Quand la puberté pousse les filles à arrêter le sport

Publié le Vendredi 13 Mai 2016
Jessica Dufour
Par Jessica Dufour Journaliste
Comment la poitrine et la puberté poussent les filles à arrêter le sport
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Au-delà d'un hypothétique manque de motivation ou de compétences physiques, derrière la presque absence de filles sur les terrains d'entraînements se cache une toute autre réalité.
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"Le sport est un truc de mec" ou "C'est trop pour une fille". Si les a priori sur l'activité physique persistent tant chez les femmes que les hommes, une récente étude publiée dans The Journal of Adolescent Health révèle les réels facteurs d'arrêt du sport chez le public féminin.

Selon l'équipe de chercheurs, l'abandon des cours de sport se manifesterait plus particulièrement au moment de la puberté - du moins en ce qui concerne les filles - et non parce qu'elles seraient plus fainéantes ou moins enclines à supporter une séance que leurs comparses masculins. La puberté, période se caractérisant souvent par la développement de la poitrine, un rejet du changement de sa plastique, l'arrivée des règles ou, dans certains cas, une prise de poids, serait donc également un moment-charnière pour les jeunes filles qui avaient débuté une activité sportive.

Et pour cause, près des trois quarts des 2 089 écolières participant à l'étude et âgées de 11 à 18 ans déclarent être préoccupées par leur poitrine durant leur pratique sportive. Et les raisons de ce mal-être se révèlent multiples : des seins "trop" petits ou "trop" gros ou encore une gêne ressentie lors d'un entraînement dû à un soutien-gorge mal ajusté. Ajoutez à cela l'arrivée des règles, en moyenne deux ans après le début de la puberté. Cette situation est d'autant plus délicate pour certaines filles qu'elles doivent non seulement faire face à des menstruations douloureuses mais aussi au manque d'accompagnement et au regard souvent moqueurs de leurs camarades.

Vers une meilleure éducation

Quand seulement 10% des filles interrogées déclarent porter un soutien-gorge adapté durant l'exercice et que plus de la moitié n'en a jamais utilisé, on comprend bien vite alors que près de 90% des sondées sont désireuses d'en apprendre davantage sur leur anatomie mammaire et près de la moitié sur les soutiens-gorge spécifiques au sport.

Seulement 10% des filles interrogées déclarent porter un soutien-gorge adapté durant l'exercice et plus de la moitié n'en a jamais utilisé.
Seulement 10% des filles interrogées déclarent porter un soutien-gorge adapté durant l'exercice et plus de la moitié n'en a jamais utilisé.

Il faut savoir par exemple que, selon la discipline mais également la taille de votre poitrine, les types de soutiens-gorge diffèrent. Et que dans certains sports, les athlètes vont même jusqu'à doubler soutien-gorge et brassière. Si on estime que 80% des femmes choisissent mal leur soutien-gorge "de ville", qu'en est-il de celui de sport et des jeunes filles...

En soi, le réel problème n'est donc pas tant le changement du corps des jeunes femmes mais le manque de bagage avec lequel celles-ci abordent ce nouveau tournant de leur vie. Il apparaît alors important voire nécessaire de sensibiliser et d'accompagner davantage ces dernières pour qu'enfin, la période de la puberté vécue par les filles ne devienne plus un obstacle à leur éducation ni à leur développement personnel. Alors, avec le sexisme ambiant qui règne déjà dans le milieu du sport, ne laissons pas nos filles se fermer elles-mêmes les portes des vestiaires !