Apple vs Fleur Pellerin : AppGratis au cœur d'une bataille quasi diplomatique

Publié le Vendredi 12 Avril 2013
Apple vs Fleur Pellerin : AppGratis au cœur d'une bataille quasi diplomatique
Apple vs Fleur Pellerin : AppGratis au cœur d'une bataille quasi diplomatique
Alors que l'AppStore a évincé de sa plateforme l'application française AppGratis et met ainsi en péril une quarantaine d'emplois, la ministre de l'Économie numérique Fleur Pellerin a pris parti pour la start-up hexagonale, lançant un bras de fer avec la marque à la pomme.
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C’est l’histoire d’une success story à la française qui pourrait tourner court. L’application AppGratis propose chaque jour aux internautes de tester gratuitement et pendant 24h une application habituellement payante disponible sur l’AppStore d’Apple. Une formule qui cartonne : 12 millions d’utilisateurs, 20 millions de prévus pour d’ici fin 2013. Et pourtant, la solution semble ne pas plaire à Apple, qui a brutalement décidé de retirer de sa plateforme de distribution AppGratis. Résultat : la start-up française qui compte quarante-cinq salariés se retrouve en péril. Dans son malheur, le PDG et fondateur de l’entreprise créée en 2008, Simon Dawlat, a un allié de poids : la ministre de l'Économie numérique Fleur Pellerin. Cette dernière a publiquement apporté son soutien jeudi matin à AppGratis, n’hésitant pas à engager une bataille quasi diplomatique avec le géant américain Apple. La ministre a ainsi déclaré souhaiter aider la start-up « à renouer le dialogue» avec la marque à la pomme, qui a décidé « sans sommation, sans explication » de retirer de son magasin une application, avec « derrière 40 emplois en jeu ».

« Pas un comportement vertueux » de la part d’Apple

Le coup d'arrêt « brutal et unilatéral » porté par Apple, « n'est pas un comportement vertueux et digne d'une entreprise de cette taille-là », a-t-elle par ailleurs estimé. Chez AppGratis, qui tire « plus de 80% » de ses revenus grâce à la plateforme américaine, l’éviction du circuit Apple entraînera assurément une « très grosse perte de chiffre d'affaires », selon son PDG. « 12 millions d’utilisateurs se demandent où leur app préférée est passée. 45 employés se demandent s’ils seront  au chômage dès lundi. Mes partenaires et mes investisseurs sont en état de choc. Et moi, je me retrouve avec cette  situation hautement improbable à gérer », raconte-t-il ainsi sur son blog. Et la ministre le confirme : ces « modèles économiques entièrement dépendants » d'un écosystème contrôlé par de grands acteurs est très fragile.

Du côté d’Apple, on reproche à la start-up française d’avoir enfreint trois codes du règlement : la guideline 2.20 d’Apple, qui dit que « les développeurs qui “spamment” l’App Store avec de nombreuses versions d’applications similaires seront radiés du Programme des développeurs iOS » ; la guideline 2.25, qui stipule : « Les applications qui affichent d’autres apps que la vôtre à l’achat ou pour en faire la promotion d’une manière similaire ou pouvant être confondue avec l’App Store seront rejetées ». Ainsi que la guideline 2.12 : « Les Apps sans utilité réelle ou qui ne procurent pas un divertissement durable peuvent être rejetées. ». Et cependant, comme le rappelle Simon Dawlat, « Apple a validé la v3 d’AppGratis pour iPhone en novembre 2012 » et « la semaine dernière, Apple a également validé notre v3 iPad ». Reste à savoir si l’intervention de la ministre facilitera le dialogue avec le géant américain.

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