cinéma
Nouvelle femme de cinéma : les confidences de la réalisatrice Ágnes Kocsis
Publié le 29 novembre 2016 à 15:07
Par Catherine Rochon | Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
Le Festival des Arcs 2016, qui se tiendra du 10 au 17 décembre, met à l'honneur la nouvelle génération de femmes réalisatrices européennes. Bluffantes et inspirantes, ces jeunes cinéastes en ont sous le pied et nous les avons adorées. Aujourd'hui, lumière sur la cinéaste hongroise Ágnes Kocsis.
La réalisatrice Ágnes Kocsis La réalisatrice Ágnes Kocsis© DR
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A 45 ans, la réalisatrice hongroise Ágnes Kocsis a déjà remporté un prix à la Cinéfondation du Festival de Cannes pour le court-métrage A vírus, a gagné le prix FIPRESCI à Cannes dans la section Un Certain Regard avec son deuxième long-métrage Adrienn Pal. Mais c'est son premier film, Fresh Air, couronné de 14 distinctions, qu'elle présentera au festival de cinéma européen des Arcs, dans le cadre du cycle "Nouvelles femmes de cinéma". Dans cette oeuvre contemplative et sensible, Ágnes Kocsis examine le quotidien désenchanté de Viola, dame pipi dans une station de métro, et de sa fille Angela, qui se rêve styliste. Nous avons interrogé la cinéaste sur sa place de femme dans le milieu encore très masculin de la réalisation et sur ses sources d'inspiration.

A votre avis, qu'est-ce qui entrave encore le parcours des femmes réalisatrices ?

Je pense que le plus gros problème est que les gens, aussi bien hommes que femmes, continuent à penser que les femmes ne sont pas capables de faire des choses intellectuellement exigeantes. Hier encore, par exemple, j'ai lu une étude qui disait que la moitié des salariés ne voudrait pas d'une femme comme boss et les personnes interrogées étaient des hommes mais aussi des femmes. Donc même les femmes n'acceptent pas d'autres femmes dans des positions de leaders...

99% des femmes travaillant dans le milieu du cinéma et de la télé ont déjà dû faire face au sexisme. Est-ce votre cas ?

Oui, bien sûr. Souvent, il est très difficile de prouver quel est le problème ou pourquoi c'est sexiste car c'est très subtil... Parfois, c'est "juste" une petite blague, un sous-entendu ou des gens qui ne prennent pas au sérieux ce que les femmes disent. Il y a aussi le fait que les femmes aient à prouver trois fois plus ce dont elles sont capables pour atteindre le même succès que les hommes. C'est toujours compliqué de savoir pourquoi on est confrontée à ce type de comportement : est-ce à cause de ma personnalité ou est-ce parce que je suis une femme ? Mais quand tu constates que tes collègues féminines font face aux mêmes expériences, tu réalises que c'est bien parce que tu es une femme.

Photo du film Fresh Air de Agnes Kocsis © Magyar Filmunió
Jodie Foster a déclaré qu'elle trouvait que les femmes réalisatrices avaient une approche différente. Etes-vous d'accord avec elle ?

Souvent, on peut avoir le sentiment qu'un film a été fait par une femme à cause de son approche ou de sa sensibilité, qualité que la société assimile aux femmes. Mais ça n'est pas toujours vrai. Et d'ailleurs, je pense que nous changeons de plus en plus notre attitude dans l'éducation de nos enfants par exemple. Cela évolue et c'est tant mieux.

Quelle actrice rêveriez-vous de diriger ?

Je n'ai pas vraiment ce genre de rêve. J'essaie juste de trouver la meilleure actrice ou le meilleur acteur pour le rôle.

Quelle est la femme qui vous a le plus inspirée cette année ?

Ma petite fille, bien qu'elle ne soit pas encore une femme.

Cycle "Nouvelles femmes de cinéma" au Festival de cinéma européen des Arcs, du 10 au 17 décembre 2016

Mots clés
cinéma feminisme sexisme Culture festival les Arcs News essentielles interview Nouvelle femme de cinéma
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