Une marque de rasoirs montre des femmes à poils

Publié le Lundi 02 Juillet 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Une marque de rasoirs montre des femmes à poils
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On avait presque oublié que lorsqu'on utilise un rasoir, c'est pour couper des... poils. Une évidence que certaines marques ont oublié. La marque américaine Billie a décidé de prendre cette tendance à rebrousse-poil en montrant les femmes telles qu'elles sont vraiment : poilues.
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La marque de rasoir Billie a lancé une campagne de pub où l'on voit des poils. Mazette ! Un rasoir, cela sert à se couper les poils ? On l'avait presque oublié en voyant passer des spots où les femmes doivent être des déesses de l'amour totalement glabres. Récemment, on a vu une marque grand public mettre enfin en scène du liquide rouge comme le sang pour vendre des protections périodiques en lieu et place du traditionnel liquide bleu. Ce sont des mini-révolutions qui changent la perception aseptisée du corps des femmes que nous renvoie la publicité. Non, les poils des femmes ne sont pas dégoûtants.

Ce spot est moderne et rafraîchissant. Sur le morceau Tom Boy de la chanteuse Princess Nokia, on y voit des femmes montrant leurs poils d'aisselles ou de jambes. On ne fait pas non plus l'impasse sur le rasoir plein de poils après un passage sur une jambe au mois de mars à l'orée des beaux jours.

La marque Billie s'engage aussi contre la taxe rose. C'est même pour cela qu'elle s'est créée. Ce procédé marketing qui veut que les femmes paient plus cher pour le même produit ou le même service sous prétexte qu'il est marketé soit disant pour elles. On peut ainsi retrouver des rasoirs roses plus chers que des rasoirs bleus jusque dans nos magasins en France. La marque s'engage à proposer aux hommes et aux femmes ses produits au même prix. Elle qui fabrique ses produits aux États-Unis et en Chine explique vouloir garder ses prix abordables : "Les femmes qui aiment se raser payaient trop cher pour les rasoirs depuis trop longtemps (quelqu'un a dit "taxe rose ?")." Sur le prix de vente, 1 % est reversé à l'association du mannequin Christy Turlington, "Every Mother Counts".

Sur le site de Billie, on explique : "Tout le monde a de la "barbe de trois jours", de longues mèches ou quelque chose entre les deux. Ce que vous en faites dépend de vous : faites-la pousser, débarrassez-vous en ou peignez-la. Ce sont vos poils, après tout." Dans leur spot de pub, on peut voir une femme qui peigne ses poils d'aisselles. Billie part donc du principe que chacune devrait faire ce qu'elle veut de ses poils, les raser ou non.

La cofondatrice de la marque, Georgina Gooley, éclaircit sa démarche au site américain de Glamour : "C'était étrange pour nous que ces marques ne montrent que des femmes se rasant les jambes parfaitement lisses et sans poils". Elle ajoute : "Quand les marques prétendent que toutes les femmes ont un corps sans poils, c'est une sorte de body shaming [...] Cela veut dire que vous devriez avoir honte d'avoir des poils."

Un front de libération du poil


Les commentaires sur cette nouvelle pub sont pour la plupart élogieux : "Merci d'avoir fait une publicité honnête et positive pour le corps et qui fait la promotion du choix des femmes." Ou : "Cette publicité est géniale. En tant que père d'une fillette de 9 ans, inquiet de toute l'imagerie corporelle "parfaite" qui est donnée comme l'incarnation de ce qui doit être "normal/naturel" ; c'est une contre-attaque grand public contre cette chimère. [...] Le fait que mon fils puisse le voir aidera aussi la perception artificielle de ce à quoi ressemblent naturellement les filles/femmes"

Constatant le manque de représentation de femmes poilues dans les banque d'images, Billie a aussi créé un fonds photos participatif où l'on peut piocher gratuitement des photos de femmes à poils et en envoyer.

Serait-on en train d'assister à la constitution d'un front de libération du poil ? En 2017, la marque Adidas avait créé une campagne pour des chaussures avec une mannequin aux jambes poilues. Elle avait reçu des menaces de mort. Une autre mannequin a aussi décidé d'assumer son mono-sourcil en l'affichant fièrement sur Instagram et en faisant sa marque de fabrique.

Que vous rejoignez ou non ce front de libération des poils, l'important est bien sûr que cela soit votre choix.