« Louis XVI a perdu la tête » : l'Histoire de France revue par les 12-16 ans

Publié le Jeudi 07 Juillet 2011
« Louis XVI a perdu la tête » : l'Histoire de France revue par les 12-16 ans
« Louis XVI a perdu la tête » : l'Histoire de France revue par les 12-16 ans
« Jules César est l'auteur d'Astérix et Obélix », « Les robustes femmes qui travaillaient dans les fermes en 14-18 sont appelées les poilus », « La personne qui a permis que l'école soit laïque, c’est Jésus ». En 15 ans de carrière, Olivier Marion, professeur d’histoire-géographie, a récolté les plus belles perles de ses élèves. Ces réponses surprenantes, souvent drôles, parfois absurdes, il les a réunies en un ouvrage original : « Louis XVI a perdu la tête » chez François Bourin Éditeur. Fou rire garanti.
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Olivier Marion a débuté sa carrière de professeur en 1996, dans un lycée de Clermont-Ferrand. Deux ans plus tard, il est muté dans un collège de la région. C’est là qu’il commence à collectionner les boulettes de ses élèves. De l’histoire (« Louis XVI a été arrêté en 1993 ») à la géographie (« Lille est la plus grande île du monde ») en passant par l’éducation civique (« EDF-GDF est un parti de gauche »), aucune de ses disciplines n’est épargnée.
Avec « Louis XVI a perdu la tête », le professeur d’histoire-géographie raconte une Histoire de France revue et corrigée par ses collégiens, et partage, par la même occasion, leurs perles les plus cocasses, étonnantes et décalées. Rencontre.

Terrafemina : Pourquoi avoir écrit ce livre ?

Olivier Marion : L’idée s’est imposée à moi assez naturellement. J’ai commencé à collectionner les perles de mes élèves dès le début de ma carrière, pour mon plaisir personnel d’abord. Puis, je les ai lues à mes proches qui, chaque fois, s’en amusaient autant que moi. Petit à petit, j’ai eu envie de partager ces copies drôles et surprenantes avec le plus grand nombre, sous la forme d’une Histoire de France revisitée.

TF. : Quelle est la réaction d’un professeur qui tombe sur des énormités, telles que celles que vous partagez, dans les copies de ses élèves ?

O. M. : Au début, on se remet immédiatement en question. On se dit : « c’est forcément de ma faute, je n’ai pas dû être suffisamment clair ». Et, bien que l’on reste persuadé d’avoir une part de responsabilité, on comprend au fil du temps, qu’il y a parfois des choses dans la tête de nos collégiens auxquelles on ne peut pas accéder, même avec la meilleure volonté du monde. Leur imaginaire est façonné par leur environnement familial, leur perception de la société, la télévision, etc.
Par exemple, il m’est arrivé de lire dans une copie que l’on pouvait trouver des pyramides dans les musées. Sur le coup, j’ai été décontenancé. Puis j’ai compris que l’élève en question avait fait l’amalgame avec la pyramide du Louvre.

TF. : Avez-vous essayé d’adapter votre manière d’enseigner à l’imaginaire de vos élèves ?

O. M. : La pédagogie d’un professeur évolue naturellement avec l’expérience. En effet, au fil des années, on prend du recul : on essaie de corriger le tir lorsque nos enseignements n’atteignent pas leur cible, et d’améliorer le reste. Malgré ces efforts, l’imagination des élèves est si dense que ces derniers mélangeront et transformeront toujours quelques bribes de leurs cours, quoi que l’on fasse.
Mais il ne faut pas généraliser. Sur le paquet de copies d’une classe, seule une minorité, environ 3 à 5 % des devoirs, révèlent des perles, pouvant aussi bien être l’œuvre d’excellents que de moins bons élèves. Personne n’est à l’abri d’une absurdité liée à quelques minutes d’inattention.

TF. : Quelle est la dernière perle sur laquelle vous soyez tombé ?

O. M. : Dans le cadre de l’épreuve d’histoire-géographie du brevet des collèges 2011, l’un des documents était une photo de la poignée de main entre le maréchal Pétain et Hitler, à Montoire, en 1940. Les candidats devaient répondre à deux questions : « Qui sont les deux personnages qui se serrent la main ? » et « Quel est le sens politique de cette poignée de main ? ». Sur l’une des copies, j’ai souri en lisant : « C’est le maréchal Pétain qui rencontre De Gaulle pour faire la paix ».
Très récemment également, j’ai appris que, pendant la Guerre Froide, « les USA et l’URSS se faisaient la guerre de manière… pacifique ».

TF. : Y a-t-il un message derrière ce livre ou votre unique but était-il de faire sourire ?

O. M. : J’ai réalisé ce livre avec le même objectif que lorsque je partageais ces perles avec mon petit cercle d’amis, celui d’amuser. Je suis content quand des lecteurs apprécient et m’avouent « avoir beaucoup ri ». Si, parallèlement, et grâce à mes corrections, certaines personnes peuvent apprendre ou réapprendre quelques détails concernant l’Histoire de France, alors c’est encore mieux.

« Louis XVI a perdu la tête », d’Olivier Marion chez François Bourin Éditeur. 166 pages. 14 euros.

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