Les Japonaises prennent d'assaut le bastion masculin des sushis

Publié le Jeudi 10 Septembre 2015
Marie Chaumière
Par Marie Chaumière Journaliste
L'une des cuisinières de Nadeshiko Sushi
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Au Japon, les femmes n'ont pas le droit de participer à la confection des sushis. Mais un restaurant a décidé de faire fi de cette interdiction archaïque en n'engageant que des femmes. La révolution du sashimi en marche ?
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Vous ne le saviez peut-être pas, mais les femmes ne sont pas autorisées à confectionner des sushis au Japon. La raison ? Leurs menstruations, qui, selon des croyances ancestrales encore bien ancrées, auraient pour effet d'altérer le goût des aliments et feraient d'elles de mauvaises cuisinières, mais aussi la "chaleur de leurs mains" (oui, oui), contre-indiquée pour la découpe de poisson.

Pourtant, un restaurant à Tokyo a décidé de braver cet interdit en confiant sa cuisine à des femmes, comme l'explique le site Vice. Cet établissement baptisé Nadeshico Sushi est situé dans le quartier populaire d'Akihabara et est tenu par une chef de 28 ans, Yuki Chidui.

"Dès que j'ai entendu parler de la possibilité pour une femme de rouler des sushis ici, j'ai su que je voulais venir, confie-t-elle à Vice. Comme de nombreux japonais, Yuki Chidui adore les sushis depuis son plus jeune âge, mais jamais elle n'aurait imaginé pouvoir en fabriquer elle-même.

"Je n'ai jamais été autorisée à rouler un seul sushi pendant les six années durant lesquelles j'ai travaillé dans le restaurant dans lequel je travaillais avant, et tout ça à cause de mon sexe. Mon travail consistait à m'assurer que tous les ingrédients nécessaires pour la confection des sushis étaient dans la cuisine. Et même à ce poste consacré à la logistique, j'étais la seule femme dans le restaurant. Mais j'ai fait en sorte d'apprendre sur le tas la fabrication de sushis pendant le temps passé là-bas." raconte Yuki Chidui.

Des clients attirés par ce resto 100% femmes

Fait amusant, les clients de Nadeshico Sushi sont principalement attirés par la présence exceptionnelle de femmes derrière les fourneaux. Yuki Chidui raconte en effet que lorsqu'elle et ses collègues se sont mises à porter des T-shirts et à dissimuler leurs cheveux comme les hommes, les clients ont commencé à déserter l'établissement. "C'est sans doute lié au fait que pour eux, voir des femmes derrière le comptoir est inhabituel. Au moment où j'ai décidé que nous ferions mieux d'exprimer notre personnalité et où j'ai autorisé toutes les membres de l'équipe à s'habiller comme elles le souhaitaient, la rumeur s'est répandue et les clients sont revenus."

Yuki Chidui a confiance dans le fait qu'une nouvelle génération de chefs femmes va voir le jour au Japon et compte bien participer à ce changement : "J'ai toujours su que je voulais prendre les choses en main afin d'encourager une nouvelle génération de cehfs spécialisés dans les sushis. Au bout du compte je veux lancer le sushi à la mode Nadeshico. Je veux que notre travail donne naissance à un mouvement."