Un manuel de maths Nathan crée le scandale en prenant des réfugiés comme exemple

Publié le Lundi 18 Septembre 2017
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Un manuel de maths Nathan crée le scandale en prenant des migrants comme exemple
Un manuel de maths Nathan crée le scandale en prenant des migrants comme exemple
Un énoncé de problème de mathématiques dans un manuel scolaire paru aux Editons Nathan fait polémique. L'exercice consiste à compter la proportion de réfugiés qui fuient leurs pays en guerre. La maison d'édition a présenté ses excuses.
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"Des migrants fuyant la guerre atteignent une île en Méditerranée. La première semaine, il en arrive 100. Puis chaque semaine, le nombre de nouveaux arrivants augmente de 10%". Ceci n'est pas le début d'un article de presse ou d'un communiqué, mais d'un énoncé de problème de mathématiques. C'est l'internaute Lolo Maam qui, choqué en découvrant le texte dans ce manuel de maths, l'a publié sur sa page Facebook vendredi 15 septembre. Sur le réseau social, les commentaires n'ont pas tardé à fuser : "scandaleux", "lamentable", "Comment peut-on oser ? Ce manuel doit être retiré et remplacé aux frais de l'éditeur", "C'est sérieux ou c'est truqué ?"

Le manuel en question est proposé par la collection Hyperbole 2017 des Editions Nathan. Face à cette polémique, la société d'édition a assuré que l'énoncé "existe tel quel", rapporte Anaïs Condomines, journaliste pour LCI. Nathan aurait d'ailleurs difficilement pu le nier, puisque l'exercice de maths était également disponible sur son site internet, bien que retiré suite à la polémique.

Quelques heures après la diffusion de la photo de Lolo Maam sur Facebook, les Editions Nathan ont publié un communiqué, relayé sur Twitter. "Les programmes actuels encouragent la transdisciplinarité et l'ouverture sur d'autres thématiques. C'est ce que nous avons souhaité appliquer dans cet exercice en prenant un exemple d'une population qui croît régulièrement en lien avec un sujet d'actualité", s'est justifiée la société.

Avant d'ajouter : "Néanmoins, nous comprenons que le choix de cette thématique ait pu heurter. Nous nous en excusons et nous engageons à modifier la thématique de l'exercice lors de nos prochaines publications."

"Honte à celui qui a écrit l'exercice"

Cette réponse reste cependant loin d'être satisfaisante aux yeux des internautes, qui réagissent aussi vivement qu'à la lecture de l'énoncé en lui-même : "Cette réponse est tout aussi choquante que cet exercice. Mais qui a rédigé cet exercice, qui l'a relu, qui l'a validé ?", s'offusque l'un d'entre eux sur Twitter. "C'est bien d'être humaniste après coup ! Honte à celui qui a écrit l'exercice et surtout honte à celui qui l'a validé puis publié !", ironise un autre sur le même réseau social.

La polémique n'est pas sans rappeler celle qui avait eu lieu l'année dernière, également quelques semaines après la rentrée. Cette fois, c'étaient les Editions Bordas qui étaient dans le collimateur des internautes. La société d'édition avait publié un manuel de physique-chimie qui proposait un exercice sur l'électricité et qui s'inspirait de la mort de Claude François.

Trop de stéréotypes sexistes dans les manuels scolaires

Mais la liste des énoncés douteux dans les manuels scolaires ne s'arrête pas là. A commencer par les nombreux stéréotypes sexistes, plus ou moins insidieux qui s'y glissent, comme le révèlait une étude menée par le centre Hubertine Auclert en 2012.

Amandine Berton-Schmitt, chargée de mission au centre Hubertine Auclert, citait notamment un cliché qu'elle avait repéré dans l'un des manuels scolaires de mathématiques de terminale. La seule femme représentée dans le livre apparaissait dans une double page consacrée aux nombres complexes. On pouvait y voir le dessin d'une jeune fille se contempler dans un miroir en pensant : "Ils disent tous que j'ai un complexe mais je le vois bien, j'ai encore grossi !". La route reste longue.