Smart cities : "La e-mobilité, c’est un travail à moins de 20 minutes de son domicile"

Publié le Mardi 20 Novembre 2012
Smart cities : "La e-mobilité, c’est un travail à moins de 20 minutes de son domicile"
Smart cities : "La e-mobilité, c’est un travail à moins de 20 minutes de son domicile"
Rapprocher les lieux de travail du domicile : c'est aussi ça la ville connectée. Dans un futur qui commence dès demain, les temps de transport rétrécissent, les centres de télétravail se multiplient et la smart city apporte des solutions innovantes et efficaces pour conjuguer au mieux vie professionnelle et loisirs. Pour sa 14e vague, l'Observatoire Orange-Terrafemina se penche sur les enjeux de la e-mobilité dans la ville de demain. Analyse des résultats de notre enquête avec Cécilia Durieu, cofondatrice de Greenworking, cabinet de conseil spécialisé dans le développement du télétravail.
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Terrafemina : Selon l’enquête CSA réalisée pour l’Observatoire Orange-Terrafemina*, 34% des Français sont intéressés par l’utilisation de centres de télétravail. Ce chiffre vous paraît-il encourageant ?

Cécilia Durieu : C’est pour moi un chiffre très encourageant qui révèle un fort potentiel de développement de cette pratique du travail à distance. En effet, plus de la moitié des métiers sont des postes qui de toute façon ne sont pas télétravaillables : donc, que 51% des répondants au sondage ne se disent pas intéressés par la mise en place de centres de télétravail est tout à fait logique. En parallèle, 34% de sondés qui se disent intéressés, je trouve que c’est déjà beaucoup ! Ce qui est intéressant, c’est que lorsque l'on observe la proportion des jeunes et détenteurs de Smartphones intéressés par le télétravail, on passe à 41%. Ces prescripteurs seront plus nombreux encore demain et ce chiffre indique qu'il y a bien là une tendance qui va aller crescendo. Reste à effectuer un travail de communication et de mise en avant des atouts du télétravail qui ne sont pas encore suffisamment connus. Si je ne devais en citer que quelques-uns : la diminution des temps et coûts de transport, le fait de travailler près de son domicile, l’accès à un lieu de travail tout équipé et connecté.

Tf : Pour vous, la ville connectée c’est...

C. D. : C’est avant tout une ville qui permet d’accéder à tous les éléments important de notre quotidien à travers une tablette, un écran, un Smartphone. C’est une ville qui permet un accès wifi dans le plus grand nombre de lieux mais qui permet également via différentes applications de faciliter tout un tas d’usages : trouver un emplacement pour stationner mon vélib’, trouver une place en covoiturage, savoir l’horaire de passage de mon prochain train, etc. Le tout facilité par une grande dose d’open data. C’est aussi évidemment pouvoir travailler où que l’on soit, en déplacement, entre deux rendez-vous, dans un bar, une librairie publique, un métro ou un centre d’affaires. Et étant donné que de plus en plus de salariés sont équipés de Smartphones, c’est également la possibilité de travailler à partir de son mobile, en toute simplicité.

Tf : Avec le développement de l’open data et des applications qui en découlent, à quoi ressemblera selon vous le télétravail de demain ?

C. D. : Il y a deux grandes pistes de développement. La première consiste à installer des centres de télétravail à proximité des zones d’habitation. A Amsterdam a ainsi été créé un réseau permettant à tout habitant de la ville d’aller travailler dans un centre de télétravail situé à moins de 10 minutes à vélo de chez lui. Cela pourrait être difficile à appliquer en France, mais on pourrait néanmoins imaginer un réseau de centres à moins de 20 minutes en transports publics du domicile des salariés. L’idée générale est de rapprocher le lieu de travail du domicile. Un principe qui aurait pour premier avantage de fluidifier les transports, d’éviter la congestion aux heures de pointe, aussi bien sur les routes que sur les lignes de métro ou de train.
La seconde piste qui est développée est la mise en place de tiers lieux de travail dans les gares, que ce soient les gares SNCF ou RATP. L’idée est de permettre aux travailleurs, en déplacement ou à la sortie du travail, de rester travailler une heure ou deux dans ces lieux parfaitement adaptés tout en leur évitant les embouteillages des heures de pointe. Alors que le temps de transport moyen des salariés en Île de France est de 1h30-2h par jour, cela réduirait les temps de trajet, leur permettrait de voyager dans de meilleures conditions tout en leur permettant de télétravailler occasionnellement avec tout l’équipement nécessaire. Cette idée fait son chemin, plusieurs grandes gares en France ont déjà installé des centres d’affaires (comme la Gare de Lyon à Paris) et la RATP y réfléchit également, afin de fluidifier son trafic.


Tf : Quand on parle de ville connectée, on pense « numérique », « technologie », « smart city ». Ne perd-on pas de vue l’aspect humain de la ville ?

C. D. : Au contraire ! Toutes ces innovations numériques se font au service de l’humain, du social. Dans beaucoup des applications qui sont développées pour la ville de demain grâce à l’open data, un vrai lien social est recréé : que ce soit en trouvant un covoiturage, en bénéficiant des avis d’utilisateurs en ligne ou en trouvant d’autres salariés motivés pour partager un lieu de tiers travail. Le développement exponentiel des lieux de coworking en est un très bon exemple : les salariés ne cherchent pas uniquement un lieu connecté pour travailler. Ils sont également à la recherche d’autres travailleurs qui ont les mêmes motivations qu'eux, d’une ambiance, d’un enrichissement personnel. A mon avis, on ne parle pas de technologie contre le social, mais bien de technologie au service du social.


Tf : Et l’open data dans tout ça ?

C. D. : Pour moi l’avantage du principe d'open data est avant tout la transparence, particulièrement sur ce que fait la collectivité. On peut grâce à ce système récolter de précieuses informations dans des domaines aussi divers que la sécurité, les transports, les horaires d’ouverture des administrations... Cela permet également de développer des applications mobiles plus performantes car plus en adéquation avec les besoins des utilisateurs. L’open data permet en effet la mise en concurrence des différents développeurs et au final l’utilisateur n’a pas une seule mais plusieurs applications à sa disposition.

*L’institut CSA a réalisé pour Orange et Terrafemina la 14ème vague d’un baromètre portant sur les pratiques des Français sur Internet. Cette vague s’est intéressée plus précisément aux pratiques numériques dans la ville. 1000 personnes âgées de 18 ans et plus ont été interrogées en ligne du 29 au 31 octobre 2012. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle après stratification géographique par région de résidence.

Retrouvez les résultats complets du sondage réalisé par l'institut CSA pour l'Observatoire Orange-Terrafemina

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