A 45 ans, la réalisatrice hongroise Ágnes Kocsis a déjà remporté un prix à la Cinéfondation du Festival de Cannes pour le court-métrage A vírus, a gagné le prix FIPRESCI à Cannes dans la section Un Certain Regard avec son deuxième long-métrage Adrienn Pal. Mais c'est son premier film, Fresh Air, couronné de 14 distinctions, qu'elle présentera au festival de cinéma européen des Arcs, dans le cadre du cycle "Nouvelles femmes de cinéma". Dans cette oeuvre contemplative et sensible, Ágnes Kocsis examine le quotidien désenchanté de Viola, dame pipi dans une station de métro, et de sa fille Angela, qui se rêve styliste. Nous avons interrogé la cinéaste sur sa place de femme dans le milieu encore très masculin de la réalisation et sur ses sources d'inspiration.
Je pense que le plus gros problème est que les gens, aussi bien hommes que femmes, continuent à penser que les femmes ne sont pas capables de faire des choses intellectuellement exigeantes. Hier encore, par exemple, j'ai lu une étude qui disait que la moitié des salariés ne voudrait pas d'une femme comme boss et les personnes interrogées étaient des hommes mais aussi des femmes. Donc même les femmes n'acceptent pas d'autres femmes dans des positions de leaders...
Oui, bien sûr. Souvent, il est très difficile de prouver quel est le problème ou pourquoi c'est sexiste car c'est très subtil... Parfois, c'est "juste" une petite blague, un sous-entendu ou des gens qui ne prennent pas au sérieux ce que les femmes disent. Il y a aussi le fait que les femmes aient à prouver trois fois plus ce dont elles sont capables pour atteindre le même succès que les hommes. C'est toujours compliqué de savoir pourquoi on est confrontée à ce type de comportement : est-ce à cause de ma personnalité ou est-ce parce que je suis une femme ? Mais quand tu constates que tes collègues féminines font face aux mêmes expériences, tu réalises que c'est bien parce que tu es une femme.
Souvent, on peut avoir le sentiment qu'un film a été fait par une femme à cause de son approche ou de sa sensibilité, qualité que la société assimile aux femmes. Mais ça n'est pas toujours vrai. Et d'ailleurs, je pense que nous changeons de plus en plus notre attitude dans l'éducation de nos enfants par exemple. Cela évolue et c'est tant mieux.
Je n'ai pas vraiment ce genre de rêve. J'essaie juste de trouver la meilleure actrice ou le meilleur acteur pour le rôle.
Ma petite fille, bien qu'elle ne soit pas encore une femme.
Cycle "Nouvelles femmes de cinéma" au Festival de cinéma européen des Arcs, du 10 au 17 décembre 2016