Stop aux frotteurs : elle lance une pétition pour alerter contre les pervers du métro

Publié le Jeudi 02 Novembre 2017
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
#StopAux Frotteurs : elle lance une pétition pour dire non au harcèlement sexuel dans le métro
#StopAux Frotteurs : elle lance une pétition pour dire non au harcèlement sexuel dans le métro
Confrontée au phénomène des "frotteurs" à plusieurs reprises depuis qu'elle habite à Paris, Alice Millou a publié une lettre ouverte et a lancé une pétition sur Change.Org pour dire stop au harcèlement sexuel dans les transports en commun. Elle demande à la RATP de diffuser des affiches pour dissuader les harceleurs et mettre les passagères en garde.
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Alice Millou, 25 ans, habite à Paris depuis un an. Comme des milliers d'autres Parisiens, elle sillonne quotidiennement les couloirs du métro. En l'espace d'un an, la jeune femme a été confrontée à trois reprises au phénomène des "frotteurs", terme employé pour désigner les passagers qui profitent des heures de pointe et de la promiscuité pour se coller aux femmes et les toucher.

En lisant de nombreux témoignages sur Facebook, Alice Millou a réalisé qu'elle était loin d'être la seule dans ce cas. "Je me suis rendue compte que plein de filles se faisaient embêter dans le métro. J'ai donc eu l'idée d'écrire une lettre ouverte adressée à la présidente de la RATP Catherine Gillouard, que j'ai publiée sur Facebook début septembre", raconte Alice Millou. Peu de temps après, sous les conseils de Grégory Plesse, journaliste pour Le Parisien, la jeune femme lance une pétition sur Change.Org, dans laquelle elle revendique l'urgence d'installer des affiches anti "frotteurs" dans le métro parisien.

"Je trouve assez impressionnant que l'on arrive à nous "vendre" des sushis dans le métro à coup d'affiches publicitaires, mais qu'on arrive pas à vous prévenir que vous courrez le risque de vous faire potentiellement agresser dans le métro. Ce n'est pas normal, il faut changer cela, estime-t-elle. Il y a des affiches et des messages audio qui vous disent de vous méfier des pickpockets. Il faudrait faire pareil pour les frotteurs".

Alice Millou, Paris. Crédit : Edouard Boucart
Alice Millou, Paris. Crédit : Edouard Boucart

Un hashtag pour dénoncer les agressions sexuelles

Avec le hashtag #StopAuxFrotteurs, Alice Millou incite les internautes victimes d'agressions sexuelles dans le métro à partager leurs expériences sur les réseaux sociaux. "Il y a plein de manières de dénoncer un frotteur : le prendre en photo, se soutenir entre passagers, dénoncer l'agresseur. Il faut encourager cela", estime-t-elle. En l'espace de quelques semaines, sa pétition a collecté environ 600 signatures. Aujourd'hui, elle a dépassé les 42 000 signatures.

Parfaitement consciente que le harcèlement sexuel dans les transports en commun s'étend bien au-delà du métro parisien, Alice Millou rappelle que ce problème ne date pas d'hier : "Tout le monde a l'air de se réveiller depuis l'affaire Harvey Weistein, alors que cela existe depuis longtemps. Le contexte actuel a permis de donner voix à ma pétition, qui serait peut-être passée inaperçue dans d'autres circonstances", souligne la jeune Parisienne.

Malheureusement, la jeune femme ne sait que trop bien que le fléau du harcèlement sexuel ne sévit pas uniquement à Hollywood ou dans les transports en commun. Cuisinière professionnelle, elle en a fait les frais sur son lieu de travail, qu'elle a été contrainte de quitter avant de porter plainte contre son harceleur.

"Il faut que cela change"

Comme l'a rapporté Le Parisien, une campagne d'affichage contre le harcèlement dans les transports avait été annoncée par la présidente de la région et d'Ile-de-France Valérie Pécresse (LR) pour cet automne... avant d'être reportée au premier semestre 2018. Si Alice Millou attend encore une réponse de la part de la RATP, à qui elle a envoyé un email la semaine dernière, elle ne baissera pas les bras avant que la compagnie de transports (ou la Ville de Paris) réagisse et prenne les mesures nécessaires.

"Je reste ouverte à toute proposition, bien sûr. Mais il faut que ça change, et pas dans six mois. Il y a de la souffrance derrière tout ça, c'est donc plus important de communiquer là-dessus plutôt que de toujours proposer de la pub, de la pub et encore de la pub", souligne la jeune femme.

En 2015, une étude menée auprès de 600 femmes de Seine-Saint-Denis et d'Essonne a révèlé que la totalité d'entre elles ont subi au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle dans les transports en commun.