Phoenix : les fantômes de la Shoah

Publié le Mercredi 28 Janvier 2015
Marie Chaumière
Par Marie Chaumière Journaliste
Phoenix : les fantômes de la Shoah
Phoenix : les fantômes de la Shoah
En salles ce mercredi, « Phoenix », le nouveau film de Christian Petzold, raconte l’histoire de de Nelly, une rescapée des camps de concentration qui revient à Berlin après la guerre et tente de savoir si son mari l’a dénoncée aux Nazis. Un mélodrame tout en finesse.
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La figure de Nelly, l’héroïne de Phoenix, est d’abord invisible. Ce visage défiguré par son séjour en camp de concentration représente métaphoriquement l’Allemagne dévastée à l’issue de la guerre.

Mais Nelly, à la différence de sa bienfaitrice et amie, ne souhaite pas refaire sa vie en Palestine, et elle demande au chirurgien esthétique qui s’occupe d’elle de faire son possible pour qu’elle ressemble à celle qu’elle était, avant la guerre : une chanteuse de jazz qui se produisait avec son mari, Johnny, dans les clubs berlinois.

Manipulation conjugale et jeu de rôles

Ce désir de retourner en arrière et de renouer avec le passé est au coeur du film de Christian Petzold. Alors que son amie lui suggère que son époux pourrait l’avoir trahie, Nelly s’entête à retrouver sa trace. Et quand celui-ci, ne la reconnaissant pas, lui propose, pour d’obscures raisons d’héritage, de jouer le rôle de son épouse défunte, soit son propre rôle, elle accepte. Commence alors un jeu à la fois malsain et salvateur pour notre héroïne, qui redevient peu à peu elle-même. Jusqu’au dénouement, qu’on ne vous racontera évidemment pas ici...

L'amour, souvenir ou illusion ?

A travers ce récit doux-amer d’une renaissance, Christian Petzold raconte donc aussi la reconstruction de l’Allemagne après la guerre. Comment surmonter la Shoah ? Comment retrouver une existence normale après avoir vécu l’inommable ? Ce sont les questions qu’on se pose en suivant Nelly, devenue le fantôme d’elle-même, dans tous les sens du terme.

Mais Phoenix est aussi un film sur l’amour, qu’il soit un souvenir ou une illusion. En cela, il émane du film un parfum de nostalgie qui colle aux narines, tandis que résonne, longtemps après la séance, l’air de « Speak Low », chanté par Nelly...

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