kobo Daishi , au début du IXe siècle, comme porte vers le mont Koyasan. Ce temple marquait le début du pèlerinage de 24 km jusqu'au sommet sacré. Or, jusqu'au XIXème siècle, les femmes n'avaient pas le droit d'aller à Koyasan : c'est pourquoi, selon la légende, la mère de Kobo Daishi avait pris l'habitude de rester à Jison-in quand son fils allait prier dans la montagne. On disait qu'il redescendait neuf fois par mois pour aller voir sa mère, d'où le nom de la ville qui abrite le temple, Kudoyama, qui signifie en japonais "neuf fois de la montagne". Jison-in, le temple aux mille seins, est donc un endroit insolite à voir absolument qui, pour ne rien gâcher, est dédié à une belle cause : la nôtre.

Jison-in a toujours été lié à la figure maternelle, selon la légende
Jison-in a toujours été lié à la figure maternelle, selon la légende