"Les gens ne 'savent' que ce qu'ils voient sur Internet". Ce sont par ces mots que Miley Cyrus a introduit son dernier thread Twitter. Le temps d'une tribune numérique, la popstar américaine est revenue sur les (très) nombreuses remarques désobligeantes dont elle a pu faire l'objet ces derniers mois. Effectivement, les internautes ne se sont pas privés de gloser sur sa vie privée (perçue par le prisme "people"), de sa séparation médiatisée avec le comédien Liam Hemsworth à sa récente relation avec la star de téléréalité Kaitlynn Carter. Mais aujourd'hui, la chanteuse en a marre des critiques. Plus que des ragots, elle voit là un phénomène de misogynie (trop) ordinaire.
Lorsqu'elle lit les "avis" de ses "followers" anonymes, Miley Cyrus a effectivement l'impression d'être infantilisée plus qu'il n'en faut. Comme si elle était restée la Hannah Montana adolescente de Disney Channel (treize ans déjà !). "Les gens pensent avoir leur mot à dire sur la manière dont je vis, parce qu'ils m'ont vu grandir. Mais je suis une adulte maintenant", déplore-t-elle. A la lire, le public fantasme toujours la vie des célébrités, et cela vire vite aux leçons de morale. Mais selon le sexe, poursuit la chanteuse, ce "fantasme"-là n'a pas vraiment les mêmes conséquences...
Effectivement, là où les hommes (célèbres, mais pas que) qui "enchaînent les jeunes et belles femmes" seront considérés comme des "légendes, des tombeurs, des hommes à femmes", la réalité n'est pas si rose pour leurs consoeurs, détaille l'artiste. Non, les femmes qui osent alterner les relations seraient forcément "des salopes, des putes", s'attriste l'interprète de We can't stop. Difficile de lui donner tort.
Ce qu'énonce Miley Cyrus porte évidemment un nom : le slut-shaming. L'insulte systémique des femmes en fonction de leur sexualité, de leur corps et de l'usage qu'elles en font. Et justement, achève sur Twitter la chanteuse de Wrecking Ball, "les hommes (surtout ceux qui ont du succès) sont RAREMENT victimes de 'slut-shaming'".
Une belle injustice sociétale qui a de quoi nous déprimer. Mais la popstar n'en reste pas là. "Si notre président peut 'attraper les femmes par la chatte', est-ce que je peux simplement embrasser quelqu'un ?", ironise-t-elle à l'encontre de ses "haters". Bref, pour Miley Cyrus, "it's a Man's Man's Man's World", comme le chantait James Brown jadis. Et évoluer en son sein n'a rien d'évident lorsque l'on est une femme, adulée ou pas. "J'essaye juste de grandir et de survivre dans un monde d'hommes", cingle-t-elle à ses followers, avant d'avouer que l'autodérision l'aide beaucoup à surmonter cette épreuve ("J'essaie juste de prendre les trucs à la légère et de moquer de moi-même").
Un aveu qui a forcément suscité l'empathie, comme le démontrent le soutien (emojis à l'appui) de la comédienne américaine Emmy Rossum (Shameless) ou celui de la tout aussi "peoplisée" Kendall Jenner (lui suggérant de "vivre sa vie"), mais également l'enthousiasme de bien des voix anonymes. D'aucuns voient ainsi en Miley Cyrus une "icône féministe", un "role model", ou tout simplement "une reine".
Ce n'est évidemment pas la première fois que la principale intéressée souffre des jugements et autres critiques. Ses mythiques "twerks" lui ont valu bien des remarques par le passé. Mais la chanteuse ne s'est jamais privée d'épingler les réflexions ras des pâquerettes du public (ou des journalistes).
Il y a déjà six ans de cela, elle revenait ainsi, dans les pages du magazine Rolling Stone, sur sa performance aux côtés de Robin Thicke. Sur la scène des Video Music Awards 2013, l'artiste s'était permise de "twerker", au son de son tube Blurried Lines. De simples mouvements du bassin qui ont scandalisé l'Amérique. Et surtout les machos. L'artiste explique : "personne ne parle du mec qui se tient derrière ce cul. On écrit : "Miley twerke sur Robin Thicke" mais jamais : "Robin Thicke se colle à Miley". Ils parlent seulement de celle qui se penche. Il faut croire qu'il y a deux poids deux mesures".
Difficile de tordre ce vieux vinyle rayé qu'est le slut shaming...