Une femme sur deux est inquiète dans les transports en commun

Publié le Mercredi 19 Avril 2017
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Une femme sur deux est inquiète dans les transports en commun
Une femme sur deux est inquiète dans les transports en commun
Selon une enquête menée par l'Institut d'aménagement et d'urbanisme portant sur le sentiment d'insécurité dans les transports en commun franciliens, plus d'une femme sur deux serait inquiète à l'idée de prendre seule le RER, le bus ou le métro.
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Pour les Franciliennes, emprunter les transports publics seules est source de stress et de peur. C'est ce que révèle une enquête menée par l'Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU) publiée mardi 18 avril. Intitulée "Victimisation et sentiment d'insécurité en Île-de-France" et portant sur l'année 2015, l'enquête du IAU révèle que 56,3% des femmes sont inquiètes en empruntant le réseau francilien de transports en commun. 6,2% d'entre elles déclarent même éviter d'utiliser les transports par peur d'être agressées ou volées. À titre de comparaison, seuls 26,7% des hommes interrogés ont déclaré se sentir en insécurité quand ils prennent le métro, le train, le tramway le bus ou le RER et 1,6% à limiter leurs déplacements.

Le RER, justement, est le moyen de transport jugé à 35,1% le plus anxiogène par ses utilisateurs. Suivent le métro (30,6%) et le train (26,6%). Le bus (18,7%) et le tramway (13,7%) sont eux jugés comme les moyens de transport les plus sûrs par les Franciliens.

Les femmes, premières victimes d'agressions dans les transports

Si les femmes sont les premières sujettes à la peur dans les transports publics, c'est qu'elles sont aussi les premières victimes des vols et agressions. Selon l'enquête menée par l'IAU, 37% des femmes interrogées ont déjà été victimes de vol dans les transports. 39% y ont déjà subi une agression sexuelle.

Ces résultats, accablants, ne sont pas nouveaux. En avril 2015, une étude du Haut Conseil à l'Égalité femmes-hommes (HCE/fh) révélait que 100% des utilisatrices des transports ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d'agressions sexuelles, qu'elles en soient conscientes ou non. Dans 50% des cas, les victimes de harcèlement dans les transports sont mineures. Dans les transports en commun, les femmes sont aussi les principales victimes d'injures et insultes, tout comme la majorité des victimes de violences sexuelles.

D'où ce sentiment d'insécurité dans les transports en commun, qui entrave grandement la mobilité et la liberté de déplacement des femmes. "Chez les femmes, la peur d'être agressées ou volées va même jusqu'à constituer un frein à l'usage des transports en commun", note le rapport de l'IAU. "Pour ce qui est des questions de sécurité, les inégalités entre les hommes et les femmes interpellent. Les enjeux sont importants, y compris dans le champ de l'aménagement et de l'urbanisme. C'est en tout cas ce qui ressort des enquêtes régionales. Les femmes ont notamment tendance à conditionner leurs déplacements (mobilité, fréquentation de l'espace public...) en fonction de la peur qu'elles ressentent. Plus généralement, que ça soit au travail, dans la rue ou encore dans les transports, la question se pose de savoir si l'espace répond aux attentes et besoins de chacun. Faute de quoi il pourrait être source de 'discrimination'."

Repenser l'espace public pour les femmes

C'est justement pour aider les femmes à se réapproprier public que le STIF (Syndicat des transports d'Île-de-France) et que la présidente de la région Valérie Pécresse ont engagé un certain nombre de mesures pour rendre plus sûrs les transports publics. Un test "pour des arrêts à la demande dans les bus de nuit" vient d'être lancé, rappelle Le Parisien, qui affirme aussi qu'une "grande campagne sur la lutte contre le harcèlement des femmes dans les transports" est prévue.

Un"renforcement de la présence humaine sur le réseau, avec le recrutement de 700 personnels supplémentaires, et de la vidéosurveillance, une meilleure coordination des services de sécurité (police, RATP, SNCF et Optile) et enfin l'extension du numéro d'alerte 3117, initié côté SNCF, à l'ensemble du réseau" ont également été annoncés.