La mise en ligne toute récente du fabuleux clip de "De mon âme à ton âme" (avec Adèle Haenel qui rejoue la Romy Schneider de L'enfer de Clouzot) est l'occasion idéale pour (ré)écouter l'incroyable album du duo d'électro Kompromat, composé de Rebeka Warrior (Mansfield.TYA) et de Vitalic : Traum und Existenz, sorti l'an dernier. C'est électrisant et mélancolique, fiévreux et romantique, enivrant comme une révolution. Stellaire !
Album Traum und Existenz de Kompromat (Clivage)
Ce week-end, on "Netflix & Chill" paisiblement en rattrapant l'ovni I Don't Feel At Home in This World Anymore de Macon Blair, une évocation absurde et explosive de la dépression féminine. Dans cette drôle de fable existentielle, on croise la lunaire Melanie Lynskey en grande paumée magnifique et le non moins surprenant Elijah Wood, méconnaissable en voisin chelou qui lance des shurikens. Oui oui, il faut le voir pour le croire.
I Don't Feel At Home in This World Anymore, un film de Macon Blair.
A visionner sur Netflix.
Autre indispensable musical, le second album tout juste sorti d'Alexandra Savior, The Archer. Une longue ballade douce-amère blindée de spleen, oscillant entre la pop dépressive et l'intensité folk. Difficile de se sortir ces sons entêtants - et cette voix plaintive - de la tête. Alexandra Savior n'a que 24 ans et compte bien hanter encore longtemps nos déambulations.
Album The Archer de Alexandra Savior (30th Century Records).
Miss Americana n'a rien de l'éternel film de pop star kitsch. On y rencontre une Taylor Swift blessée, qui se lance dans la production de son album Lover (2019) après l'échec populaire de Reputation (2018) - l'opus devait pourtant sonner sa résurrection en grandes pompes après un an d'absence. Au fil du documentaire, on entend ses doutes, ses peurs et surtout ses maux - physiques comme mentaux. On est saisie par sa solitude et touchée par son envie de bien faire coûte que coûte. A voir, fan de longue date ou non.
Documentaire Miss Americana de Lana Wilson. A visionner sur Netflix.
Nell et Eva sont deux soeurs de dix-sept et dix-huit ans qui ne se ressemblent pas. Ou plus. Alors que le monde qu'elles connaissaient depuis toujours a vacillé (plus d'essence, ni d'électricité) et que leurs parents ont disparu, elles doivent apprendre à vivre ensemble dans leur maison d'enfance, seules et isolées. Surtout, il leur faut s'accrocher à un futur qu'elles savent probablement inaccessible, pour survivre. Un livre doux, qui offre un perspective positive à la situation environnementale actuelle.
Dans la forêt, de Jean Hegland. ed Gallmeister
D'accord, l'EP ne date pas d'hier. De 2017, exactement. A l'époque, l'artiste n'a que 16 ans mais déjà une sensibilité à fleur de peau qui nous obsède. On se repasse en boucle - encore aujourd'hui - l'envoûtant et entêtant idontwannabeyouanymore, qui nous laisse pensive lors de nos longs trajets de métro.
Album Don't Smile At Me de Billie Eilish (Darkroom)
C'est un documentaire passionnant qu'Arte a diffusé dimanche dernier (2 février) : Dans l'ombre d'Hitchcock. Un zoom inédit sur Alma Reville, femme du "maître du suspense", mais aussi sa complice artistique. Scénariste brillante et monteuse géniale (c'est à elle que l'on doit la scène culte de la douche de Psychose), Alma Reville écrira une dizaine de films avec son "Hitch". Ce petit film pas barbant pour un sou offre un coup de projecteur bienvenu sur cette belle histoire d'amour féconde de 60 ans et replace Alma Reville au générique de l'Histoire.
Dans l'ombre d'Hitchcock, Alma et Hitch de Laurent Herbiet en replay sur Arte
Co-produit par les frangins indie Dewaele (2 Many DJ's, Soulwax), l'EP de Charlotte Adigéry, Zandoli (2019), réchauffe nos mornes matins d'hiver. L'autrice-compositrice-interprète belgio-caribéenne s'amuse à faire fusionner électro-pop, soul et beats afro et fait s'entrechoquer avec malice le froid du synthétique et le chaud de ses origines antillaises. On s'écoute l'infectieux et psalmodique Paténipat en boucle en dodelinant (discrètement) de la tête. Et on file la voir sur scène au festival des Inrocks à la Gaîté Lyrique de Paris le 5 mars prochain.
Charlotte Adigéry, EP Zandoli
L'une des séries queer les plus avant-gardistes et audacieuses des années 2000 a fait son grand retour fin 2019 sur Showtime. Avec ce reboot, pas de surprise (et c'est tant mieux) : on retrouve le ton pop et feelgood de la série d'origine, les nouveaux déboires et crushes de la bande (élargie) de copines lesbiennes de West Hollywood et on applaudit un casting LGBTQ+ inclusif assez dingue. Mention spéciale à l'arc de la queen Bette Porter (Jennifer Beals) qui traite de la place des femmes issues des minorités dans la politique.
The L Word : Generation Q dès le 9 février sur Canal+ Séries