Les femmes dirigeantes, toujours minoritaires au sein des entreprises

Publié le Lundi 22 Juin 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Les femmes dirigeantes, toujours minoritaires au sein des entreprises
Les femmes dirigeantes, toujours minoritaires au sein des entreprises
Les grandes entreprises laissent-elles enfin aux femmes la place qu'elles méritent au sein de leurs instances dirigeantes ? Le cabinet d'audit et de conseil KPMG s'est posé la question et livré une étude dont les résultats ont été dévoilés vendredi 18 juin. Résultat : si les femmes sont de plus en plus présentes dans des milieux traditionnellement masculins, elles restent encore et toujours minoritaires aux postes de direction générale.
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1,2%. C'est le nombre de femmes dirigeantes supplémentaires ayant accédé aux postes de direction générale en l'espace de dix ans (entre 2003 et 2013). C'est ce que révèle le cabinet d'audit et de conseil KPMG dans une étude dont les résultats ont été dévoilés vendredi 18 juin dans le cadre du Salon Planète PME.


L'étude KPMG, qui tâte le pouls de la féminisation des instances dirigeantes, s'intéresse aussi aux motivations et aux difficultés rencontrées par quelques 400 femmes directrices générales au cours de leur carrière. Son bilan, en demi-teinte, montre que, malgré les mesures gouvernementales prises en faveur de la parité, le plafond de verre reste tenace.

Des femmes dirigeantes plus jeunes mais toujours minoritaires

Car si les femmes représentent aujourd'hui la moitié de la population active française (48%), elles restent encore trop peu à accéder aux postes de direction : 14% seulement en 2013. Elles peinent surtout à s'imposer au sein des grandes groupes, mais opèrent une percée dans les entreprises de 10 à 20 salariés.


L'étude constate aussi un rajeunissement des instances dirigeantes. Alors qu'en 2003, seules 12,1% des femmes aux postes de direction avaient entre 30 et 40 ans, elles sont aujourd'hui 18,2% à accéder aux hautes sphères dès la trentaine. "Cette dynamique est très prometteuse car elle devrait se répercuter et se poursuivre", affirme au Monde Jacky Lintignat, directeur général de KPMG.


Surtout, l'étude KPMG met en lumière leur forte progression dans des secteurs traditionnellement masculins, comme l'agro-alimentaire, l'automobile ou l'énergie. Les femmes restent toutefois surreprésentées dans les secteurs des services aux particuliers, services sociaux et du commerce.

Chef d'entreprise de père en fille

Le cabinet KPMG s'est également penché sur les modes d'accès des femmes aux fonctions dirigeantes. Comme leurs homologues masculins, elles y accèdent avant tout en créant ou en rachetant une entreprise (44% des femmes et 43% des hommes). Elles sont 27% à bénéficier d'une promotion interne, mais sont lésées par les recrutements externes (7% des femmes contre 14% des hommes).


Fait intéressant, l'étude du cabinet d'audit montre que 22% des femmes deviennent dirigeantes par transmission familiale. Les hommes ne sont que 16% dans le même cas. "Ce mouvement en profondeur est positif car il montre que les dirigeants n'hésitent plus à confier la direction à leur fille alors que jusqu'à peu le réflexe était de se tourner vers leur fils", explique Jacky Lintignat.

Les femmes dirigeantes sont plus stressés et moins confiantes que les hommes

Dernier volet de l'étude réalisé par KPMG, ce qui motive les femmes dirigeantes et les obstacles qu'elles rencontrent dans leur carrière. Sensibles à la relation-client (20% des femmes contre 12% des hommes), les femmes semblent plus à l'aise avec l'encadrement des équipes : seules 8% d'entre-elles citent le management comme difficulté dans l'exercice de leur fonction, contre 21% de leurs homologues masculins.


Elles sont 21% à citer le stress et la pression comme principale difficulté, contre 13% des hommes et admettent manquer de confiance en elles (20% des femmes contre 13% des hommes).


Enfin, "le fait d'être une femme aurait constitué un obstacle pour sa prise de fonction" selon une dirigeante sur dix. Une discrimination à laquelle ne sont jamais confrontés les hommes, selon l'étude.