Matisse au Centre Pompidou : pour une esthétique de la répétition

Publié le Samedi 10 Mars 2012
Matisse au Centre Pompidou : pour une esthétique de la répétition
Matisse au Centre Pompidou : pour une esthétique de la répétition
L'exposition « Matisse, Paires et séries », inaugurée au Centre Pompidou le 7 mars, explore l'ensemble de l'œuvre du peintre fauviste à travers la répétition des motifs et la variation des formes. Une approche inédite pour comprendre la genèse de chaque projet, et porter un regard neuf sur l'art d'Henri Matisse.
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Et si on regardait Matisse autrement ? L’exposition présentée au Centre Pompidou depuis quelques jours prend le parti de s’intéresser aux doublons, aux séries et recherches plastiques d’Henri Matisse. Résultat : un parcours à la fois chronologique et analytique à travers 60 peintures et 30 dessins, certains mis côte à côte pour la première fois.
Les « paires » ont été sélectionnées avec rigueur : « Elles doivent avoir été réalisées dans la même séquence temporelle et dans le même format », explique la commissaire de l'exposition, Cécile Debray. Elles consistent en un travail sur un même motif traité différemment, et opèrent selon la commissaire, comme un « fil conducteur » dans la carrière de Matisse, qui s’étend de 1899 à 1952.

Variations, répétition et cohérence
«  Je souhaitais montrer la cohérence de son oeuvre à travers un aspect singulier, essentiel et continu : la manière dont l’artiste a travaillé en reprenant ou répétant les mêmes compositions selon des toiles et des traitements formels distincts, en paires ou séries ».
Parfaite illustration du procédé, les toiles  « Luxe I » et « Luxe II », datées de 1907. Elles montrent la même chose - trois femmes nues dans la nature - mais sont très différentes. La première a été peinte à Collioure (Pyrénées-orientales), le tracé et l’effet sont fluides, avec des effets de volumes. La seconde a été réalisée quelques mois plus tard, au retour d’un voyage en Italie où Matisse a découvert les fresques de Giotto ; la scène des femmes nues est reprise avec un traitement en aplats.

© Succession H. Matisse
Le Luxe I, Collioure, été 1907 et Le Luxe II, Paris, hiver 1907


Un coloriste « tourmenté »
Pour Cécile Debray, cette « loi des séries » permet de « mettre en évidence une tension permanente dans l’oeuvre de Matisse qui en fait sa force et sa profondeur, une dualité fondamentale entre jaillissement rapide et spontané et reprise, parachèvement lent et heurté ». Comme dans les vues sur la cathédrale Notre-Dame de Paris, peintes en 1914, depuis son atelier du quai Saint-Michel : la variation du style et des effets révèle, selon la commissaire, la complexité du travail de Matisse, « souvent perçu comme le peintre du bonheur, au geste facile, il est plus tourmenté qu'on ne l'imagine », déclare-t-elle à l’AFP.

© Succession H. Matisse
Notre-Dame, Paris, quai Saint-Michel, printemps 1914 et Vue de Notre-Dame, Paris, quai Saint-Michel, printemps 1914

Selon C. Debray, le maître a été marqué par le scandale déclenché par l'exposition de ses oeuvres et de celles de ses amis (Vlaminck, Marquet, Derain) moquées comme « Fauves » au Salon d'automne de 1905, d’où son envie d’être pris au sérieux en exhibant par la répétition la profondeur et l’exigence de ses recherches picturales. On ne peut que s’incliner et savourer.


« Matisse, Paires et séries »
Centre Pompidou
Du 7 mars au 18 juin 2012
Exposition ouverte tous les jours de 11h à 21h, sauf le mardi
Tarifs : 13 à 11 €, selon période
Tarif réduit : 10 à 9 €

Voir la vidéo de l’exposition


Matisse, paires et séries - du 7 mars au 18 juin... par centrepompidou

Pour plus d’info

(Avec AFP)
Crédit photo : © Succession H. Matisse, La Blouse Roumaine, 1940

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