Cannes 2013 : Julie Maroh, l’auteure qui a inspiré La Vie d’Adèle n’a pas été remerciée publiquement

Publié le Mardi 28 Mai 2013
Cannes 2013 : Julie Maroh, l’auteure qui a inspiré La Vie d’Adèle n’a pas été remerciée publiquement
Cannes 2013 : Julie Maroh, l’auteure qui a inspiré La Vie d’Adèle n’a pas été remerciée publiquement
Si Julie Maroh est globalement satisfaite de l’adaptation de sa bande dessinée "Le bleu est une couleur chaude" par le réalisateur Abdellatif Kechiche primée à Cannes, elle regrette néanmoins de ne pas avoir été consultée pour les scènes de sexe, ni même remerciée lors de la remise de la Palme d’Or.
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Julie Maroh a eu beaucoup de mal à exprimer ses sentiments quant à l’adaptation de sa bande dessinée Le bleu est une couleur chaude, publiée aux éditions Glénat en 2011. C’est dans un billet de blog qu’elle a décidé de s’expliquer. Elle avoue traverser « un processus trop immense et intense pour être décrit correctement. » On la comprend. Si l’adaptation d’une œuvre littéraire pour un auteur est toujours une épreuve à traverser, avec son lot de bonheur et de frustration, Le bleu est une couleur chaude est la toute première bande dessinée adaptée au cinéma à recevoir une Palme d’Or.

Une adaptation « kéchichienne »

Les adaptations de livres au cinéma sont toujours difficiles à appréhender. En effet, qu’est-ce qui caractérise une bonne adaptation d’une mauvaise ? Un copier/coller des scènes et dialogues constitue-t-il une meilleure adaptation qu’une libre inspiration ? Julie Maroh s’exprime à ce sujet. « Chez Quat’Sous Films se trouvait tout le découpage des scènes filmées, épinglé au mur en petites étiquettes. J’ai battu des paupières en constatant que les deux-tiers suivaient clairement le cheminement du scénario du livre, je pouvais même en reconnaître le choix des plans, des décors, etc. » Elle souligne que l’adaptation n’est pas une trahison.  « J’ai perdu le contrôle sur mon livre dès l’instant où je l’ai donné à lire. C’est un objet destiné à être manipulé, ressenti, interprété. » Cela étant, Abdellatif Kechiche en a fait un film à son image. « C’est un film purement kéchichien, avec des personnages typiques de son univers cinématographique. [...] Mais ce qu’il a développé est cohérent, justifié et fluide. C’est un coup de maître. »

Des scènes de sexe peu réalistes

Cependant, si Julie Maroh s’avoue satisfaite de La Vie d’Adèle, elle regrette que les scènes de sexe soient si peu crédibles. Son explication quant au manque de crédibilité de certaines séquences : « il manquait sur le plateau des lesbiennes. » Si elle reconnaît certains choix du réalisateur quant au traitement de l’orgasme et du sexe lesbien, elle condamne malgré tout certaines scènes qui l’ont mise mal à l’aise. « Excepté quelques passages – c’est ce que ça m’évoque: un étalage brutal et chirurgical, démonstratif et froid de sexe dit lesbien, qui tourne au porn. » Si l’auteure avoue avoir demandé à ne pas être mêlée au projet car « c’était son film à lui. », ces scènes d’amour auraient gagné en crédibilité si l’auteure avait été consultée. « Je ne connais pas les sources d’information du réalisateur et des actrices (qui jusqu’à preuve du contraire sont tous hétéros), et je n’ai pas été consultée en amont. Peut-être y a-t-il eu quelqu’un pour leur mimer grossièrement avec les mains les positions possibles, et/ou pour leur visionner un porn dit lesbien. »

L’auteure n’a pas été remerciée

De plus, lors de la remise de la Palme d’Or, le réalisateur ne l’a pas mentionnée ni même remerciée publiquement, ce qui a suscité de vives réactions. Julie Morah s’explique à ce sujet. « Je ne doute pas qu’il avait de bonnes raisons de ne pas le faire, tout comme il en avait certainement de ne pas me rendre visible sur le tapis rouge à Cannes alors que j’avais traversé la France pour me joindre à eux, de ne pas me recevoir – même une heure – sur le tournage du film, de n’avoir délégué personne pour me tenir informée du déroulement de la prod’ entre juin 2012 et avril 2013, ou pour n’avoir jamais répondu à mes messages depuis 2011. » Mais l’auteure n’en garde aucune amertume.


Et vous, avez-vous envie de voir La Vie d’Adèle au cinéma ? Que pensez-vous de l’attitude d’Abdellatif Kechiche ?