Rémi Gaillard et sa vidéo "Free sex" : "Je n'ai rien contre les femmes"

Publié le Lundi 31 Mars 2014
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Rémi Gaillard et sa vidéo "Free sex" : "Je n'ai rien contre les femmes"
Rémi Gaillard et sa vidéo "Free sex" : "Je n'ai rien contre les femmes"
Réputé sur le web pour ses vidéos insolites et régressives, l'humoriste Rémi Gaillard a créé la polémique avec « Free Sex », sa dernière vidéo dans laquelle il mime des actes sexuels sur des passantes. Contacté par Terrafemina, Rémi Gaillard se défend de toute misogynie et fait valoir son droit à la liberté d'expression.
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Rémi Gaillard est-il allé trop loin ? Devenu célèbre dans les années 2000 grâce à ses vidéos à l'humour culotté et régressif, le trublion du web a créé la polémique la semaine dernière en publiant sur sa page Facebook, « Free Sex » un nouveau sketch qui ne fait pas vraiment dans la dentelle. Reprenant le concept du « Air Guitar », le Montpelliérain joue avec la perspective pour feindre d'avoir des relations sexuelles avec des passantes - puis avec un policier - croisées dans la rue, dans un parc ou au supermarché.



Si la vidéo publiée vendredi soir a déjà été visionnée 3,3 millions de fois sur Youtube, le succès qu'elle rencontre auprès des fans de Rémi Gaillard est entaché par la polémique.

Les féministes dénoncent une « apologie du viol »

Sitôt après avoir mis en ligne « Free Sex », Rémi Gaillard a été sévèrement pris à partie sur les réseaux sociaux. « Beauf » ou « affligeant » pour certains, l'humoriste est aussi accusé de cautionner le harcèlement de rue, voire de faire l'apologie du viol.


Sur son blog, la militante féministe Daria Marx dénonce, dans un post intitulé « Rémi Gaillard, Sortir les couteaux », le traitement qu'inflige l'humoriste aux femmes. « Les femmes sont donc les victimes potentielles permanentes des violences des hommes. Plus seulement les "salopes", les "bourrées", les "faciles", les "habillées trop court". Toutes. Les allongées en jean, les debout en jupe, les voilées au supermarché, les cols roulées au ski [...] Oh je vous entends déjà hurler. Mimer une fellation n'est pas une violence. C'est pour rire. Allons. On peut plus rien dire. On peut plus rien faire. Les féministes n'ont pas d'humour. Et puis c'est flatteur. Qu'on puisse imaginer avoir une relation sexuelle avec elle. Y'en a plein qui seraient contentes d'avoir un mec qui frétille derrière leur cul hein. »

« Je n'ai plus d'humour. Nous n'avons plus d'humour, poursuit-elle. Ni pour ceux qui miment, ni pour ceux qui parlent, ni pour ceux qui insultent, ni pour ceux qui commentent, ni pour ceux qui complimentent, ni pour ceux qui touchent sans demander l'autorisation [...] alors que nous ne demandons qu'à marcher. Marcher librement, dans la rue, dans les parkings, dans les parcs, dans les villes ou dans les campagnes, avec nos enfants, nos amies, nos amantes, en jupe ou en djellaba, en short ou en jean, sans subir vos mots et vos gestes avilissants. »

Même son de cloche à la rédaction de Madmoizelle, où la rédactrice Marie-Charlotte explique que la vidéo de Rémi Gaillard ne l'a pas fait rire « parce que ces mises en scènes me rappellent à ces intrusions permanentes de mon espace quand je me déplace dans la rue. Ces intrusions qui alimentent ma peur, nourrissent ma colère, et entretiennent ma profonde lassitude. »

Rémi Gaillard répond « aux prudes et aux cons »

Face à l'ampleur prise par la polémique, et suite au signalement du contenu inapproprié de « Free Sex » par des internautes, Rémi Gaillard a, dès samedi, réagi sur son compte Facebook. Se retranchant derrière l'humour, il explique avoir tenté d'uploader, sans succès, sa vidéo sur une plate-forme dédiée aux contenus pornographiques. « J'ai essayé de la mettre sur YouPorn, mais elle a été retirée car elle ne comporte aucun des caractères suivants : zizi, foufoune, fellation, seins, orgasmes, levrette, brouette, quéquette... Du coup, je cherche une plateforme pour poster cette vidéo, sans que les prudes et les cons n'aient le droit de nous emmerder [...] Et pendant ce temps, des vidéos continuent de circuler librement : exécution d'êtres humains, cruauté envers des animaux, les Anges de la Télé réalité, etc. »

Avant de renchérir dimanche : « Les premières estimations Youtube à la mi-journée : 2,510,583 vues - 67,078 like - 4,853 dislike. Merci d'avoir voté en masse pour... La liberté d'expression. Et pour se faire "baiser" en vrai, c'est aujourd'hui dans les bureaux de votes... »

« Je voulais faire de l'humour »

Contacté ce lundi par Terrafemina, Rémi Gaillard a réagi à la controverse suscitée par « Free Sex ». Invoquant l'humour de son sketch et réfutant être misogyne, l'humoriste explique regretter le traitement qu'en ont fait les médias. « C'est triste pour les femmes car ce que personne ne dit, c'est que 100% des femmes qui apparaissent dans la vidéo ont consenti librement à la diffusion des images. On s'empare du droit de ces femmes, et on prend le problème à l'envers. J'hallucine de voir de telles réactions quand on voit les vidéos de torture ou d'exécution qui circulent librement sur Internet. » Avant de poursuivre : « On va retourner ce que j'ai dit, dire que je fais une apologie du viol, et ce quoi que je dis-je. Je n'ai rien contre les femmes. Tous les médias bien-pensants ont repris les mêmes captures d'écran, où l'on me voit avec des femmes. Or, à la fin de la vidéo, je fais la même simulation d'actes sexuels avec un flic. Si j'ai offensé des femmes en réalisant cette vidéo, je m'en excuse, mais ce que je voulais avant tout, c'est faire de l'humour. »