Insultées, giflées, pincées : l'incroyable boom des femmes maltraitées durant leur accouchement

Publié le Vendredi 17 Juillet 2015
Audrey Salles-Cook
Par Audrey Salles-Cook journaliste
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Une femme sud-soudanaise et ses deux jumeaux nouveaux-nés à l'hôpital de Juba.
Une femme sud-soudanaise et ses deux jumeaux nouveaux-nés à l'hôpital de Juba.
C'est un sujet rarement évoqué dans les pays occidentaux, où les soins apportés aux femmes enceintes sont généralement convenables. Mais dans d'autres pays, la situation est critique. Selon la dernière enquête publiée par PLOS Medicine, nombreuses sont celles qui subissent violences et abus pendant l'accouchement...
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Donner naissance à un enfant est parfois loin d'être facile. Même quand la grossesse se déroule bien, la mère n'est jamais à l'abri d'une arrivée prématurée du bébé ou d'une complication médicale quelconque. Portées par un système de santé parmi les plus performants de la planète, les femmes françaises ont la chance d'avoir accès à un personnel médical de tout premier ordre. Mais qu'en est-il des autres pays ? C'est la question que s'est posée la revue scientifique PLOS Medicine, dont la dernière publication pointe du doigt les violences infligées aux femmes pendant l'accouchement.

Abusées, violentées... et emprisonnées

Un article du New York Times relate l'horreur : "Elles sont giflés et pincées pendant le travail, on les insulte, on leur refuse des anti-douleur, on les néglige et on les force à partager des lits avec d'autres femmes qui viennent d'accoucher." Incroyable, consternant, mais pourtant bien vrai. Selon une enquête effectuée dans 34 pays, elles seraient très nombreuses à subir des violences physiques pouvant aller du simple pincement à de graves abus sexuels. Ghana, Soudan, Uruguay, Ouganda, Guinée, la plupart des cas constatés proviennent de pays en voie de développement, et où bien souvent la femme ne jouit pas du même statut social que l'homme.

Manque de moyens, infrastructures misérables, personnel débordé ou incompétent, autant de facteurs aggravants qui peuvent influer sur le traitement réservé aux femmes lors de l'accouchement. Pour Meghan A.Bohren consultante pour l'Organisation Mondiale de la Santé, il est urgent de réagir : "L'OMS a déjà exprimé son inquiétude sur le sujet. En 2014, un rapport mentionnait déjà de nombreuses formes de maltraitances comme des interventions médicales forcées, incluant la stérilisation".

Pire encore, les responsables de l'organisation ont même rapporté le cas de femmes emprisonnées avec leur bébé. Leur crime : ne pas avoir eu les moyens de payer les soins médicaux...

Un constat dramatique, qui pousse les femmes de ces pays à accoucher hors des hôpitaux. Un énorme risque, puisque 300 000 d'entre elles perdent la vie en la donnant chaque année. Pour sensibiliser la population et le personnel médical en Amérique du Sud, Amnesty International a réalisé une vidéo mettant en scène un accouchement particulièrement tendu.

Infantilisée et bousculée, cette femme sur le point d'accoucher ne se voit expliquer aucune des opérations qu'elle subit. Livrée aux mains de différents personnages glacials, cette future maman va vivre un calvaire plutôt que la délivrance espérée. Violent et difficile à regarder, ce traitement ne représente pourtant qu'un moindre mal comparé à ce que doivent endurer d'autres femmes le jour venu...