Manspreading : Madrid s'attaque aux hommes qui écartent les jambes dans le métro

Publié le Lundi 12 Juin 2017
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Manspreading : Madrid s'attaque aux hommes qui écartent les jambes dans le métro
Manspreading : Madrid s'attaque aux hommes qui écartent les jambes dans le métro
La capitale espagnole a décidé de sensibiliser les usagers de ses transports en commun au fléau du "manspreading", cette tendance qu'ont les hommes à écarter les jambes et à empiéter sur les sièges voisins.
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Si vous êtes une femme et que vous empruntez chaque jour les transports en commun, cela vous est forcément arrivé au moins une fois : alors que vous êtes installée sur votre siège, le passager assis à côté de vous –un homme généralement –écarte exagérément les jambes, s'étale et vous force, de fait, à serrer les vôtres. Ce phénomène a un nom : le manspsreading ou "homme qui s'étend" en français.

Aussi impoli qu'irritant, le manspreading pourrit régulièrement nos voyages en train, bus et métro tandis que les hommes qui en sont à l'origine, eux, voyagent à leur aise, les jambes bien écartées. Pour lutter contre ce phénomène, la mairie de Madrid a décidé d'agir. Dès la mi-juin, les autorités du transport de la capitale espagnole (EMT) déploieront dans l'ensemble du réseau des vignettes sensibilisant les hommes à l'incivilité que constitue le manspreading. À l'image de celles présentes dans le métro parisien mettant en garde les enfants de ne pas mettre les mains dans les portes au risque de "se faire pincer très fort", ces nouveaux pictogrammes sensibilisent les usagers et usagères aux incivilités ordinaires. Outre celui dénonçant le manspreading, l'entreprise municipale des transports madrilènes interdit aussi de fumer dans les rames et invite à céder sa place aux personnes âgées et femmes enceintes.

"Cette recommandation, qui vise à défendre un usage civique et respectueux de l'espace intérieur des bus, vient compléter les nouveaux panneaux informatifs", indique le journal local Diario de Madrid. "Cette nouvelle signalétique est similaire à celles qui existent déjà dans d'autres systèmes de transport dans le monde et incite les usagers à ne plus adopter une position qui mettrait les autres dans une situation inconfortable", ajoute-t-il.

Les associations féministes ont aussi salué l'initiative de la ville de Madrid. Parmi elles, le collectif Mujeres En Lucha (Femmes en lutte) qui avait interpellé il y a quelques mois la municipalité madrilène au manspreading en lançant une pétition en ligne ainsi que le hashtag #MadridSinManspreading (Madrid contre le manspreading). Il s'agit d'une "victoire pour toutes et tous", ont indiqué les membres du collectif sur Instagram.

Si pour le moment les hommes ayant tendance à s'étaler dans les transports ne sont redevables d'aucune amende, cela pourrait bientôt changer. En effet, le parti le gauche radicale Podemos a déposé le 6 juin dernier une proposition de loi devant le Parlement de la région de Madrid afin d'élargir à l'ensemble de la province la campagne anti-manspreading. "Nous pensons que rendre visible ces pratiques quotidiennes de machisme qui passent inaperçues est la seule manière d'avancer", a ainsi déclaré la députée de Podemos Clara Serra.

Madrid n'est pas la première ville à sévir contre le manspreading : avant elle, New York et Tokyo avaient pris des mesures similaires.