Roses des Andes : elles racontent comment financer leur aventure à l'autre bout du monde

Publié le Vendredi 25 Mars 2016
Adèle Bréau
Par Adèle Bréau Ex-directrice de Terrafemina
Ex-directrice de Terrafemina, je suis aussi auteure chez J.-C. Lattès, twitta frénétique, télévore, bouquinophile et mère happy mais souvent en galère.
16 900 euros pour aller en Argentine
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Elles prendront le départ le 13 avril prochain. Les 140 participantes du Trophée Roses des Andes 2016 sont aujourd'hui prêtes à braver les déserts argentins pour se révéler à elles-mêmes et, peut-être, remporter cette troisième édition. Mais pour valider leur participation, il leur a fallu financer cette aventure. Ce qui ne fut, parfois, pas une mince affaire.
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Il y a Damienne et Samantha, chacune mère de quatre enfants, bien décidées à prouver qu'elles en ont aussi sous le pied. Et puis Lydia et Michelanne, les copines depuis plus de vingt ans, parties éprouver leur belle amitié bien loin de leur chère Auvergne. Et enfin Laura et Sarah, les soeurettes du Nord qui n'en veulent. Ce sont les trois équipages dont Terrafemina a choisi de suivre les aventures tout au long de cette troisième édition du Trophée Roses des Andes afin de vous faire vivre au plus près cette aventure d'exception qui pourrait bien vous donner des envies d'ailleurs. Car ces soeurs, copines, mamans, femmes actives, épouses épanouies sont comme vous, comme nous. Elles ont un quotidien qu'elles aiment, simple, ancré dans les obligations familiales, professionnelles, bercé par les parenthèses estivales en famille et les douces soirées entre amis. Et puis il y a ce jour où elles décident, sans vraiment se poser de questions, d'aller braver les éléments à des milliers de kilomètres. Pour se dire qu'elles l'ont fait, parce que l'expérience est si belle, inoubliable, et qu'elle marquera pour toujours cette période de leur vie pour une dizaine de jours qui trancheront résolument avec leurs habitudes.

Je me suis dit : "Je veux faire ça !"

Lydia et Michelanne ont découvert le rallye sur Internet, et ne connaissaient personne qui ait participé à ce type d'aventures. Pourtant, sans hésiter, elles ont validé leur inscription en quelques clics. Puis l'excitation est montée. Laura et Sarah voulaient partager cet incroyable moment avant que la vie conjugale et familiale ne les happe tout à fait – Laura va se marier, Sarah a des enfants encore petits. Damienne, elle, adore conduire.

"L'idée d'un rallye, c'est celle qu'on a au fond de soi et dont on ne sait pas si un jour on arrivera à la concrétiser. J'ai rencontré une amie qui avait fait les Gazelles et m'a parlé des Andes. Je suis allée sur le site, j'ai regardé par curiosité et j'ai été conquise. Je me suis dit : 'Je veux faire ça.'". Elle aura quarante ans le 15 avril prochain. Alors, lorsque son mari lui demande ce qui lui ferait plaisir, elle répond tout à trac : "Laisse-moi partir en Argentine." Et d'ajouter, dans un éclat de rire : "C'est quand même mieux qu'un sac, non ?". Absolument.

Nuits en gîtes, brosses à dents électriques... tout est bon à vendre

Mais voilà, passés les premiers moments d'excitation intense, de peur aussi, de questionnements, et d'annonce au reste de la famille vient la concrétisation du projet, qui passe par son financement. Parce que les frais d'inscription au Trophée s'élèvent à 16 900 € par équipage (comprenant l'avion, la location du 4x4, l'hébergement, la restauration en demi-pension et tous les frais annexes). Il est évidemment hors de question pour l'immense majorité des participantes de mettre de leur poche. Elles ont donc un an pour réunir cette somme. Et, si l'expérience s'avère finalement riche en humanité, les premiers moments sont souvent difficiles.

"Pour nous, ça a mal commencé", raconte Lydia. "A un moment, on s'est dit : 'on n'y arrivera jamais.'" Pour lancer la machine, elles fabriquent de petits objets en tissus qu'elles vendent à des copines, à domicile. "Ces petites ventes nous rapportaient 1000 euros à chaque fois, mais cela demandait beaucoup de travail." Puis Noël arrive, elles enchaînent sur des ventes de vin et les trousses reprennent du service. Les autres filles aussi commencent par du home-made, comme c'est souvent le cas. Damienne et Samantha organisent des tombolas grâce à des lots donnés par des amis. Nuits en gîtes, brosses à dents électriques... tout est bon à vendre, et à acheter lorsqu'il s'agit de participer à la belle expédition de deux amies qui suscitent l'admiration de tous. "Il y a eu un très bel élan de solidarité", raconte Damienne, visiblement émue par ces témoignages d'affection à leur encontre. "J'ai été très touchée par l'intérêt qu'ont porté nos amis à notre projet. Beaucoup nous ont dit : 'C'est chouette ce que vous faites, ça montre qu'on peut être mère de famille et se réaliser, faire des choses un peu extraordinaires". Et pas qu'un peu...

Lydia et Michelanne, elles aussi, ont été surprises de l'engouement que leur expédition a suscité. Au petit Spar où elles ont choisi de vendre des tee-shirts à l'effigie de leur équipage, elles reçoivent des dons de particuliers allant jusqu'à 5000 euros. Les copains d'abord mettent la main à la poche, et enclenchent la machine à récolter l'argent qui emmènera nos aventurières au bout du monde.

"Alors, elle part quand, ta mère ?"

Munies de leur book constitué avec soin, nos équipes partent ensuite en quête de sponsors qui, eux aussi, seront touchés par le projet − également solidaire (il vient en aide aux enfants argentins handicapés ) − au point de subventionner l'équipée de deux copines de la région venues taper à la porte des entreprises locales. Si certaines restent insensibles au charme de nos aventurières, d'autres se montrent au contraire enthousiastes, veulent tout savoir, et suivre au quotidien "leur" équipe progresser dans le rallye, naviguer dans les paysages éblouissants de cette terre lointaine au volant de leur véhicule floqué aux couleurs de leur société. Ils sont fiers. Comme cette "toute petite entreprise près de chez nous, en Picardie, qui a mis une très grosse enveloppe de 5000 euros parce qu'elle adore le projet", raconte Laura, reconnaissante : "On a eu beaucoup de chance."

A vingt jours du départ, Lydia, Michelanne, Laura, Sarah, Danienne et Samantha sont parvenues à réunir la somme. Et, si elles ont connu quelques moments de découragement pour certaines, toutes racontent cependant ces mois de labeur la voix chargée d'émotion. Celle d'être parvenues à leur but, d'avoir éprouvé tout cet amour autour d'elles, et d'avoir relevé ce premier défi, ce dont elles se seraient cru, il y a quelques mois, bien incapables. Bientôt, d'autres aventures, plus physiques cette fois, viendront bouleverser leurs vies de femmes, et celles de leurs familles qui, loin de se sentir abandonnées, les soutiennent et les poussent à se réaliser.

"Alors, elle part quand, ta mère ?" Le fils de Lydia est fier, ses copains ne parlent que de l'exploit maternel. Souvent, c'est toute une région qui vibre derrière ces équipages 100% féminins partis prouver qu'en 2016, qu'on soit mère de famille nombreuse, d'enfants en bas âge, à la tête d'un poste à responsabilités, en pleins préparatifs de mariage ou à l'aube de la quarantaine, la vie des femmes est aujourd'hui empreinte de liberté.

Si la vôtre vous démange, les inscriptions pour la prochaine édition sont ouvertes. Allez jeter un petit coup d'oeil...

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