Faire des bijoux à l'effigie de troubles mentaux : bonne ou mauvaise idée ?

Publié le Mercredi 30 Mai 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Un collier de la marque ban.do
Un collier de la marque ban.do
Une marque de bijoux a voulu lancer une gamme pour sensibiliser le grand public aux maladies mentales mais elle récolte la colère de certains internautes.
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Cela ressemble au premier abord à une bonne idée. Le site de création de bijoux ban.do a voulu déstigmatiser les troubles mentaux comme la dépression ou l'anxiété à l'occasion du mois qui leur est consacré. Il a mis en vente des colliers un peu particuliers. Chacun des modèles, en or ou en or blanc, représente le nom d'une maladie, comme bipolaire, anxiété ou dépression.

L'intégralité des bénéfices de la vente de ces colliers ira à l'association Bring Change to Mind ("Apportez le changement à l'esprit"), dédiée à réduire la honte qui entoure les maladies mentales et à sensibiliser les mentalités. Un pour cent des profits de l'entreprise sur le mois de mai ira également à cette organisation.

Mais des internautes ont réagi : au coeur de la polémique, la démarche de faire de la mode autour des maladies mentales. La marque s'est donc pris des tombereaux de commentaires négatifs sur ses comptes Instagram et Twitter.

Une internaute a par exemple posté la photo des colliers avec le seul commentaire "oulà" et a recueilli plus de 21000 likes.

Certains se demandent si des personnes qui ne souffrant pas de ces troubles ne vont pas acheter ces colliers pour juste être "cool", comme cette internaute : "Cela n'explique pas à quel point cela est totalement déplaisant. Ma dépression et mon anxiété ou d'autres maladies mentales ne sont pas votre -action à la mode- "

Une autre ironise : "J'ai un ami noir, c'est ok", alors que la créatrice de la marque a expliqué être bipolaire.

La fondatrice de cette marque basée à Los Angeles, Jen Gotch, qui a dessiné les colliers répond qu'elle a elle-même combattu sa bipolarité. Elle espère que ses bijoux seront un point de départ pour entamer des conversations sur ces troubles. Elle raconte sa démarche sur son compte Instagram : "J'ai voulu encourager les gens à avoir des conversations qui ont du sens à propos de leur maladie. Avec les personnes qu'ils aiment, leurs collègues et même des étrangers."

Jen Gotch répond : "Une fois que j'ai pu mettre des mots sur mes symptômes cela a rendu les choses beaucoup plus facile à gérer (pas facile, mais plus facile) et je cherchais toujours à rentrer en contact avec d'autres personnes qui pouvaient souffrir aussi. [...] Les maladies mentales n'ont jamais été une mode pour moi. [...] Tout le monde n'est pas prêt à en parler et je comprends complètement pourquoi. Cela fait peur, c'est incompris et en parler est une responsabilité qui parfois vient avec des conséquences négatives."

L'initiative ne déplaît pourtant pas à tout le monde, puisque certains modèles de la marque sont en rupture de stock. Alors, l'univers de la mode peut-il s'inspirer des maladies, même si c'est avec les meilleurs intentions du monde ? L'expérience de ban.do prouve que non.