Syrie : Rémi Ochlik et Marie Colvin, disparition de deux reporters surdoués

Publié le Jeudi 23 Février 2012
Les deux journalistes tués mercredi à Homs en Syrie n’étaient pas des amateurs en matière de reportage de guerre. Le photographe français Rémi Ochlik, 28 ans, et la journaliste américaine Marie Colvin, 56 ans, étaient deux caractères bien décidés à finir leur mission malgré les risques.
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Rémi Ochlik, 28 ans, et Marie Colvin, 56 ans, ont été tués à Homs en Syrie mercredi, lorsque des tirs d’obus se sont abattus sur le local qui leur servait de centre de presse. La veille, Rami al-Sayed, 25 ans, reporter citoyen pilier d’un réseau de journalistes activistes, qui filmait les évènements, avait été tué par un obus tombé sur sa voiture.

Le photographe français était sur place en commande pour Paris Match. Il y a quelques jours la direction lui avait demandé de rentrer, estimant certainement la ville de Homs trop dangereuse, mais celui-ci avait voulu rester sur place. Tête brûlée reconnue par ses pairs, Rémi Ochlik a couvert les évènements de 2004 en Haïti alors qu’il n’avait que 20 ans, il avait menti à sa mère en lui disant qu’il partait au ski. Il a couvert la guerre en RDC, le séisme et l’épidémie de choléra en Haïti, la bataille de Tripoli en Libye, pour des titres comme Libération, Le Monde Magazine, Time Magazine, The Wall Street Journal, etc. Jeune et surdoué, il a reçu de nombreux prix, notamment celui du World Press Photo dans la catégorie « Stories » pour son travail en Libye.
Marie Colvin, reporter pour le Sunday Times, couvrait les guerres depuis 25 ans. Elle était surnommée la « pirate » à cause de son œil perdu au Sri Lanka, alors qu’elle couvrait le conflit tamoul.

Le chef du service étranger du Figaro, Philippe Gélie, a également fait savoir que l’une de ses reporters avait été blessée aux jambes. Edith Bouvier, 31 ans, reporter du quotidien, fait partie des reporters blessés à Homs, épicentre de la contestation contre le régime syrien. « Nous nous efforçons d'organiser son évacuation », a indiqué M. Gélie à l'AFP, soulignant qu'il n'avait pas d'indication sur la gravité de ses blessures.

Le ministre de la culture Frédéric Mitterand a qualifié la mort des deux journalistes de « bouleversante », soulignant que ceux-ci avaient « été poursuivis alors qu'ils essayaient d'échapper aux bombardements ». Dans une déclaration à la presse, le président Nicolas Sarkozy a fait part de ses regrets : « cela montre combien la liberté d'informer est importante et combien le métier de journaliste peut être difficile et dangereux. Ca montre que maintenant ça suffit, ce régime doit partir il n'y a aucune raison que les Syriens n'aient pas le droit de vivre leur vie, de choisir leur destin librement ». De son côté le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a annoncé avoir demandé au gouvernement syrien « l'arrêt immédiat des attaques et le respect des obligations humanitaires qui s'impose à lui ».

Source : AFP
Crédit photo : AFP

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