La retraite est le miroir fiable des inégalités et des injustices que subissent durant toutes leurs carrières les femmes. Alors que la réforme du gouvernement se focalise sur l’aspect démographique et économique pour parvenir à équilibrer le régime, il ne faut pas oublier que l’enjeu des retraites est aussi social et toujours humain.
Les femmes sont les grandes oubliées de cette réforme. Rien n’est proposé pour combler les pensions insuffisantes et éloigner les risques de paupérisation et de précarité au moment de la retraite. Voilà un oubli majeur car la situation des femmes sur le marché du travail et leurs conditions de travail est alarmante.
Autrefois, les femmes partageaient les ressources de leur mari pendant la période de retraite, puis bénéficiaient d’une pension de réversion une fois devenues veuves. Aujourd’hui, avec la montée des divorces et des unions hors mariage, beaucoup de femmes vivront isolées au moment de leurs retraites et leurs niveaux de vie dépendront alors plus étroitement de leurs droits propres.
Deux tiers des femmes travaillent à temps partiel (30% subis), les écarts de salaires sont toujours de 20% en moyenne. Les femmes représentent 55% des retraités et 57% des bénéficiaires du minimum vieillesse. Elles ont droit à 825€ en moyenne par mois contre 1426€ pour les hommes. La situation s’aggrave lorsque la femme devient mère. Ainsi, une femme avec trois enfants touche, en droits propres et en moyenne 703€ par mois, lorsqu’elle a quatre enfants et plus, 627€ par mois (Insee). Les femmes et mères, avec leurs carrières interrompues par les maternités, se retrouveront à devoir travailler jusqu’à 67 ans pour avoir droit à une retraite à taux plein. Ces chiffres, saisissants, démontrent la nécessité de prendre des mesures en amont, durant la carrière. Ce n’est pas au moment de la retraite que les inégalités hommes/femmes seront abolies mais au cours de la vie professionnelle.
Le gouvernement doit amener les entreprises vers des politiques de rétablissement de l’égalité professionnelle et de
Il doit démontrer une véritable exemplarité, d’abord au sein des administrations, une volonté et une détermination à y parvenir en exigeant des résultats quantifiables et des évaluations. Pour réussir, il faudra de la persuasion, à défaut de contraintes, dans les processus de ressources humaines, de la sensibilisation dans les formations, et des évaluations des performances par le biais d’audits. Ces actions doivent être portées par les responsables politiques, les directions générales des entreprises, les directions des ressources humaines et les partenaires sociaux.
Sans ces actions et cette volonté politique, les femmes seront, une fois de plus, les perdantes de cette nouvelle réforme des retraites.
Lydia Guirous Présidente de Future, au Féminin http://futureaufeminin.org