Shame, plongée clinique dans un monde morbide

Publié le Mercredi 07 Décembre 2011
Shame, plongée clinique dans un monde morbide
Shame, plongée clinique dans un monde morbide
Dans cette photo : Michael Fassbender
Shame est l’histoire de cet homme addict au sexe. Le regard du cinéaste nous fait approcher de manière phénoménale un univers morbide, du sexe en absence d'un autre.
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Abondance de films pornos, chats sur internet, succession de dragues, masturbations répétées, l’accumulation de ces activités et leur place omniprésente dans sa vie révèlent l’addiction. Shame est une enquête sur les extrêmes du comportement humain.

La boulimie est sans fin, le désir jamais satisfait. La relation avec les femmes est réduite au minimum et sans perspective de durée. Le maximum d’une relation n’a jamais dépassé quatre mois. Il conçoit la vie seul. Le lien à l’autre est réduit à un échange animal physique. Il n’y a plus de différence entre la relation tarifée avec une prostituée, le plaisir obtenu par un chat sur internet, et la fille draguée en boite.

Sa sexualité est le résultat de ce qu’il voit, magazines pornos, vidéos sur internet, répétition d’un geste, mécanique, froid, sans envie. Il n’est plus capable de faire aboutir une relation sentimentale. La fiction et la réalité se rejoignent. On y retrouve le contenu actuel des forums des clients de prostitution sur internet.

Sa sœur, elle-même isolée, tente de faire durer leur complicité d’enfant. «J'ai besoin de te voir, d’échanger avec toi, joies, émotions, inquiétudes, petites choses de la vie, tu es mon frère.» Cette attache émotionnelle ne se casse pas. Il ne supporte pas qu’elle couche avec son patron. Une larme coule de son œil quand il la voit chanter, derrière toute cette carapace. Ce seront les seuls échanges humains de tout le film.

Le regard que pose le réalisateur, Steve Mac Queen est d’une intensité folle. L’acteur, Michael Fassbender, lui offre son corps sans réserve. L’originalité vient de la froideur avec laquelle sont filmés les rapports sexuels. Il ne conclu pas. Il nous a montré une réalité contemporaine, homme sans attache, sans devenir ni aspiration, l’addiction au sexe n’étant qu’une expression de sa solitude. Cinéma miroir.

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