Orgasme : pourquoi il faut arrêter de se mettre la pression

Publié le Lundi 30 Mars 2015
L'orgasme, ce n'est pas automatique.
L'orgasme, ce n'est pas automatique.
Chercher la jouissance à tout prix peut avoir l'effet inverse. A trop se mettre la pression, on en oublie l'essentiel.
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Il faut savoir pourquoi on couche. Les raisons de vouloir faire l'amour sont nombreuses et variables selon les jours et les humeurs : parce que le corps est en ébullition et le réclame, pour mieux dormir, pour se détendre, par envie vorace de l'autre, pour déstresser, pour dialoguer autrement avec son partenaire, pour résoudre un conflit avec lui ... Les raisons sont multiples et ne commencent jamais par " Tiens, et si j'avais un orgasme, comme ceci ou comme cela ? ".

La pression médiatique sans relâche autour de cette question ne permet pas de présenter les choses telles quelles sont dans la réalité : on fait l'amour pour toutes sortes de raisons, sauf celle-là, car ni les hommes ni les femmes n'ont de garantie de l'obtenir, et chaque orgasme est différent du précédent. Entre spasmes discrets, voyages mystiques dans les étoiles, tremblements de la tête aux pieds, ou un simple bien-être, les variations sont infinies et imprévisibles, avec peut-être comme seul point commun la capacité à rentrer dans un autre monde, où l'espace, le temps et le rapport à l'autre ne sont plus tout à fait les mêmes. Vouloir mettre du rationnel dans un domaine qui appartient aux sensations est absurde, on est loin de toute logique et l'état pendant l'acte s'apparente bien plus aux rêves qu'à la réalité.

Le couple sous pression

C'est un leurre de penser que certaines personnes sont plus douées que d'autres à faire jouir leurs partenaires. Tout au plus sont-elles expertes dans l'art de faire l'amour, connaissant les points les plus sensibles du corps, dégageant une sensualité supérieure à d'autres, sachant donner beaucoup de plaisir. Rien de plus. Les orgasmes ne se distribuent pas plus qu'ils s'obtiennent en appuyant sur un bouton, ils ne dépendent ni du désir, ni d'un savoir-faire, mais de la capacité à rêver éveillé. Un homme ou une femme qui n'ont pas joui ne sont pas plus responsables que leurs partenaires, et personne n'est à blâmer. Hélas, cela n'empêche pas les hommes de penser que la jouissance de leur partenaire est dépendante de leur expertise et de la qualité de leur érection (faisant fi de la durée de celle-ci), ni les femmes de penser que si leur amant n'a pas joui c'est qu'il ne les trouve plus suffisamment séduisantes ou pas assez expertes. Chacun attend de l'autre de ne pas juger, tout en le redoutant, et c'est souvent l'anxiété qui vient souvent tuer la jouissance. Les clichés erronés sont coriaces et traversent les siècles en faisant fi des progrès de l'histoire.

S'il n'y a pas de recette ou de garantie de résultat, il est toujours souhaitable d'ouvrir le dialogue. Parler de sexe, (se) poser des questions, vouloir sortir du cadre fixé, avouer ses faiblesses ou son ignorance de certaines choses, poser à voix haute des questions intrigantes, peuvent libérer l'esprit (une chose dite à voix haute et devant témoin à beaucoup plus de poids), attiser le désir et permettre de s'abandonner un peu plus.

Une sexologue américaine racontait récemment sur son blog qu'une de ses patientes, dont la libido était faible, adorait les jeux sexuels pour le plaisir du corps de l'autre, de l'attouchement. Mais elle ne souhaitait de rapports que si elle pouvait être sûre de performer et d'avoir un orgasme, ce qui limitait les possibilités. Jusqu'à ce que son partenaire impose comme règle de faire l'amour sans avoir d'orgasme. C'est dans ces conditions qu'elle s'est mise à être curieuse, à expérimenter ... et à jouir beaucoup plus souvent.

Rares sont aujourd'hui les domaines où il ne faut surtout pas attendre de résultat, où il ne faut pas faire plus pour obtenir plus, mais au contraire laisser les choses se faire, comme si elles tenaient plus du hasard. On pourrait presque dire que la relation sexuelle n'est que contacts éphémères des épidermes, et des orgasmes qu'ils ne sont que des probabilités liées la coïncidence de différents facteurs.