Un tract distribué par des Ultras de la Lazio de Rome pour bannir les femmes des tribunes

Publié le Lundi 20 Août 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Match entre l'AS Rome et la Lazio en février 2014 au Stade olympique de Rome
Match entre l'AS Rome et la Lazio en février 2014 au Stade olympique de Rome
Un tract sexiste a été distribué dans les tribunes du Stade olympique de Rome samedi 18 août. Il demande aux femmes de ne pas s'y asseoir.
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Si leur équipe nationale n'était pas présente au mondial de football masculin en Russie, faute de résultats méritant une qualification, certains supporters italiens détiennent en revanche le titre de champions du monde de sexisme.

Samedi 18 août, lors d'un match entre les équipes de football de Naples et de la Lazio de Rome, un tract non-officiel a circulé dans les gradins du Stade Olympique de Rome. Il demande aux femmes de ne pas occuper les dix premier rangs des Ultras de la Lazio dans le virage nord.

Le message du tract est le suivant : "La Curva Nord représente pour nous un lieu sacré, un environnement avec un code non-écrit à respecter. Nous considérons depuis toujours les premières rangées comme une ligne de tranchée. Ici, nous n'acceptons pas les femmes, les épouses et les fiancées et nous les invitons à s'installer au-delà du 10e rang."

"C'est la mauvaise blague de l'été"

Le tract continu sur ces mots : "Nous invitons ceux qui ont choisi le stade comme alternative à une journée romantique à la Villa Borghese à choisir une autre tribune." La Villa Borghese est le plus grand parc de la ville de Rome.

Le dirigeant de la Fédération italienne, Roberto Fabbricini, cité par l'AFP a déclaré : "C'est la mauvaise blague de l'été". Il ajoute même : "Quand on parle d'un stade, il doit s'agir d'un point de rencontre pour les familles et créer des ghettos pour un groupe de personnes me semble très stupide".

Le tract est signé "Exécutif Diabolik Pluto", qui n'est pas connu de la police italienne. Mais "Diabolik", lui, est connu puisque c'est le surnom de l'un des leaders des "Irriducibili", un des sous-groupes de supporters des Ultras de la Lazio.

Chants racistes, autocollants antisémites...

Selon les médias italiens, cités par l'AFP, la vidéo-surveillance a permis d'identifier les personnes ayant distribué le tract. Ça n'est pas la première fois que les ultras du virage nord du stade olympique de Rome font parler d'eux. En octobre 2017, une série d'autocollants antisémites et homophobes avait été disposés sur les sièges des supporters de l'AS Rome.

En effet, les deux équipes de la capitale italienne se partagent le Stade Olympique de Rome, l'AS Rome dans le virage sud et la Lazio dans le virage Nord. Sur les autocollants, le visage d'Anne Franck portant le maillot de l'AS Rome avec les slogans suivants : "Romains hébreux", "Romains pédales" et "Romains pestiférés".

Des chants racistes chantés contre deux joueurs de l'équipe de la ville de Sassuolo par des Ultras à la même période avait amené à la fermeture de la tribune du virage Nord pour deux matchs. En mai 2017, à la suite d'une victoire de la Lazio face à l'AS Rome, des mannequins pendus avait été retrouvés le lendemain avec le slogan : "Un conseil, sans vous offenser... Dormez la lumière allumée."

S'ils se concentraient sur le support à leur équipe plutôt qu'à des tracts sexistes ou des actions antisémites et homophobes, les ultras de la Lazio de Rome pourraient sans doute voir leur équipe obtenir de meilleurs résultats. Samedi, la Lazio a perdu 1 à 2 contre Naples.