Leboncoin et le revival du vinyle : tout le monde veut sa part de galette

Publié le Mercredi 27 Juillet 2016
Sarah  Redon
Par Sarah Redon Journaliste
Journaliste médias et lifestyle
Le retour du vinyle, plus hype que jamais
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Le retour du vinyle, plus hype que jamais
Tombé en désuétude à la fin des années 80, le disque vinyle opère, depuis quelques années, un come-back inespéré qui ravit nostalgiques et puristes du son microsillon.
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Le 19 juin dernier, ils étaient des milliers à se presser devant le Studio 104. Non pas pour assister à un concert de musique, mais pour repartir, peut-être, avec une précieuse galette sous le bras. Annoncée depuis des semaines, c'est en effet en ce dimanche ensoleillé de juin que Radio France organisait une vente aux enchères inédite : celle de quelques 8 000 vinyles issus de sa gigantesque collection de disques (1,6 millions d'albums, dont 450 000 vinyles).
Au programme de cette vente hors-normes : des classiques de la chanson française, des bandes originales de films, du jazz, du blues, du rock n'roll... mais aussi des pépites punk, pop, new wave ou hard rock. Éclectique, cette vente s'adresse à tous les budgets. Prix de départ de certains disques : 1 euro... tandis que d'autres se sont arrachés à prix d'or, comme le 45 tours Octopus/Golden Hair de Syd Barrett (10 500 euros), 950 euros pour un lot de vinyles de Nina Simone, 850 euros pour celui de James Brown et 750 euros pour Serge Gainsbourg.

Un heureux come-back

Face au streaming, le vinyle creuse son trou
Face au streaming, le vinyle creuse son trou

Car les aficionados de l'objet vinyle sont prêts à mettre le prix pour dégoter la perle rare qui enrichira leur collection. À l'inverse des mp3 sans âme ni consistance que l'on stocke sur nos ordinateurs, le vinyle est un objet que l'on soigne et que l'on chérit. C'est sans aucun doute ce rapport affectif au vinyle et à la musique qui explique son étonnant come-back. À l'heure où la musique s'écoute en streaming, le bon vieux 33 tours résiste plutôt bien à l'ère de la dématérialisation. Selon le Syndicat national de l'édition phonographique, au moins 514 000 galettes se sont écoulées en 2014, soit une progression de 42% en un an. Une aubaine pour les labels et distributeurs qui n'hésitent plus à presser les derniers albums de leurs protégés.

Un son plus authentique

Un objet précieux à collectionner
Un objet précieux à collectionner

Plus beau qu'un simple boîtier CD, plus cher qu'un mp3, le disque vinyle nous réapprend à écouter de la musique autrement. Exit le fast listening du streaming : brancher sa platine, sortir le disque de son étui en carton pour en faire surgir le son crépitant nous fait renouer avec le plaisir simple de fermer les yeux pour écouter un disque dans son intégralité, bien installé.e sur son canapé. "Le vinyle implique une écoute plus musicienne et active, [...] plus subtile et incarnée que le streaming", affirme à La Croix David Godevais, directeur du Calif (Club action des labels indépendants français) et fondateur du Disquaire Day, rendez-vous annuel qui incite depuis 2011 le public à pousser la porte des disquaires indépendants pour chercher dans les bacs une perle oubliée.

Un objet précieux à collectionner

Le vinyle : un son plus authentique
Le vinyle : un son plus authentique

Objet vintage par excellence, le vinyle séduit de plus en plus les jeunes générations, qui n'hésitent pas à piquer la vieille platine de leurs parents pour écouter autrement les derniers albums de Kanye West, de Tame Impala ou de Christine and the Queens. Aux États-Unis, où le boom du vinyle a une longueur d'avance sur la France, 1989 de Taylor Swift, Carrie & Lowell de Sufjan Stevens ou encore AM des Arctic Monkeys se sont arrachés à des milliers d'exemplaires. Chez nous, le succès bienvenu du Disquaire Day a largement contribué à faire du disque vinyle un objet de passion. On demande conseil au vendeur, on fouille des heures dans les bacs... et on traque des heures durant sur LeBonCoin le vinyle qui nous obsède depuis des années. Car les artistes d'aujourd'hui n'ont pas le monopole de la platine. Redécouvrir (ou écouter pour la première fois, pour les plus jeunes) au casque des disques cultes des années 60, 70 ou 80 fait partie intégrante du come-back du vinyle. Il n'y a qu'à jeter un oeil sur LeBonCoin pour s'en convaincre : des milliers d'internautes proposent des incontournables prêts à rejoindre votre vinylothèque, que votre budget soit luxueux ou s'élève à quelques euros.. Simon & Garfunkel, Johnny Hallyday période yé-yé, The Smiths ou The Beach Boys... Il n'y a qu'à y fureter quelques minutes pour y trouver son bonheur.