Infidélité des autres : quand faut-il la dénoncer ?

Publié le Mardi 12 Mai 2015
Qu'est-ce qui nous pousse à dénoncer les infidèles ?
Qu'est-ce qui nous pousse à dénoncer les infidèles ?
Pourquoi ne gère-t-on pas l'infidélité des autres de la même manière selon les cas ? Pourquoi garder le secret pour certains et le divulguer pour d'autres ? Ce comportement a priori incohérent a intrigué des chercheurs, qui viennent de publier le fruit de leur travail dans les célèbres "Archives of Sexual Behavior" (archives de comportements sexuels).
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Dans le cadre de ces travaux sur l'infidélité, un peu moins de 500 étudiants se sont livrés à un test en ligne (dont 67% de femmes) en suivant les indications suivantes : "Imaginez que vous connaissez quelqu'un qui a une relation suivie avec un individu (personne A). Vous découvrez que le partenaire (personne B) a des relations sexuelles avec pénétration avec quelqu'un d'autre (personne C). Merci d'indiquer quelle serait votre attitude, ce que vous diriez ou pas à la personne A. Merci de juger chaque cas listé indépendamment les uns des autres".

Les participants avaient des détails sur chacun des trois personnages, dans chaque situation à noter, et les circonstances qui ont provoqué l'infidélité. Chaque information était notée séparément sur une échelle de cinq points, indiquant si les participants étaient plus ou moins passibles de dénoncer la liaison. Le résultat a montré que certaines choses poussaient à parler plus que d'autres.
Les gens étaient plus enclins à rapporter une infidélité quand un parent proche ou un ami était trompé que lorsqu'un parent proche ou un ami trompait, ce qui semble parfaitement logique. Ils choisissaient également de révéler les agissements de ceux dont la situation économique dépendait du partenaire, bien plus volontiers que dans les cas où la personne volage entretenait son partenaire. De façon logique, les infidèles coutumiers du fait seraient plus volontiers dénoncés.

La nature de la relation du tricheur et les circonstances de l'infidélité ont également influé. Les gens étaient plus disposés à exposer la tromperie si l'infidèle était au bord d'un changement de vie important comme des fiançailles, ou s'il était connu qu'il souffrait de maladie sexuellement transmissible (mais qui les porte sur la place publique ?). L'étude n'est pas exhaustive sur les différents comportements possibles. Il est évident que les croyances religieuses influent également, les plus pratiquants faisaient moins cas de circonstances atténuantes que les autres. Les rapports homosexuels sont absents de l'étude. Par ailleurs, le fait que seule la pénétration ait été prise en compte, ne permet pas de savoir comment sont jugés les infidélités qui se limitent à des masturbations mutuelles. Or on se souvient de la déclaration de Bill Clinton qui ne pensait pas avoir trompé sa femme avec une " simple " fellation. Le jeune âge des participants n'est pas non plus représentatif de toute la société américaine.

Mais si l'étude ne peut couvrir la totalité des comportements des témoins d'infidélités, elle montre en tout cas que tout est affaire de nuances... D'autres chiffres parlent peut-être de façon plus explicite : le site de rencontres adultères Gleeden compte plus de 2,5 millions de membres dans une dizaine de pays, tandis que le site bilingue revelelescocus.com ne compte fort heureusement qu'un peu plus de 14.000 dénonciations. Les intéressés peuvent continuer à prendre des risques sans trop craindre la foudre que peuvent engendrer les délateurs...