Les mamies sont-elles responsables de la monogamie ?

Publié le Mercredi 16 Septembre 2015
Ariane Hermelin
Par Ariane Hermelin Journaliste Terrafemina
Journaliste société passée par le documentaire et les débats en ligne sur feu Newsring.fr.
Le casting des "Golden Girls"
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Vous en avez marre que votre grand-mère, à chaque fois que vous lui rendez visite, vous demande quand vous allez enfin vous poser et vous marier ? Vous ne seriez pas aussi aigrie si vous saviez que, selon les anthropologues, les grands-mères ont largement participé à la promotion de la monogamie au sein de l'espèce humaine. Explications.
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Les grands-mères, piliers du couple ? Une étude publiée le 8 septembre suggère en effet que ces dernières auraient joué un rôle prépondérant dans la promotion du couple monogame, par ailleurs de plus en plus remis en cause.

A l'origine, il y a d'abord une thèse, appelée "hypothèse de la grand-mère", avancée pour la première fois par l'anthropologue Kristen Hawkes de l'Université d'Utah en 1997 et qui suggère que les grands-mères ont joué un rôle majeur dans l'évolution de l'espèce humaine. Ceux-ci se sont en effet rendus compte qu'il n'y a que chez les hommes que les grands-mères continuent de s'occuper de leurs enfants une fois ceux-ci sevrés, et ensuite de leurs petits-enfants. Pour les anthropologues, en jouant ce rôle, les aïeules ont ainsi permis à leurs filles de faire plus d'enfants et ont par conséquent contribué à l'allongement de l'espérance de vie humaine.

Or, dans le cadre d'une nouvelle étude, Kristen Hawkes et son équipe ont décidé de se pencher sur l'impact des grands-mères sur les relations hommes-femmes. Ils se sont ainsi rendus compte qu'en contribuant à l'allongement de la durée de vie, les grands-mères ont participé à la promotion de la monogamie.

Voici ce qu'ils ont en effet découvert : alors que les hommes comme les femmes vivaient de plus en plus longtemps, un déséquilibre s'est créé entre le nombre d'hommes âgés fertiles et le nombre de femmes âgées fertiles, ménopause oblige. Cette situation de déséquilibre a créé une forme de compétition au sein des hommes fertiles, et a donc contribué à promouvoir le fait de trouver une compagne et de la garder, les femmes pouvant se reproduire étant plus rares.

Pour le docteur en athropologie Peter Kim, qui a co-signé cette étude, cette hypothèse explique "pourquoi l'espèce humaine est si monogame alors que les autres espèces ne le sont pas". Les grands-mères et le rôle qu'elles ont joué au sein de la famille en aidant à s'occuper des petits-enfants ont donc conduit à modifier le ratio entre le nombre d'hommes fertiles et de femmes fertiles, à l'origine de la monogamie. "Soudain, les hommes se sont rendus compte qu'il était préférable de se lier avec une seule femme, de rester à ses côtés et de la protéger et de faire des enfants avec cette seule femme", explique le chercheur.