L'égalité salariale ? Pas avant... 2058

Publié le Samedi 14 Mars 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Selon une étude publiée la semaine dernière par l'Institute for Women's Policy Research, l'égalité salariale devrait être atteinte en 2058. Soit dans 43 ans.
Selon une étude publiée la semaine dernière par l'Institute for Women's Policy Research, l'égalité salariale devrait être atteinte en 2058. Soit dans 43 ans.
Les Américaines vont devoir s'armer de patience avant d'espérer gagner, à travail égal, le même salaire que les hommes. Selon une étude publiée la semaine dernière par l'Institute for Women's Policy Research, l'égalité salariale devrait être atteinte en... 2058.
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C'est l'étude qui tombe à pic. Alors que les eurodéputés frontistes se sont illustrés la semaine dernière au Parlement européen en votant contre un texte portant sur l'avancée de l'égalité hommes-femmes au sein de l'Union , l'Institute for Women's Policy Research (IWPR) a rendu publique jeudi 12 mars une étude sur les inégalités salariales entre les femmes et les hommes aux États-Unis. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en Europe comme outre-Atlantique, l'écart salarial n'est pas près de disparaître. Selon l'institut, qui s'est penché sur la progression des salaires américains dans l'ensemble des 50 États américains de 1959 à nos jours, femmes et hommes devraient enfin, à poste égal, toucher le même salaire d'ici... 2058. Soit dans 43 longues années.

Le Wyoming, champion des inégalités femmes-hommes


Relayée par The Daily Beast , l'étude met en lumière les disparités entre les États américains. Bonne élève, la Floride sera le premier des cinquante États américains à permettre l'égalité salariale, d'ici 2038 selon les chercheurs. La Californie (en 2042), le Maryland (en 2042), l'Arizona (2044) et le Nevada (2044) complètent le top 5.


À l'inverse, certains États n'atteindront la parité au travail qu'au siècle prochain : c'est le cas de la Virginie occidentale (2101), de l'Utah (2102), du Dakota du Nord (2104), de la Louisiane (2106) et du Wyoming, où les femmes pourront enfin espérer autant que les hommes en... 2159 ! Autant dire que dans ces États, les petites filles nées en 2015 auront peu de chance de connaître l'égalité salariale au cours de leur vie professionnelle.

Les femmes, victimes de "ségrégation professionnelle"

Mais comment expliquer qu'en 2015, les hommes continuent encore et toujours à être mieux rémunérés que les femmes ? "Les femmes sont sous-représentées dans les STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, ndlr)", explique Jessica Milli, l'une des auteures de l'étude et associée de recherche principal à l'IWPR. "Or, ce sont eux qui ont tendance à payer beaucoup."


En 2013, une autre étude menée par l'American Community Survey et l'IWPR révélait que seules 4,6% des femmes travaillent dans les STEM, contre 10,3% des hommes. Si le secteur des nouvelles technologies et de l'industrie de pointe est l'un des plus dynamiques aux États-Unis, il reste aussi l'un des plus inégalitaires : alors que les hommes y perçoivent un salaire annuel médian de 78 000 dollars, les femmes, doivent, pour le même travail, se contenter de gagner 64 000 dollars par an. Ce qui pousse les auteurs de l'étude à parler de "ségrégation professionnelle" comme d'un obstacle majeur à l'égalité salariale au travail.

Trop peu de mesures en faveur des working mums

Pour les auteurs de l'étude, l'absence de politique gouvernementale pour aider les femmes à concilier vie professionnelle et vie privée a aussi un impact sur la persistance des inégalités salariales. À commencer par l'absence de congé maternité ou parental. "L'écart de rémunération est beaucoup plus grand pour les femmes qui ont des enfants par rapport aux femmes qui n'en ont pas", explique Jessica Milli. "Cela reflète vraiment le fait que même si les choses changent, elles ne changeront certainement pas assez vite."


Pour illustrer ces inégalités entre femmes et hommes au travail, les auteurs de l'étude ont calculé la perte de salaire cumulée à l'échelle nationale. Parmi les femmes nées entre 1955 et 1959 travaillant toute l'année à temps plein, le total de salaires perdus par rapport aux hommes dépasse les 530 000 dollars. Pour les femmes titulaires d'un diplôme universitaire, les pertes sont encore plus impressionnantes : environ 800 000 dollars.

Et en France ?

Il n'y pas qu'aux États-Unis que les inégalités salariales persistent : en Europe aussi. Selon un rapport de l'Organisation internationale du Travail (OIT) publié en décembre dernier, en Europe, le salaire moyen des femmes en Europe est à inférieur de 18,9% à celui des hommes. La France ne fait guère mieux que la moyenne européenne, puisque les femmes sont payées en moyenne 25% de moins que les hommes.

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