Les entreprises devraient-elles s'inspirer des hippies ?

Publié le Mercredi 26 Août 2015
Offrir des séances de méditation aux salariés, une idée qui fait son chemin
Offrir des séances de méditation aux salariés, une idée qui fait son chemin
Les valurs "Peace and love" des hippies seraient en train de faire leur grand come-back. Des entreprises s'en inspireraient même pour contribuer au bien-être tant professionnel que personnel de leurs salariés. Pour ces sociétés, l'acceptation de soi et une sexualité épanouie garantiraient une vie professionnelle radieuse. Utopique ? Pas tant que ça.
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Du monde hippie, il ne reste aujourd'hui que des moqueries : vivre libre, heureux, nu et s'aimer y compris physiquement les uns les autres relèverait au mieux de l'utopie, au pire d'une naïveté sans borne. Pourtant, actuellement, des chercheurs analysent les nouvelles formes de management d'entreprise qui émergent aux Etats-Unis, en Hollande, en Allemagne et même en France, qui semblent directement issues de la philosophie hippie. Outre le self-management et la définition autonome du poste et du salaire, ces entreprises font beaucoup pour que la vie personnelle - y compris au lit - soit aussi épanouissante et équilibrée qu'au sein de l'entreprise : cela améliore grandement la productivité.

Des entreprises proposent un quart d'heure de méditation par jour pour l'ensemble du staff, des dirigeants jusqu'aux personnes en charge du ménage. Des sociétés comme RHD, qui emploie 4.000 personnes aux Etats-Unis, financent 10 séances par an et par employé pour des thérapies (familiales, de couple...), partant du principe que si un employé à des problèmes qui nécessitent un thérapeute, le sujet est assez important pour que l'entreprise paie. Pour l'ensemble de ces établissements, l'idée que vivre dans un monde où tout n'est que représentation de soi, tel que l'on pense que les autres nous souhaite, est une source d'aliénation qui a des répercussions néfastes partout. Alors que "Des choses merveilleuses arrivent lorsqu'on ose se présenter au bureau tel qu'on est vraiment. A chaque fois qu'on cache une partie de nous-mêmes, on se coupe de notre potentiel, de notre créativité et de notre énergie" (Frédéric Laloux " Reinventing Organizations " - ré-inventer les organisations).

On peut rapprocher cette façon de penser des théories du psychanalyste Sigmund Freud sur le rôle de la sexualité et de la libido dans la vie sociale et professionnelle tout autant que dans la vie privée. On peut également penser au psychanalyste Jacques Lacan pour qui il ne faut pas résister à son désir, où à ce que disait récemment le philosophe Alain Badiou dans le journal Le Monde, il faut "ne pas cesser de vouloir ce que vous voulez".

Les hippies ont semé des graines très florissantes : outre la révolution sexuelle et l'émancipation féminine dont ils ont été le moteur, il se pourrait bien qu'Internet (né d'une volonté de collaboration entre universitaires), les logiciels open source (gratuits) et beaucoup des entreprises les plus florissantes (AirBnB, Uber, par exemple, qui ne possèdent aucun des biens et services qu'elles vendent), soient les fruits de ces idées dites utopiques. Si à présent ces dernières prônent aussi le bien-être, l'idée qu'il faut être soi librement, avoir une sexualité épanouie, comme garants d'une vie professionnelle radieuse, voilà des concepts nouveaux qui peuvent révolutionner bien plus que le monde du travail.

S'ils font des adeptes, il se pourrait qu'au moment où l'on se prépare à faire l'amour avec des robots, une tendance inverse se dessine, presque transgressive, où les individus se montreront vraiment à poil (dans tous les sens du terme), et où le collaboratif intègrera aussi l'idée d'une sexualité libre avec tous, indifféremment du genre et des goûts, au nom du bien-être tout simplement.

Jim Morrisson, le chanteur des Doors, disait : "Le sexe est plein d'hypocrisie. Le corps essaie de dire la vérité, mais il est généralement trop étouffé par des règles pour être entendu. On se paralyse dans le mensonge. La plupart des gens n'ont aucune idée de ce qu'ils ratent, notre société accorde une valeur suprême au contrôle, à cacher ce que l'on ressent. Elle se moque des cultures primitives et se targue de la répression des instincts naturels et des impulsions." Se pourrait-il que 50 ans plus tard, il soit entendu et le tir soit corrigé ?