Sarah, 30 ans : "Mon cancer ? Même pas peur !"

Publié le Vendredi 30 Octobre 2015
Audrey Salles-Cook
Par Audrey Salles-Cook journaliste
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Avoir un cancer du sein à 30 ans, on ne s'y attend pas. Sincère, touchante et amusante, la comédienne Sarah Prébereau nous raconte son parcours du combattant dans son livre si justement intitulé "Sarah, 30 ans, mon cancer, même pas peur !" aux éditions Michel de Maule.
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Sarah Pébereau a 30 ans, quand son médecin lui annonce qu'elle est atteinte d'un cancer du sein. Une nouvelle fracassante, surtout lorsqu'on est aussi jeune et que la comédienne a mis du temps à encaisser. Il faut dire que ce type de maladie à cet âge est très rare et que sa fréquence n'a pas augmenté depuis ces 10 dernières années, comme le rappelle très bien Sarah au début de l'oeuvre.

Des larmes au rire

J'ai rendez-vous avec cette femme qui a vaincu le cancer (Sarah est aujourd'hui guérie) et je réalise que c'est la première fois que j'interviewe une personne sur la maladie, sur sa maladie. Cela me désarçonne un peu, même si j'ai dévoré le bouquin et que son témoignage m'a emballé.

Pourquoi ?

Parce que c'était drôle. Mais ça au début, je n'étais pas franchement certaine de vouloir lui dire. S'il y a bien quelque chose dont on prend conscience lorsqu'on parcourt attentivement ces lignes, c'est que sans même s'en apercevoir on peut très facilement blesser les autres. Dès l'annonce brutale du diagnostic, la mère de Sarah s'entend dire devant sa fille :

"Alors, vous ne vous attendiez pas à ce que votre fille ait un cancer ?"

Une bourde parmi tant d'autres et quotidien éprouvant, qu'elle raconte avec piquant et humour.

"Dans ma vie, l'humour a toujours eu beaucoup de place. C'est un truc d'éducation, de caractère, je ne l'ai pas forcé. Quand on va se faire irradier tous les jours, faire la pompon girl dans l'ascenseur, c'est un petit moment de craquage qui fait du bien".

Servir de guide

Ce ton, elle l'a aussi choisi de l'adopter pour ne pas plonger le lecteur dans une atmosphère trop noire. Plus qu'une catharsis, ce bouquin, elle l'a écrit pour aider les femmes atteintes du cancer du sein :

"Bien sûr, il y a un côté très cathartique de ce genre de démarche, mais je l'ai fait avant tout pour aider les autres, pour leur servir de guide. On a toujours besoin de s'expliquer un cancer. Même les plus grands médecins ne sauront pas vous dire précisément pourquoi ça s'est déclenché. Je me suis dit : si j'aide les autres, alors ça justifiera pourquoi ça m'est arrivé."

Sarah le sait mieux que personne, face à cette maladie, on est seul, un point c'est tout. Si sa famille et ses proches prennent une dimension toute particulière dans le bouquin, c'est à Sarah et seulement à elle qu'on a mis "cette sonde dans le sein".

Car malgré toutes les précautions qu'elle prend et les compétences formidables du corps médical, la jeune femme a dû vivre de nombreux épisodes douloureux. Comme ce jour où on lui assure qu'une ponction mammaire n'est que l'équivalent d'une petite prise de sang, alors qu'elle souffre intensément...

Et puis il y a cette réponse surréaliste d'un chirurgien hautement qualifié à la question : "La radiothérapie aura-t-elle un impact sur ma fertilité"?

"Je ne sais pas"...

Finalement, Sarah insistera pour faire congeler ses ovocytes.

Une décision pour le moins compréhensible quand on apprend que même guérie, elle est encore obligée de prendre un traitement qui l'empêche d'avoir des enfants pendant encore cinq ans.

Elle qui aurait aimé avoir des enfants jeunes, je me demande comment on accuse le coup dans ce genre de moments.

"C'est compliqué parce qu'on n'a pas de prise là-dessus. C'est quelque chose qu'on m'impose en fait. Est-ce que j'aurais eu un enfant ou pas, je n'étais pas en couple à l'époque donc... Ce qui me rassure, c'est que j'ai mes oeufs."

Une disposition, qui ne l'empêche pas de gamberger.

"Maintenant je vais être honnête, quand on m'apprend une grossesse, je suis la première à être ravie pour les autres, mais ça me fait un petit pincement au coeur."

Malgré son combat réussi contre la maladie, Sarah subit encore aujourd'hui de nombreuses contrariétés à cause de son traitement.

"Ce qui influe principalement dans le traitement hormonal, c'est des effets sur les humeurs qui sont très importants. J'ai un mix femme enceinte-ménopause", avoue-telle dans un éclat de rire.

Toujours sur scène

Autant de revers que Sarah a sû dépasser grâce à ses médecins, ses proches, sa volonté, mais aussi à sa passion pour le théâtre. D'ailleurs, elle interprète sur scène cette comédie dramatique bien réelle. Toujours aussi active, elle joue actuellement son propre one woman show baptisé Sarah Péb' "Looseuse de l'amour" au Paname Art Café (14 rue de la Fontaine au roi, Paris 11e).

Et bien sûr, on vous conseille vivement la lecture de ce guide-témoignage pour rire, pleurer et s'informer sur le cancer du sein.

"Sarah 30 ans, Mon cancer, même pas peur !" de Sarah Pébereau aux éditions Michel de Maule.

On court voir Sarah Pébereau sur scène dans, Sarah Péb' "Looseuse de l'amour" au Paname Art Café (14 rue de la Fontaine au roi, Paris 11, République).
On court voir Sarah Pébereau sur scène dans, Sarah Péb' "Looseuse de l'amour" au Paname Art Café (14 rue de la Fontaine au roi, Paris 11, République).